Chapitre 10 - AVA

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Jehanne nous accueille à la grille du château, un sourire légèrement crispé sur les lèvres. La nuit est tombée depuis longtemps déjà et nous avons dû rouler au moins deux bonnes heures pour revenir jusqu'ici. Le son d'une musique bien trop forte résonne dans l'obscurité et les voix des habitants du lieu parviennent jusqu'à nous.

— Mais combien sont-ils à vivre ici ? Marmonné-je en descendant de la moto.

— Seulement une dizaine d'hommes et de femmes. Les plus proches et dignes de confiance. Mais il y a aussi des hôtes qui vont et viennent régulièrement. Me répond Max en s'approchant de Jehanne.

— Vous devez aller voir Duncan, immédiatement. Il vous attend depuis des heures et je peux vous garantir que sa patience a atteint sa limite.

Je me tends aussitôt. Un Alpha en colère ça n'a rien de bon. Je ne suis pas au fait des mœurs de ce monde, mais en général, lorsqu'un dirigeant est à bout de patience, c'est mauvais signe.

— Où est-il ? S'enquit Max en prenant ma main dans la sienne pour m'apaiser.

— Dans ses appartements...

Mon compagnon hoche la tête et nous conduit jusqu'au dernier étage de la tour principale du château.

— Ne t'inquiète pas, tout ira bien. Chuchote-t-il avant de toquer à la porte et de pénétrer dans un grand salon où un canapé et des fauteuils club sont dispersés dans la pièce pour offrir différents lieux de détente à ses utilisateurs. Duncan est debout devant une des hautes fenêtres de la pièce et semble absorbé dans la contemplation du paysage nocturne.

— Je me demandais si vous alliez revenir. Lance-t-il en se retournant.

— Ne sois pas stupide Duncan.

Max ricane alors que son frère fixe nos mains enlacées. Mon cœur s'affole et le regard que me lance l'Alpha à ce moment-là réveille ma louve.

— Maxence, sors. Gronde-t-il en faisant un pas vers nous.

Les deux hommes se jaugent et je perçois les loups de chacun sur le qui-vive. Ils restent un instant face à face et la tension est presque palpable entre les deux.

— C'est bon, Max. Vas-y. Finis-je par chuchoter en libérant ma main. Tu ne peux pas aller à l'encontre de ton frère.

Nos regards se croisent et d'un signe de tête, je tente de lui faire comprendre que tout va bien aller.

— Très bien. On se voit demain, d'accord ?

J'acquiesce et le regarde sortir des appartements après avoir salué son frère d'un bref hochement de tête.

La porte se referme dans un léger claquement et je ne peux pas m'empêcher de sursauter. J'ai l'impression qu'un piège vient de se refermer sur moi et qu'il va me falloir surmonter la peur que Duncan m'inspire à cet instant.

Sourcils froncés, celui-ci n'est plus qu'à quelques centimètres de moi.

— Tu empestes son odeur. Lâche-t-il en approchant une mèche de mes cheveux de son nez. Je t'avais interdit de t'approcher de lui.

Je relève la tête pour croiser ses yeux. J'y lis la jalousie que je sens brûler au creux de son ventre et qui me consume en même temps.

— Que crois-tu que nous faisions, Duncan ? N'as-tu pas confiance en ton frère ?

Je sais que je ne devrais pas le défier, mais l'instinct de ma louve refuse de se soumettre à sa façon aussi injuste de nous juger.

Je tends mes mains devant lui pour lui montrer mes blessures. L'odeur du sang lui fait plisser le nez.

Entre deuxWhere stories live. Discover now