19| Cœur ou raison ?

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Je détaille chaque millimètre carré de son beau visage, sans même me rendre compte que mon souffle est resté coincé dans ma gorge. C'est la première fois que quelqu'un pense à moi, et surtout, soit si attentionné envers moi, à part par mère. Et ce quelqu'un c'est Conrad Storm. La dernière personne à laquelle j'aurais pensé qui me surprendrait de cette manière.

"Pour moi ?" Je murmure encore sous le choc.

Il ricane, "Qui d'autre que toi ? Le poisson mort dans l'eau derrière ?"

Je souris, "Je ne t'aurais jamais suspecté d'être si attentionné... C'est..."

Je sens malgré moi mes yeux s'embuer et je maudis ma foutue sensibilité.

"Je crois que tu devrais souffler avant que la flamme s'éteigne." Murmure Rad en approchant le petit cupcake de mon visage.

Évidemment mes pensées macabres refont surface lorsque je m'entends penser «Elle va s'éteindre comme moi...» mais je repousse ma conscience du revers de la main en soufflant sur la bougie, et fais un vœu.

"Tu as fait un vœu ?"

"Oui."

Mon dieu, protège-le. Fais qu'il réalise que je ne suis rien et qu'il s'en aille, loin de moi, loin de mes problèmes. Loin de ma mort.

Il sourit et repose le gâteau dans la boîte en carton avant de me serrer dans ses bras, encore nu et seulement vêtu de son boxer. Mais étrangement je ne me sens pas le moins du monde mal à l'aise. Au contraire, je ne me suis jamais sentie autant en sécurité et confortable de ma vie.

Lorsqu'il s'écarte j'ai l'impression qu'il enlève dans la même foulée une partie de moi-même; j'ai froid et le soleil commence à s'enfuir derrière l'horizon. De ses longs doigts ils coupe le cupcake en deux et m'en tend une moitié.

"À toi." Il murmure en me regardant dans les yeux.

Je m'en empare, puis le mets dans ma bouche... Et il s'avère que ce beau petit gâteau est complètement immangeable.

"Où l'as-tu acheté ?" Je demande en grimaçant.

Il éclate de rire en prononçant difficilement entre ses rires, "Je l'ai fait..."

Je joins mon rire au sien, pas le moins du monde gênée de me moquer du goût terrible de son cupcake qui avait l'air si bon avec son glaçage bleu... Pourtant une petite partie cachée au fond de moi vient de se réveiller à ses mots «Je l'ai fait»... Il a pris la peine de faire ce gâteau pour moi. Il est certes écœurant, mais ne sont-ce pas les intentions qui comptent ?

"Rad, c'est vraiment dégueulasse !" Je dis, secouée par des spasmes à cause de mon fou-rire.

"Merde t'as raison..." Il dit en jetant le bout qui lui restait dans l'eau.

Je fais de même, pas vraiment concernée par la mort imminente des pauvres poissons vivant dans l'eau.

"Tu pleures..."

"Quoi ?" Je regarde Rad qui me toise avec une soudaine inquiétude.

Je pleure ?

Il approche une main de mon visage et, de son pouce, essuie une larme qui roulait sur ma joue. Évidemment il a fallu que nos visages soient aussi proches qu'il ne l'est possible... je suis assise juste devant lui, mes jambes passées par-dessus l'une des siennes, ce qui fait que mes fesses sont juste posées entre ses jambes. Ses yeux scrutent les miens avec tant d'intensité que j'ai le sentiment de fondre. Sa main est toujours sur ma joue, à présent me tenant de la même manière que s'il s'apprêtait à m'embrasser, son pouce me caressant toujours aussi tendrement la pommette... et je lutte si fort contre moi-même que j'en ai mal. Mal au cœur.

365 jours avec toiWhere stories live. Discover now