chapitre trente

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Pierre

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Pierre.

Et Ambre se lime un autre ongle.

Pierre.

Et Ambre se pose du vernis comme pour se changer les idées, comme pour qu'il puisse quitter ses pensées. C'est presque impossible, il les habite depuis qu'elle l'a revue, deux semaines plus tôt.

Son téléphone sonne, Ambre l'observe les lèvres pincées sans jamais décrocher, c'est ce qu'elle fait depuis qu'elle est partie. Elle le laisse sonner la majorité du temps, ne répondant que rarement. Elle laisse les messages s'accumuler dans sa boite vocale, se laissant le temps de trouver du courage pour les écouter.

Aujourd'hui, les sonneries se succèdent et les appels de sa grande sœur restent sans réponses. Ils s'affichent simplement sur l'écran jusqu'au moment où les noms des monégasques prennent le relais.

Ambre ne décroche pas de la journée. Elle ne veut pas parler, pas aujourd'hui. Elle n'en a pas envie et préfère rester dans son lit à se refaire les ongles malgré les vibrations incessantes de son cellulaire.

C'est surement pour préparer l'anniversaire de sa sœur.

Elle finit par décrocher en apercevant le prénom d'Arthur afin d'avoir un peu de tranquillité. Ils ont tous décidés de l'agacer en cette fin de soirée n'ayant toujours pas compris son besoin de tranquillité en ces deux années.

- Vous vous êtes passés le mot pour me faire chier ! s'exclame-t-elle au combiné.

- C'est ton père, lâche le jeune homme.

Ambre se retient de s'agacer un peu plus. Il ne peut pas être un peu plus précis. La jeune métisse possède deux pères, il pourrait préciser lequel est concerné. Elle rétorque d'e voix sèche :

- Ludo ?

- Il est à l'hôpital, il vient de faire un AVC.

Ambre se redresse aussitôt sur son lit comme brûlée par ses mots. Elle ne saurait dire dans quel état se trouve le monégasque, lui qui a déjà connu une situation similaire. Elle l'assaille d'une dizaine de questions quant à l'état de son père adoptif :

- Est-ce qu'il va bien ?

Et Arthur n'a pas répondu, il s'est contenté de lui demander d'arriver au plus vite d'une voix étranglée et il a raccroché laissant la jeune métisse le cœur sortant de sa poitrine. Elle se maudit de ne pas avoir décroché plus tôt.

Elle se retient d'éclater en sanglots.

Elle se sent soudainement moins bien comme si c'était évident de traverser la moitié du monde en une fraction de seconde, comme si c'était simple de traverser l'océan Atlantique, de quitter Montréal pour revenir sur la principauté.

Après deux années.

Ses doigts manucurés frôlent son médaillon et Ambre à l'impression de perdre sa respiration face à la tentation survenant dans son esprit.

Elle ne doit pas craquer face à la douleur.

Elle ne doit pas céder face à l'appel de la liqueur.

Il revient parfois, dans les moments les plus opportuns, comme pour lui rappeler qu'elle est toujours à sa merci, malgré les jours passés sans avoir bu une seule gorgée.

Elle résiste en passant devant la zone dédouanée de l'aéroport.

En posant le pied sur le Rocher, Ambre observe rapidement la Principauté. Tout paraît différent, elle a l'impression de n'être qu'une étrangère alors que rien n'a changé. Elle voit simplement tout d'un œil différent depuis qu'elle est sobre depuis deux ans.

Les cheveux attachés en un chignon relevé, elle se rend immédiatement à l'hôpital demandant la chambre de l'homme qui lui a donné le seul nom de famille qu'elle s'est souvenue de porter un jour. Les mains resserrés autour d'un café, elle se hâte de se présenter devant la chambre et ses yeux arrêtent sur le monde présent face à elle.

Leurs yeux sont larmoyants, leurs regards sont déchirés de peur, de tristesse.

Et Ambre arrive avec toute sa maladresse.

Elle croise le regard de sa mère, celui de sa sœur, celui de Charles et le regard brisé d'Arthur. Il n'y a que de la tristesse alors qu'ils l'attendaient depuis tout ce temps, qu'elle revienne parmi eux. Elle ne s'attendait pas à revenir au pire moment.

Ambre ne réalise pas en rentrant dans la chambre, elle n'ose pas réveiller son père adoptif dormant les yeux fermés, sa poitrine se levant à l'aide d'un respirateur artificiel. Elle n'ose pas poser de question, elle n'ose pas le toucher par peur de le réveiller.

Elle reste quelques minutes à le fixer en pensant à tout ce qu'elle pourra lui dire à son réveil : les non-dits et les regrets qui ont précédé son départ vers le continent opposé. Ambre promet de s'excuser d'avoir claqué cette porte avec brutalité après s'être disputée avec lui.

En sortant de la pièce, elle n'aperçoit que lui.

Pierre.

Il surplombe le reste des personnes présentes par sa carrure imposante et son regard azur balaye la salle avant de s'arrêter sur elle. Il est le seul à se tenir droit comme un piquet, en aucun déstabilisé, seulement peiné par la tristesse qu'il partage avec Charles.

Pierre se tient debout près de son meilleur ami presque détruit par l'état d'un homme qu'il apprécie. Le monégasque doit se sentir cruellement mal tout comme son frère, en sachant qu'il considère Ludovic comme son deuxième père.

La métisse est déstabilisée, elle sent cette sensation brûlant son bas-ventre et elle baisse précipitamment les yeux. Son cœur dégringole dans sa poitrine face à ce regard bleuté rempli de regrets. Les souvenirs de cette histoire inachevée, qui n'avait pas réellement commencée, refont surface et sont aussi douloureux qu'un coup de couteau.

Pourtant Pierre ne la lâche pas des yeux. Son regard est attristé, elle ne l'a vu qu'une seule fois dans cet état. Elle s'en souvient comme hier.

Comment pourrait-elle oublier cette nuit où elle s'est souvenue ?

Comment oublier cette nuit où il pleurait ?

Comment oublier cette nuit où ils étaient brisés par des souvenirs exhumés ?

Ceux de son enfance.

Ceux de son ami disparu.

Elle plonge corps et âme à l'intérieur de cet océan bleuté pour n'y lire que la vérité, celle qui accable son cœur d'une douleur incommensurable. Il ne prononce pas un mot, mais c'est comme si elle lisait le nom de ce dernier sur les lèvres rosées du rouennais.

Jules.

Et Ambre comprend.

Elle comprend que son père ne se réveillera jamais.

Elle comprend que son père ne se réveillera jamais

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DÉPENDANCE » Pierre Gasly ✓Donde viven las historias. Descúbrelo ahora