21| Triste vérité

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Une odeur désagréable brûle mes narines sensibles et la lumière qui traverse la peau fine de mes paupières me les fait serrer aussi fort que possible. Les Bip insupportables résonnent inlassablement dans ma tête et en ce moment je ne pourrais guère me sentir plus mal, ma tête semble sur le point d'exploser et mon corps, mes membres sont si lourds que je ne parviens pas à bouger.

Lorsque j'ouvre mes yeux, la première chose que je rencontre est le plafond blanc et la lumière qui, bien que légère, semble me brûler la rétine. D'après mon expérience accrue en hôpitaux, je peux déduire par les odeurs d'alcool et d'un je-ne-sais quoi de familier que je suis dans une chambre d'hôpital.

Après une lutte acharnée contre mon propre corps, je parviens à légèrement tourner la tête vers la gauche pour voir si ma mère est là, mais c'est avec un immense choc que je vois qu'il s'agit de Conrad, et qu'il est profondément endormi sur la chaise plus qu'inconfortable à côté de mon lit.

Pourquoi est-il là ? Et s'il est là c'est qu'il est forcément au courant de mon état de santé.
Oh non... Je ferme fort les yeux et essaie de passer outre le vertige qui me prend soudainement d'assaut. J'avais pourtant tout fait pour qu'il ne sache pas ce que j'avais, mais il semblerait que ça ait été vain.
Je réussis très difficilement à rassembler les bribes de souvenir de mes derniers instants consciente, et ce qui me revient me percute aussi violemment qu'une boule de démolition.

Brad... Moi... Mes pleurs et mes appels à l'aide. Et Conrad.

Il m'a sauvée.

Je reporte mon regard sur mon héros qui ronfle doucement, sa tête légèrement en arrière sur le dossier de la chaise, et je voudrais lui parler, l'appeler, mais rien ne vient. Ma gorge est aussi sèche que le désert du Sahara et mes membres aussi lourds que du béton. Je suis incapable de faire quoi que ce soit.

"Conrad." Je croasse de manière quasi inaudible, "Rad." je parviens à prononcer plus fort.

Il cligne des paupières tandis que je repose ma tête sur le coussin une fois ma mission accomplie. Après une seconde le temps d'émerger, il semble prendre conscience de l'endroit où il se trouve et porte machinalement ses yeux sur moi. Et l'expression de soulagement et de joie qu'il affiche sont bien difficiles à décrire.

"Mia !"

Il se lève précipitamment de son siège et m'agripper la main de telle manière que si j'étais sa bouée de sauvetage, et je ne remarque que maintenant à quel point sa mine est crispée et angoissée, véhiculant une expression de pure inquiétude.

"Comment tu vas ? Tu te sens mieux ? Tu as mal quelque part ?"

Ses questions me donnent mal au crâne, s'il continue je vais devoir lui dire de se taire pour éviter que je replonge... Pourtant le doux son de sa voix rendue rauque par le sommeil et la cigarette m'apaise étrangement. Car je ne me sens plus seule.

"Je peux avoir de l'eau ?" Je chuchote désormais, incapable de faire vibrer mes cordes vocales.

"Bien sûr." Il dit en remplissant rapidement un verre sur la petite commode près de moi à l'aide d'une carafe d'eau.

Comme je suis toujours incapable de bouger, Conrad met une main derrière ma tête et me la soulève doucement, puis porte le bord du verre à mes lèvres, me faisant boire comme si j'étais un petit chaton abandonné. C'est fou comme son toucher, sa présence me fait me sentir mieux.

Une fois ceci fait il repose doucement ma tête sur l'oreiller et le verre sur la table tandis que je le remercie fébrilement, mais reste debout près de mon lit sans se rassoir. Il ne sait visiblement pas trop quoi faire de lui-même.

365 jours avec toiWhere stories live. Discover now