Chapitre 23 - DUNCAN

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DUNCAN

Il nous faut vingt minutes pour nous rendre au village. Vingt minutes pendant lesquelles il va me falloir composer avec les pensées d'Ava à mes côtés. Ces dernières tournent presque toutes autour de Max. Elle doit probablement sentir ma mauvaise humeur, mais n'en a cure. Cette femelle est exaspérante !

— Peux-tu arrêter deux minutes de penser à mon frère, s'il te plait ? Je n'ai pas besoin de savoir que tu t'inquiètes pour lui. C'est un grand garçon, il monte sur une moto depuis qu'il a douze ans, alors ne t'en fais pas trop. N'oublie pas que c'est un loup solitaire, il a l'habitude de se débrouiller seul. Grogné-je en serrant les poings.

La sentir si proche et à la fois si éloignée, me rend dingue !

— Désolée de te rendre de si méchantes humeurs. Je pourrais te bloquer mes pensées, mais tu serais capable de me le reprocher ensuite.

Tournant son visage vers la vitre, elle tente de m'ignorer et se met à chanter en pensée, cette chanson ridicule de la dernière fois.

En repensant à cette nuit-là, je ne peux pas m'empêcher de sourire.

— Tu ne connais donc pas d'autres chansons que celle-ci ?

Elle hausse les épaules tout en gardant sa tête tournée vers le paysage qui défile.

— C'est la seule qui me vient facilement.

Elle se déplace légèrement jusqu'à venir toucher mon genou avec le sien. Aussitôt, mon loup réagit à son contact et se dresse dans ma tête pour venir à la rencontre de la sienne. Je garde le silence, laissant nos deux entités se rapprocher et se tourner autour. Le cœur d'Ava se met à battre un peu plus vite, son souffle s'accélère et sa main vient instinctivement se poser sur ma cuisse.

— Laisse-les s'apprivoiser. Depuis le début, nous nous combattons, il est temps pour nos loups de faire vraiment connaissance, n'aies pas peur.

Elle inspire profondément et ferme les yeux. J'entrelace fermement mes doigts aux siens et les caresse lentement avec mon pouce. Les deux bêtes se sentent, s'effleurent, tout en continuant leur danse étrange. Loup noir et louve blanche. L'ombre et la lumière. Aucun des deux ne semble vouloir prendre le dessus sur l'autre. Je n'avais encore jamais vu ça. Ils finissent par se coucher côte à côte et je les vois disparaître dans une volute de fumée.

Ava cligne des paupières et fixe nos mains enlacées. Je m'attends à ce qu'elle se détache de mon étreinte, mais il n'en est rien. Elle pose simplement son regard sur moi.

— Il faudra qu'un jour, tu me racontes qui t'as fait ses cicatrices.

Je hausse un sourcil, mais hoche la tête.

— Nous verrons ça plus tard. Nous arrivons au village.

La voiture s'arrête le long d'un trottoir où les maisons s'alignent avec monotonie. Ici, chaque habitation est identique à la suivante. Seuls quelques magasins interrompent cet ordre bien établi.

Je déteste les villes humaines. Elles sont la plupart du temps sans âme et sont ultra urbanisées, ne laissant aucune place à la nature. Je n'ai jamais compris les loups qui résidaient au milieu d'eux. Comment le père d'Ava avait-il pu vivre parmi ces gens pendant toutes ces années ?

— Mes parents n'habitaient pas dans une ville comme celle-ci. Mon père ne l'aurait effectivement pas supporté et ma mère non plus. M'explique-t-elle en lisant dans mes pensées.

— Crois-tu que tu pourrais sentir la présence de ta mère ? L'interrogé-je alors que nous nous rassemblons près du 4X4.

Elle pivote sur elle-même pour examiner les alentours.

Entre deuxWhere stories live. Discover now