-Je lui ai demandé pourquoi je ne l'avais jamais vu à un Grand Prix... elle a rigolé et elle n'a pas répondu, Carlos fait la moue, et il est surpris de voir Charles éclater de rire.
-T'es vraiment pas observateur, ma parole. Tu n'as pas remarqué que...
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-Regardez ! chuchote Déva. Là-bas !
-C'est une biche ? Un renne ? Un daim ?
-Tu vas nous faire toute la famille, Charles ? râle Charlotte.
-J'essaie de m'éduquer !
Carlos observe l'animal en silence. Quand Déva a annoncé qu'elle avait trouvé une randonnée avec des animaux, il avait peu d'espoir qu'ils en voient.
-On continue ? demande Charlotte, et tout le monde hoche la tête.
-On a presque terminé, annonce Déva, qui est devant depuis le début. Il reste quelques mètres.
Carlos fronce les sourcils en la voyant tendre ses bras, comme si elle avait besoin d'aide pour rester sur ses appuis.
-Déva, lance Charlotte sans y mettre aucun ton, et elle soupire. Charles, ça clignote vert ou pas ?
Carlos comprend immédiatement qu'elle fait référence à son implant. Le monégasque secoue la tête.
-Nan. Éteint.
Charlotte se place devant Déva, les bras croisés.
-Tu comptes nous dire quand que tu nous entends pas ?
Déva ne répond pas tout de suite, et elle finit par dire :
-J'ai oublié mes piles.
Le visage de Charlotte s'adoucit.
-C'est pas grave. On va se dépêcher de finir.
Elle lui tend sa main, que Déva accepte. Le retour à la voiture se fait dans le silence, et une fois à l'intérieur, Charlotte souffle.
-Bon, on rentre direct. Je vais derrière avec Dév, pour pouvoir signer.
-Tu sais signer ? s'étonne Carlos, et Charlotte hausse les épaules.
-Pas très bien. Ma grammaire est complètement foireuse mais Déva sait me comprendre.
En rentrant au châlet, Carlos réalise à quel point il est exténué.
-Je monte prendre une douche, annonce-t-il.
-Attends, tu peux accompagner Déva en même temps ? Il faut que tu l'aides un peu dans les escaliers parce qu'elle n'a pas toujours tout son équilibre quand elle n'entend rien.
Carlos acquiesce et tend son bras à Déva. Elle sourit et s'accroche.
-Merci, dit-elle, et Carlos s'en veut un peu de trouver la situation frustrante.
Elle peut communiquer avec eux, mais pas l'inverse. Si elle ne lisait pas sur les lèvres, elle n'aurait aucun moyen de les comprendre.
-C'est bon, merci Carlos, sourit-elle une fois les piles changées, et il hausse les épaules.
-Ça va ?
-Oui, ça va. Désolée d'avoir oublié mes piles... bientôt 22 ans et pas capable de me souvenir de prendre ça.
-On devrait tous savoir signer. Dans le monde.
Déva sourit.
-Oui, peut-être. Je ne sais signer qu'en français de toute façon... il faut juste que je fasse attention. Heureusement que j'étais avec vous.
La conversation se termine sur ces mots. Déva le remercie à nouveau et il la laisse pour aller prendre sa douche.
Une fois sous l'eau, il s'autorise à repenser à ce qu'elle a dit. Vingt-deux ans. Il a peur d'avoir une quelconque pensée, comme si on pouvait l'entendre et lui reprocher d'avoir été trop loin. Elle a vingt-deux ans et il en a vingt-huit. Six ans d'écart. Peu et beaucoup en même temps. Si on lui reproche d'être avec une femme trop jeune, qu'est-ce qu'il pourra dire pour sa défense ?
Il finit par secouer la tête pour chasser ses pensées. Déva ne semble pas montrer le moindre intérêt pour lui. C'est une voie sans issue.
