365 jours avec toi

15|Libre ?

"Ça te dirais de venir avec moi en promenade ?"

Je regarde Conrad, dubitative, me demandant d'où pourrait bien lui venir cette idée.

"Hum... pourquoi ?"

"Pourquoi pas ?"

Son sourire est si communicatif que mes lèvres s'incurvent malgré moi.

"Je ne sais pas..." Il élargit son sourire et là je craque, "D'accord..."

"Tu vois, quand tu veux."

"Quand je veux quoi ? Finis ta phrase !"

"Quand tu veux tu peux agir comme une fille de dix-sept ans et non comme une mamie."

Je frappe son épaule en riant en dépit de ma conscience qui se sent légèrement vexée, "Hey ! Ne te moque pas, je sors de chez moi de temps en temps..."

Il rit, "Ah oui, et où ça ?"

"Et bien, je fais des balades à cheval avec Pablo." Je tente de m'en sortir coûte que coûte mais je sens qu'il sait déjà qu'il m'a eue.

Il a raison, évidemment. Je n'ai rien d'une fille de mon âge, pas d'amis, pas de vie sociale ni ne sors de chez moi.

Il soupire, "Mia, quand je dis «sortir» je veux dire en dehors de chez soi, avec des amis ou..."

"Je n'ai pas d'amis." Je rétorque en levant les yeux au ciel.

"Et moi je suis quoi alors ?"

"Tu es... toi."

"Moi ? Que veux-tu dire ?"

"Je veux dire que tu es sur la voie pour être mon ami, mais que tu ne l'es pas encore vraiment." je réponds en haussant les épaules.

"Alors je suis près du but ?"

"Exactement." je dis en souriant.

Il sourit sincèrement et je me prends à nouveau à contempler ses fossettes follement mignonnes. Ça adouci quelque part le personnage si grand et sombre que Conrad peut laisser paraître. Avec ses 1m92 -oui, je lui ai demandé- et son expression parfois pas très affable, il véhicule l'image du gars inaccessible et froid, pourtant ils suffit qu'il ouvre la bouche ou sourit, et là on a l'impression de faire face à un grand enfant. Il commence dangereusement à me plaire, pas seulement sur le plan physique, mais aussi intérieur, j'ai le sentiment que c'est une personne bien.

Le car fait halte à son arrêt et il est temps de nous quitter. Il se lève, et à ma surprise, me fait un baiser sur la joue avant de quitter le car. Je reste un moment tétanisée par ce nouvel élan d'affection dont je ne suis pas habituée. Encore une fois, aucun garçon n'a eu ce comportement avec moi, car étrangement, j'ai toujours repoussé la gent masculine, la considérant trop dangereuse pour moi. J'ai beau paraître forte extérieurement par rapport à mon caractère, mon cœur n'en est pas moins fragile et vulnérable.

Le reste du trajet jusqu'à chez moi me permet de remettre de l'ordre dans mes pensées quelque peu chamboulées par tous ces récents événements. Pour beaucoup de personnes il semblerait que rien ne se soit passé dans ma vie, seulement pour moi, cette nouvelle amitié avec Conrad marque une sorte de nouveau départ, ou encore la renaissance de moi, Mia.

Jamais je n'aurais pensé céder aussi aisément à son charme et sa personnalité si profonde et entière. Mais quelque part je le sens tellement sincère que je sais que je ne le regretterai pas. Il est ce qu'il est, un peu taquin et parfois lourd sur les bords, mais je sais quelque part au fond de moi qu'il est vrai... en tout cas bien plus qu'il ne l'est avec ses amis au lycée. Une petite voix en moi me susurre qu'il n'est pas aussi superficiel et indifférent qu'il ne paraît l'être lorsque nous ne sommes pas seuls, car lorsque nous le sommes, j'ai le sentiment de vraiment faire face à Conrad. Le vrai.