Chapitre 18 - AVA

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Je garde les yeux ouverts depuis des heures. Sous la tente de Max, emmitouflée dans son duvet dont le parfum me ramène sans cesse à lui, je suis au bord de la crise de nerf. Les bruits de la nuit sont assourdissants et la présence de l'homme-loup montant la garde à l'extérieur est une torture. Après un repas pris au coin du feu avec des hommes sur la réserve, Max m'a invité à dormir dans sa tente, pendant qu'il monterait la garde cette nuit. Ma présence parmi eux risque de se savoir, et les rebelles pourraient s'en prendre à moi. J'ai bien compris que rien que pour cette raison, certains étaient mécontents de me voir ici, imaginant leur mission compromise.

Des craquements aux abords du campement me font sursauter. Je tends l'oreille, attendant un mouvement ou quelque chose m'indiquant que Max est dans les environs, mais le bruit se répète et je ne sens pas la présence de mon ami.

Je me redresse sur ma couchette de fortune, et fais glisser lentement la fermeture de la porte en tissu pour jeter un coup d'œil dehors. Rien.

"Max, où es-tu ? " Pensé-je en m'extirpant de la tente.

La forêt est devenue silencieuse. Plus aucun animal ne semble indiquer sa présence. Je fronce les sourcils.

Étrange...

Je m'avance pieds nus au milieu de la clairière jusqu'au feu dont les braises rougeoient doucement.

"Ava. Ne bouge surtout pas."

Je sursaute légèrement en entendant la voix de Max dans ma tête et reste immobile, attendant la suite.

"Je ne suis pas loin. Un loup rôde et je le piste. Je crois qu'il a senti ta présence."

"Je veux t'aider. Dis-moi quoi faire."

" Reste près du feu et essaie de projeter ta louve aux abords de la clairière. Elle ne peut pas aller plus loin, mais ça m'aidera déjà un peu."

"Ok. Fais attention."

Il ne me répond pas et je m'installe en tailleur près du foyer, en frissonnant. Uniquement habillé d'un débardeur de ma culotte, je regrette de ne pas avoir enfilé un pantalon avant de sortir de la tente... Tant pis...

Me concentrant sur ma louve assoupie, je l'encourage à se réveiller. Je la vois s'étirer doucement et se mettre à tourner dans mon esprit. Lui indiquant les ombres autour de moi, je l'encourage à s'éloigner pour surveiller les sous-bois. D'un mouvement, elle s'éloigne en humant l'air à la recherche d'éventuels intrus. Perdant la notion du temps, je reste concentrée sur elle en fixant les flammes devant moi. Max ne me parle plus et je suis en train de me demander où sont les autres hommes, lorsque je suis projetée brusquement contre le sol par un loup au pelage marron et aux babines retroussées. Étourdie par le choc, je tente de me débattre de toutes mes forces et surtout d'éviter les crocs qui tentent de me saisir à la gorge.

Le loup est lourd, mais l'entraînement que m'a prodigué Yan pendant les dernières semaines m'a appris à gérer ce genre d'attaque surprise. Repliant mes jambes jusqu'à ma poitrine, je les déploie avec force pour projeter l'animal le plus loin possible, le temps de rappeler ma louve à moi.

Alors que la bête est prête à un nouvel assaut, je distingue dans mon angle de vue, un loup gris qui arrive à toute allure et saute sur mon agresseur, lui plantant ses crocs dans le dos. L'animal hurle de douleur et les deux combattants se mettent à rouler, s'éloignant de moi alors que deux autres canidés viennent tourner autour d'eux.

Je recule de la zone de combat, priant pour que le duel s'achève en notre faveur. Je voudrais pouvoir aider, mais ma louve continue de tourner et tourner dans ma tête sans parvenir à me transformer, j'ai l'impression que je n'y arriverai jamais. Alors que je vois enfin le loup gris prendre le dessus sur l'autre, une main vient me bâillonner par-derrière et une autre m'enserre la taille avec force. J'essaie de me libérer en battant des jambes, mais un coup dans la mâchoire m'étourdit ne me laissant pas le temps d'appeler Max au secours et me faisant perdre connaissance.

Entre deuxWhere stories live. Discover now