chapitre vingt

767 74 63
                                    

- Tu me caches quelque chose, souffle-t-elle en sentant son regard bleu

Oops! This image does not follow our content guidelines. To continue publishing, please remove it or upload a different image.

- Tu me caches quelque chose, souffle-t-elle en sentant son regard bleu.

- Non, murmure-t-il. Tu ne te souviens pas de celle-ci ?

Ses doigts brûlants caressent doucement la peau de son ventre où une cicatrice apparaît. Il sait que la même cicatrice se trouve à l'opposé, derrière son dos et la jeune métisse secoue la tête, les lèvres pincées.

Et sans plus attendre, ses lèvres s'écrasent sur sa peau écorchée et Ambre aggripe les cheveux du brun pour empêcher à son bas-ventre d'imploser sous ces baisers fiévreux. Elle attire le visage du pilote plus haut pour l'embrasser avec avidité comme elle l'a fait durant une grande partie de la nuit.

Et elle est partie en le laissant avec des espoirs suite à ses aveux.

Mais Pierre est loin de se douter que l'alcool délie plus facilement sa langue, tout paraît plus facile à dire sous son emprise.

Elle a regardé son grand-prix puis elle est rentrée à Monaco, sortant dans toutes les soirées sur la principauté. Arrivant à la faculté avec une gueule de bois tous les matins, vivant comme un vulgaire pantin qui n'a pas le contrôle de sa vie en main.

Et face à son reflet qu'elle ne peut s'empêcher de trouver effroyable, Ambre repense aux doux du pilote quand il disait qu'il la trouvait belle. Ils sont nombreux à l'avoir dit mais tout cela paraissait plus important quand Pierre le disait en la fixant de son regard bleuté.

Quand son téléphone sonne et que son nom apparait des jours après, Ambre ne se retient pas de décrocher. Pierre pleure au combiné, sa voix est étranglée quand il murmure :

- Je voulais te dire que je t'aime.

- Qu'est-ce...

- La course ne s'est pas bien passée, avoue-t-il.

Ambre ne sait pas quoi répondre, elle se contente de lui demande quand est-ce qu'ils peuvent se voir, Pierre répond qu'il sera présent à l'anniversaire du monégasque.

La semaine est passée interminable jusqu'à ce qu'elle puisse enfin recroiser Pierre à cette soirée. Il a changé et son regard bleuté paraît attristé. Elle s'approche de lui pour partager une simple danse, en tendant de faire abstraction de ce désir maladif qu'elle a de l'embrasser.

- T'as menti la dernière fois, reproche-t-elle en riant.

- Je ne pouvais pas te dire avant l'annonce officielle.

- Je dois te féliciter alors ?

Un sourire narquois étire ses lèvres quand elle a prononcé ses mots en sentant ses mains aggriper ses hanches. Il acquiesce. Elle finit par se détacher de lui pour aller se servir un autre verre sous ce regard bleuté qui suit le moindre de ces faits et gestes.

Son regard s'arrête à travers la baie vitrée sur le balcon, elle y aperçoit deux corps dans l'obscurité de celui-ci. L'impression de déjà vu la frappe de plein fouet en voyant les mains baladeuse de cet inconnu se balader sous la robe de sa sœur.

Elle reste incapable d'agir à la fixer jusqu'au moment où Arthur traverse le balcon pour écarter cet homme de son aînée en criant :

- Pierre ! Dégage le ! Vas chercher Charles, s'il te plaît, dépêche-toi.

Elle reste paralysée en voyant le français sortir avec cet homme. Leur regard se croise un court instant et Ambre reporte ses yeux ténébreux sur le balcon.

Sa sœur recroquevillée contre le mur lui rappellent les gémissements qu'elle entendait la nuit, raisonnant dans toute la pièce.

Les lumières bleutées à l'intérieur lui rappellent les hurlements stridents des sirènes, raisonnant dans sa tête.

Cette douleur qui a fracassé ses côtes. Elle la ressent une nouvelle fois beaucoup plus intensément que la première fois dont elle ne se souvient pas.

Être transpercée de l'intérieur par cette barre de fer, hurlante de douleur.

Être glacée jusqu'aux entrailles par ce froid hivernal, pétrifiée de terreur.

Se boucher les oreilles encore.

Pour ne plus jamais entendre les bouteilles d'alcool que sa mère faisait tomber sur le sol. Pour ne pas entendre les claquements de portes lors de leurs disputes incessantes. Pour ne pas entendre les pleurs de sa sœur une fois la nuit tombée.

Se cacher les yeux encore.

Pour ne plus jamais voir son père dans le lit de sa sœur à travers l'obscurité de la chambre. Pour ne pas voir le sang de son corps tâcher un lapin violet à l'arrière d'une voiture. Pour ne pas voir le crâne explosé de sa mère contre le volant et la voiture encastrée dans un mur.

Et Ambre aimerait se boucher les oreilles et se cacher les yeux mais elle ne peut faire les deux à la fois. Elle reste pétrifiée face à ses souvenirs exhumés. L'impression de naître et l'envie de disparaître.

Elle voudrait que ça cesse, que les souvenirs arrêtent d'apparaître en flash dans sa tête. Elle voudrait que le calme prenne le dessus sur la tempête.

Seule alternative mourir.

Mais pour cela, il faudrait réussir à marcher pour se jeter par dessus le balcon et chuter, sans parachute. Il faudrait avoir assez de courage pour le faire, cette fois-ci, mais Ambre ne l'a jamais eu, ce n'était que des appels désespérés.

Elle étouffe de l'intérieur, elle aimerait se fracasser le crâne et hurler afin de purger son âme de cette noirceur afin de reprendre ce qu'ils ont volé.

Ils ont pris son enfance. Ils ont pris son innocence.

Ils l'ont extraite de son corps, ils l'ont aspirée par ses veines, ils l'ont violée sans même l'avoir fait.

Ils l'ont brisée.

Rendue dépendante aux substances que sa mère glissait dans son verre alors qu'elle n'avait que quatre ans.

Et Ambre tient le livre de sa vie entre ses mains. La première page n'est plus blanche. Elle est tachée d'encre noire si bien qu'Ambre n'apercoit plus rien excepté cette obscurité menaçante.

Les abysses.

Et ces deux yeux bleus ne sont qu'un Havre de paix, un océan de tranquillité qu'elle pourrait traverser à la nage sans crainte de couler. Elle avoue plongée dans ces derniers :

- Je me souviens.

Et elle aimerait juste sentir ses lèvres sur les siennes, en plus de ses bras musclés l'entourant pour une étreinte démesurée.

Pierre est son pansement.

Il empêche les saignements.

Et qu'est-ce qu'elle va souffrir quand il va s'arracher brutalement.

Et qu'est-ce qu'elle va souffrir quand il va s'arracher brutalement

Oops! This image does not follow our content guidelines. To continue publishing, please remove it or upload a different image.


:((

DÉPENDANCE » Pierre Gasly ✓Where stories live. Discover now