365 jours avec toi

23| 200 chevaux

Je me sens si bien... Pour la première fois depuis des lustres, je me sens vraiment bien.

J'ai chaud et je suis pour ainsi dire coincée dans un nœud de bras et de jambes, mais je suis comblée de joie. Conrad s'est agrippé à moi comme un rosier sur un bout de bois, ses bras autour de ma taille, ses jambes autour des miennes, et sa tête posée contre ma poitrine. Il est si adorable comme ça que je sais que je ne le réveillerai pas tant que je peux le contempler dormir, même si ça dure l'éternité.

Mes doigts se nouent dans ses cheveux aussi noirs que le charbon, aussi doux que la soie, et mes yeux humides d'émotions le couvent de tendresse. Cette dernière semaine n'était pas de tout repos, vivre à l'hôpital n'est pas non plus agréable, et pourtant il est resté. Il est resté toute la semaine. Heureusement, ma mère avait été faire quelques courses pour lui, afin qu'il puisse se brosser les dents et se changer. Il se douchait dans la petite salle de bain de ma chambre, et mangeait même avec moi, à la cafétéria.

Comment est-ce possible de consacrer autant de temps pour une personne comme moi ? Il aurait dû aller en cours, voir son père, sortir pour prendre l'air et se changer les idées... Mais non, il ne m'a pas quittée un seul instant.
Quand je regarde son visage paisiblement endormi et la manière dont sa bouche entrouverte expire puis inspire de l'air, je le trouve si beau et si fantastique que j'en ai le souffle coupé.

Je dépose un léger baiser sur son front, puis le bout de son nez, et lorsque mes lèvres frôlent les siennes, ses yeux se mettent à papillonner et un sourire adorable fend son visage. Je souris en retour lorsqu'il presse sa magnifique bouche contre la mienne et qu'il me fait basculer sur lui, de manière à ce que je le recouvre de mon frêle corps. Notre baiser provoque un tas de sensations que je qualifierais de magiques, nouvelles et tellement délicieuses que je pourrais continuer pendant l'éternité. 

Nos langues se trouvent et ses mains caressent la peau nue de mon ventre sous mon t-shirt tandis que les miennes fourragent dans sa chevelure indisciplinée. C'est juste incroyable.

"Le meilleur réveil de toute ma vie." Il murmure contre mes lèvres tandis que nous reprenons nos respirations.

Je glousse telle une jeune adolescente et dépose un dernier baiser sur ses lèvres avant de rouler sur le côté pour me lever du lit.

"Tu vas où ?"

"Il est 11h et il fait beau dehors, alors j'aimerais qu'on profite de la journée... Sauf si tu comptes rentrer chez toi."

Il me regarde et sourit en secouant la tête tandis que ses grands bras m'attirent vers lui, me faisant tomber sur le lit à ses côtés.

"Je ne vais nulle part. J'y suis, j'y reste."

"Et le lycée ? Ton père ? Tes-"

"Je vais me débrouiller sans." Il m'interrompt en ne perdant pas son sourire adorable du matin, avec ses cheveux tout ébouriffés et sa gueule d'ange.

Ce garçon est-il vraiment avec moi ? Quand je le regarde j'ai du mal à y croire.

*

Finalement c'est l'odeur de cookie au beurre de cacahuète qui nous sort du lit. Ma mère nous attend bien évidemment dans la cuisine, d'où nous provient une chaleur et une odeur réconfortante de pâtisserie. Conrad me prend la main et me sourit tandis que nous y entrons sous le regard avenant et surtout pas discret de maman. Elle a le même regard que quelqu'un qui vient de gagner au loto. Mais j'imagine que ça doit revenir au même pour elle, car les chances que je tombe amoureuse étaient... infiniment petites.

"Bonjour les jeunes." Elle nous gratifie d'un sublime sourire lorsque nous entrons dans la pièce.

"Bonjour Anna." Répond Rad sur le même ton.