chapitre trente-deux

957 75 28
                                    

- Tu veux que je t'accompagne ? Qu'on y aille tous les deux ?

Oops! This image does not follow our content guidelines. To continue publishing, please remove it or upload a different image.

- Tu veux que je t'accompagne ? Qu'on y aille tous les deux ?

Ambre effectue un faible hochement de la tête, incapable de bouger et d'avancer vers la chambre blanche. Elle sent le bras musclé du pilote passé dans son dos, aggripant fermement sa taille comme pour qu'elle ne chute pas.

- Je ne te lâche pas.

Et Ambre acquiesce de nouveau face à cette promesse qu'il la soutiendra quoiqu'il arrive. Sans un mot, elle se met à marcher jusqu'à la chambre, elle pousse la porte et à la vue de l'homme allongé sur le lit, Ambre ne plus contenir ses larmes.

Elle tressaille une première fois, ses jambes tremblent tandis qu'elle s'approche, Pierre la soutient d'une poigne solide. La jeune métisse attrape sa main tiède dans la sienne, sa peau métissée contraste avec les draps d'une pâleur blanche.

Cette couleur paraît froide, inhabitée.

Les traits de son visage marqué par l'âge sont apaisés. Son père a les yeux clos. Ambre pourrait presque croire qu'il dort mais Ludo est mort, sans aucun cheveux blanc sur son crâne brun.

C'est si injuste.

Alors qu'elle tient encore sa main tiède dans la sienne, elle aimerait lui hurler de réveiller. Sa gorge est étranglée, elle ne parvient à articuler aucun mot alors qu'elle ne souhaite que demander pardon, et le remercier d'avoir sauvé sa vie en l'acceptent comme sa fille, en lui donnant son nom de famille.

Ambre finit par s'éloigner après avoir murmuré, aux creux de son oreille, quelques mots avec difficulté. Sa main lâche la sienne et elle observe un médecin appuyésur un simple bouton, sa poitrine finit par s'arrêter de se soulever.

Il est vraiment mort et ça lui retourne les entrailles.

Elle n'ose pas imaginer la suite, ce qu'il se passera après. Elle n'ose pas imaginer que les médecins vont l'ouvrir tout entier, pour prélever ses organes et qu'ils vont le refermer, comme une vulgaire poupée racommodée.

Comme un lapin violet.

Ses yeux s'arrêtent sur ce dernier que sa sœur tient contre son ventre arrondi. Ambre regarde cette stupide peluche avec un goût amer par dessus son épaule. Cela ferait bien longtemps qu'elle l'aurait balancée aux ordures, mauvais souvenirs de cette enflure.

Améthyste est assise sur une chaise. Elle est un peu moins anesthésiée par la vie ces temps-ci, pourtant son aînée ne pleure pas contrairement à Ambre. Et Ambre se sent stupide de sangloter depuis qu'elle est rentrée dans la pièce pour faire ses adieux.

Elle se sent si faible.

Et une autre page de sa vie se tourne, encore une fois. Elle est plus claire que les précédentes, parsemées de tâches noires et se terminant par un cri du désespoir.

Ambre quitte précipitamment la chambre aux côtés du rouennais, ses mains s'agrippent fermement à son pull tandis qu'elle se loge dans le creux de ses bras. Une étreinte démesurée tandis qu'elle laisse couler ses larmes, respirant son odeur musquée.

- C'était pas à lui de partir, murmure-t-elle.

Elle en veut au monde entier en pensant qu'une autre personne aurait mérité de crever. Celui qui a foutu sa vie en l'air, celui qui l'a laissé avec sa mère alcoolique, celui qui a laissé des horreurs dans sa tête, qui a laissé une tempête de souvenirs meurtrière.

Celui qui observait sa mère mettre de l'alcool dans son verre en rigolant alors qu'elle n'avait que quatre ans.

Celui qui l'a rendue dépendante.

Et Ambre a peur de ne jamais se remettre de cette épreuve, elle a peur de replonger, voilà pourquoi elle reste fermement accrocher au rouennais durant la soirée, comme une moule à son rocher, par peur de tomber dans les flots face à tous ces maux.

Leurs corps ne se lâchent pas, attirés par cette alchimie qui les lie et qui ne les a jamais quitté. Elle laisse sa tête posée sur son torse tandis qu'il l'entraîne dans cette danse lente et rythmée, au milieu de cette soirée, comme pour s'échapper de la réalité le temps d'un instant. Il n'y a pas d'obscurité seulement des lumières colorées éclairant de temps à autre sa peau métissée.

Elle l'observe terminer son verre d'alcool en posant ses lèvres rosées sur le bord, il ne la lâche pas en laissant toujours sa main posée sur sa hanche.

Un rictus étire ses lèvres quand il constate qu'elle l'observe avec attention et Pierre ne peut s'empêcher de toucher ses boucles du bout des doigts. Il sourit aussitôt en sentant le doux contact de ses cheveux contre sa peau et Ambre questionne :

- Qu'est-ce que t'as ?

- J'aime beaucoup tes cheveux comme ça.

Elle baisse les yeux pour fuir son regard bleuté, se sentant beaucoup trop déstabilisée. Les doigts du pilote se posent sur son médaillon, pendant autour de son cou, sa peau frôle la sienne et elle frissonne sous cette décharge électrique.

Des aimants.

Des amants.

Et Ambre sent son cœur rater un battement.

- Ça fait combien de temps que t'es sobre ?

- C'est ma résolution de deux-milles vingt-trois.

- Et ta résolution de deux-milles vingt-quatre, c'était quoi ?

- Et la tienne ?

Et Pierre ne répond rien, il se contente de poser ses mains sur ses hanches pour ramener la jeune métisse vers lui. Ambre passe ses mains derrière sa nuque, elle sent le souffle du normand quand il murmure doucement :

- J'aime beaucoup cette musique.

- Joe Dassin ?

Il acquiesce en murmurant que cette musique un peu plus de son enfance que de la sienne. Pierre murmure les paroles qu'il a l'air de connaître par cœur au creux de son oreille.

- A toi, à la petite que tu étais, à celle que tu es encore souvent.

Sa barbe picote sa peau métissée et Ambre sent qu'elle perd un peu plus pieds tandis qu'il continue de murmurer :

- À ton passé, à tes secrets et à tes anciens princes charmants.

Ambre comprend que ça ne change rien en sentant les lèvres du pilote se poser sur sa joue et un soupir de soulagement s'échappe de ses lèvres en sentant son étreinte se faire un peu plus pressante durant cette danse. Elle se question à haute voix.

- Des âmes qui se sont aimées une nuit sincèrement se quittent-elles un jour réellement ?

Sa voix n'est qu'un souffle et elle sent le regard bleuté de Pierre se poser sur elle. Il a le cœur sortant de sa poitrine tandis qu'elle continue de le fixer de ses yeux ténébreux, une lueur avide au fin fond de ses pupilles dilatées, il déclare d'une voix suave :

- A toi de me le dire.

- A toi de me le dire

Oops! This image does not follow our content guidelines. To continue publishing, please remove it or upload a different image.
DÉPENDANCE » Pierre Gasly ✓Where stories live. Discover now