-Je lui ai demandé pourquoi je ne l'avais jamais vu à un Grand Prix... elle a rigolé et elle n'a pas répondu, Carlos fait la moue, et il est surpris de voir Charles éclater de rire.
-T'es vraiment pas observateur, ma parole. Tu n'as pas remarqué que...
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Carlos Sainz est une personne très organisée.
L'année dernière, pour son anniversaire, sa mère lui a offert un calepin de feuilles détachables pour faire des to-do lists. Il a trouvé ça merveilleux, et depuis, il remplit ces feuilles avec beaucoup de sérieux dès que l'occasion se présente.
En ce premier décembre, justement, le calepin est de sortie : dessus figure la liste des affaires qu'il ne doit pas oublier pour son séjour dans un châlet à la montagne avec Charles et Charlotte.
Il ne se souvient plus à quel moment son coéquipier à commencer à mentionner l'idée. Charles a toujours plein de projets qui ne voient jamais le jour, alors Carlos n'a pas trop prêté attention à ses mots. Puis, au fur à mesure de la saison, l'idée a semblé se concrétiser. Charles lui envoyait des liens de logements et proposait des dates. Lui disait d'en parler à Isabelle. Petit à petit, Carlos a réalisé que le monégasque était sérieux et investi dans l'organisation de ces vacances, et qu'il pouvait commencer à se projeter.
Isabelle était partante, les dates convenaient à tout le monde, le logement a été choisi. Tout était prêt dès le mois d'octobre, alors que la saison de Formule 1 était toujours en cours. Carlos, en bonne personne organisée, savait à quoi sa vie allait ressembler durant les quatre prochains mois.
Jusqu'à ce jour, début novembre, où Isabelle a sonné sa porte pour lui annoncer qu'entre eux, c'était terminé.
Carlos ne s'y attendait pas. Planté devant sa porte, il n'avait pas su comment réagir. Une partie de lui, la plus grosse, était triste. Il voulait lui proposer d'entrer, de boire quelque chose et de s'expliquer. Une petite partie était trop en colère pour ça. Elle l'avait quitté sur le pas de la porte, elle pouvait y rester. Il n'avait pas eu d'explication, parce qu'elle avait tourné les talons et était partie. Comme si elle ne venait pas de briser le cœur de quelqu'un, comme si elle avait simplement déposé un papier sans importance.
Il n'a pas eu de nouvelles pendant deux semaines, puis elle lui a écrit le message le plus impersonnel du monde pour le prévenir qu'elle ne viendrait pas au séjour au châlet. Sans blague, a pensé Carlos, et il a presque eu envie de rire en l'imaginant débarquer. Il était soulagé qu'elle comprenne. Elle pouvait rester amie avec Charlotte si elle voulait, ça n'était pas son problème. Mais il ne voulait pas y être mêlé.
Alors, en ce premier décembre, presque un mois après la rupture, il ne sait pas vraiment à quoi il doit s'attendre pour ces vacances. Charles et Charlotte, et lui. La cinquième roue du carrosse. Il sait qu'il peut leur faire confiance pour se comporter correctement et l'inclure dans tout, mais il ne peut s'empêcher de se dire qu'il va être de trop.
Lorsqu'il saisit son stylo pour ajouter qu'il ne doit surtout pas oublier son chargeur de téléphone, celui-ci se met à vibrer. Un appel de Charles. Carlos ne prend même pas la peine d'imaginer ce qu'il peut bien avoir à lui dire, et répond immédiatement.
-Hey, je te dérange ?
-Non, je fais ma valise. Tout va bien ? Tout est ok ?
-Ouais, ouais. Je t'appelle juste pour te demander un truc. La meilleure amie de Charlotte vient de se faire larguer... du coup Charlotte voudrait bien l'inviter au châlet avec nous. Elle voudrait savoir si t'es ok.
Carlos hausse les épaules, bien que Charles ne puisse pas le voir.
-Bah, moi, ça me dérange pas.
-Super. Je la préviens tout de suite. Merci, Carlos.
Ce dernier hausse à nouveau les épaules. En raccrochant, il réalise que la dynamique du séjour vient de prendre un tout nouveau tournant. Charles et Charlotte, lui, et une inconnue.
