365 jours avec toi

7| Sauvée par le gong! (Ou plutôt par Conrad...)

Je n'ai pas la prétention de prétendre être une personne bien. Pourtant je ne suis pas une mauvaise personne non plus, je n'ai jamais fait de mal à qui que ce soit, ni désobéis aux règles du Karma.

Alors je me demande comment ça se fait qu'il m'arrive autant de misères.
Le cancer, passe encore, mais le harcèlement scolaire additionné à la haine que j'inspire aux personnes comme les 2B... ça je ne comprends pas. J'en n'ai pourtant rien fait de mal, je ne les regardais même pas avant qu'un jour Brittany se moque de mes affaires, et que Brad me pousse violemment sur les casier devant tout le monde.
Et ce sans aucune raison.

Je me suis dit un jour que ça devait être ma tête qui ne leur revenait pas, ce qui est fort probable, même si j'en ignore la raison précise.
Le fait est que je ne suis qu'une petite brunette pâle et sans intérêt pour quiconque, mais j'avais osé espérer qu'à notre âge nous apprenions enfin à prendre le temps de découvrir la partie submergée de l'iceberg. Ou tout simplement de vivre indifféremment à une personne au lieu de lui mener la vie dure.

La sonnerie retentit pour la énième fois de la journée à mesure que je vois de plus en plus le bout du tunnel. Il est 14h30 et je termine les cours dans une heure.
Plus qu'une heure de bio.

Je soupire malgré moi en rejoignant mon casier pour prendre ma blouse et mes gants, car aujourd'hui nous faisons des expériences... j'espère que personne n'en profitera pour me jeter de l'acide à la face.

La recréation n'étant pas encore terminée, les couloirs sont pratiquement vides. Il fait encore trop beau pour rester cloîtré dans un bahut toute la sainte journée. Sauf que, comme je n'ai personne avec qui traîner, je ne vois pas bien ce que je foutrais dehors. Surtout si je dois y croiser Brittany ou Brad.

Emily et moi ne sommes plus si proche finalement, même si nous ne l'avons jamais tellement été, mais elle s'est trouvée un petit copain, du coup on ne se voit plus... du tout.

Je ferme mon casier et me dirige vers la salle de classe, ma blouse sous le coude. Sauf qu'au moment où j'entre, je suis interrompue dans mon élan par une voix grave et une autre plus fluette qui discutent à l'intérieur.

Je ressors précipitamment et reste à l'abris des regards sur le côté de la porte. Ils ne m'ont pas vue.

"Tu n'as pas le choix. Il est impératif que tu suives ce cours de bio, et de toute façon il n'y a plus de place nulle part ailleurs."

"Je ne peux même pas changer de place?"

Aïe. C'est la voix de Conrad...

"Non."

Un soupire, puis j'entends une chaise grincer, signe qu'il s'est assis.
Je ne reviens pas de ce que je viens d'entendre. Conrad suppliait presque le prof de changer de cours, ou de place! Tout ça dans le but de ne pas être près de moi. Il est vraiment atteint, le pauvre. Je ne savais pas que je pouvais attirer autant le dégoût ou la haine gratuitement... et ça me blesse, quelque part.

Après m'être remise et avoir repris une contenance, je passe le pas de la porte en tachant de faire comme si je n'avais rien entendu.

En fait, vous saviez que l'on pouvait écrire "Connard" avec les lettres du prénom de Conrad?

Je dis bonjour au prof puis prends place à ma place habituelle, à côté d'un Conrad inexpressif et franchement impoli qui ne me dit même pas bonjour. Cependant, comme je m'étais solennellement promise de prendre plus d'assurance, je ne me laisse pas abattre et fait comme si de rien n'était.

"Salut." Je dis poliment. Car certes, je n'aime pas ce gars, mais ma mère m'a donnée une éducation que je compte bien honorer jusqu'à ma mort.