Chapitre 12 - AVA

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Mes journées se succèdent et se ressemblent presque toutes. Max est parti depuis plus de deux semaines et c'est Yan, l'un des plus proches amis de Duncan qui a pris le relais pour m'entrainer et tenter d'éveiller ma louve. Je ne vois quasiment pas l'Alpha. Depuis cette nuit-là, il m'évite et ne m'adresse pas la parole. Lorsque je me réveille le loup dort encore et quand je m'endors, il est je ne sais où à faire, je ne sais quoi. Parfois, au petit matin, je sens son odeur de cuir dans la pièce mélangée à d'autres effluves plus féminins et alcoolisées. Je tente de me persuader que je m'en fous, mais ce n'est pas le cas. Mes nuits sur ce maudit canapé m'insupportent. En dehors du fait qu'il soit inconfortable, mes rêves me ramènent, ma louve et moi, près du loup noir. Je suis épuisée et prête à rendre les armes. Heureusement, jour après jour, je suis plus forte et ma complicité avec ma louve se renforce.

Le soleil n'est pas encore levé et j'ouvre les yeux, le corps endolori pour découvrir Duncan assis sur un fauteuil à m'observer. Je m'aperçois que le plaid qui me recouvre à glisser jusqu'à ma taille dévoilant une partie de ma poitrine, uniquement dissimulée par un débardeur.

— Vos yeux, sont-ils comblés Alpha ?

Il me sourit alors que je ramène la couverture sur moi.

— J'avoue que tu es bien plus coriace que je ne m'imaginais.

— Si vous êtes là uniquement pour me chercher de bon matin, fichez le camp. Grommelé-je en couvrant mon visage de la couverture.

Il la saisit et l'envoie valser à l'autre bout de la pièce d'un seul geste.

— J'ai besoin de toi, ce soir... Ava. L'Alpha de la meute voisine vient ici avec une assemblée et je veux que tu sois à mes côtés.

Je lève un sourcil, surprise.

— Pourquoi ?

Il s'assoit près de moi et j'essaie de garder une attitude normale malgré sa proximité et le peu de tissus que je porte sur moi.

— Je veux annoncer aux meutes alentour que tu es la fille de Richard Fitzgérald et que tu es ma compagne.

Je m'apprête à riposter à cette remarque, mais il me fait taire en levant la main, agacé.

— Je sais ce que tu vas dire, mais je ne suis pas là pour ménager ta susceptibilité. Je veux faire bouger les choses. Max n'a toujours pas retrouvé ton père et en te dévoilant, je compte bien sur une action de la part des rebelles.

— Tu veux te servir de moi comme appât ?

Il me regarde droit dans les yeux.

— Oui.

Je réfléchis à toute vitesse. Si cette soirée permet d'en savoir un peu plus sur la disparition de mes parents, ça peut valoir le coup de le tenter.

— D'accord.

— Pas de "Mais" ? Me lance-t-il ironique.

— Pas cette fois. Je ne suis pas stupide. Tu peux compter sur moi.

Il me sourit et attrape ma main pour me faire basculer sur lui. Son corps a encore l'odeur de l'alcool et des femmes et je me fige en plissant le nez.

— Tu empestes !

Il remonte sa main le long de ma cuisse me faisant frissonner.

— Que dirais-tu de me rejoindre dans mon lit, maintenant ?

Je le repousse et me lève à la hâte pour lui échapper.

— Ne compte pas là-dessus. Je dois me préparer pour rejoindre Yan.

Il se met à rire et se dirige vers sa chambre.

— Promets-moi au moins d'être sage ce soir. Je tiens à garder ma crédibilité auprès des autres meutes.

— Garde tes mains dans tes poches et tout ira bien. Rétorqué-je avant de fermer la porte de la salle de bain à double tour.

                                                                               * * *

La journée s'écoule comme toutes les précédentes et je rejoins l'appartement de Duncan en traînant les pieds. Entre les nuits inconfortables et les entraînements, j'aimerais pouvoir enfin me glisser sous une bonne douche et dormir dans un lit confortable, mais c'est sans compter sur la soirée qui m'attend à jouer les potiches aux côtés de l'Alpha. Quand je pénètre dans le salon, il est déjà là, habillé d'un pantalon à pinces noir et d'une chemise blanche dont les premiers boutons sont ouverts, installé dans un fauteuil, un verre à la main. Ses yeux me suivent jusqu'à la petite cuisine où je me sers un verre d'eau en m'appuyant sur le comptoir.

— J'ai déposé la robe que je veux que tu portes sur le lit de ma chambre.

Je mords ma lèvre inférieure pour ne pas répliquer alors que ma louve grogne de mécontentement. Je me dirige vers la salle de bain où je prends une douche en vitesse. Enveloppée dans une grande serviette, je passe devant lui et pénètre dans sa chambre dans laquelle je n'étais pas encore entrée. La pièce n'est pas très grande et les murs aux tons neutres sont décorés de quelques peintures modernes. Le lit trône au milieu et un dressing occupe tout un côté de la pièce. Sur la couette aux couleurs sombres, une robe en velours vert foncé a été déposée. Je suis soulagée de constater que la longueur reste raisonnable et que je ne dévoilerais pas les trois-quarts de mon corps avec le vêtement. Je la glisse sur ma peau après avoir enfilé mes sous-vêtements, la jupe tombant au niveau de mes genoux avec élégance sans être trop ostentatoire. Seul bémol, je constate qu'elle se ferme par de minuscules boutons et que je ne peux pas le faire sans aide.

Évidemment. Il a dû prévoir son coup...

Revenant au salon, je viens me poster dos à Duncan.

— Tu peux m'aider ?

Sans répondre, je l'entends se lever et venir boutonner un à un les minuscules perles de la robe tout en effleurant la peau de mon dos.

— J'aurais préféré t'aider à l'enlever. Me murmure-t-il en déposant un baiser dans mon cou.

Je frissonne et déglutis avec peine. Mon désir pour cette montagne grandit de jour en jour, ma louve veut que je cède et je ne suis pas loin de perdre la guerre, mais je tiens à résister coûte que coûte, mes pensées revenant sans cesse vers Max.

— Tais-toi. Lui dis-je en cachant mon trouble et en m'écartant de lui une fois sa tâche terminée. Je dois encore me coiffer.

— Laisse-moi faire.

Il s'empare de la brosse que je tiens dans les mains et commence à démêler mes cheveux.

— Tu dois les porter légèrement relevés, j'aime voir ta nuque dénudée.

— Tu as raté ta vocation. Ne puis-je m'empêcher de lui lancer avec ironie.

Il tire doucement sur mes cheveux pour faire basculer ma tête en arrière et me fixer dans les yeux.

— Ne te moque pas ou je pourrais avoir envie de me venger.

— En faisant quoi ? Me faire dormir sur le palier ?

Il soupire agacé et se saisit de la barrette que j'ai apportée pour attacher ma chevelure comme il le souhaite. Une fois sa tâche achevée, il m'invite à me lever et me regarde avec approbation.

— Tu es très belle.

— Je te retourne le compliment.

Il hausse un sourcil.

— Une gentillesse ?

— Je me sens d'humeur aimable ce soir.

— Alors tu es prête à entrer dans la cour des grands ?

Je frissonne et il passe un bras protecteur autour de ma taille.

— Pour mes parents... Murmuré-je

— Pour tes parents...

Entre deuxWhere stories live. Discover now