Chapitre 1

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Mirabilis

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Mirabilis

6 ans plus tard


— Nuit !

Je me lève en sursaut, laissant quelques mèches sur la brosse que Sofia passait dans mes cheveux avec application. Elle soupire en me suivant du regard, tandis que je me glisse jusqu'à la fenêtre pour apercevoir le spectacle que je connais par cœur depuis maintenant six longues années.

— Nuit ! Nuit !

Dans la nuit noire, un homme galope autour du château, une torche à la main. Ses cheveux longs ondulent derrière lui, fouettant son dos à chaque foulée. Il hurle comme il le fait à chaque cycle, quand l'éblouissement dans le ciel nous annonce cruellement qu'aujourd'hui encore, le soleil ne nous honorera pas de sa présence. Freud crie la nuit depuis six années, toutes les douze heures — à midi et à minuit de l'ancien temps. Et si certains disent qu'il n'est qu'un illuminé, ils ont bien tort — la lumière n'existe plus depuis la mise à mort de mère.

Voilà six années qui se sont écoulées depuis cette étrange malédiction qu'aucun de nous ne prenions au sérieux. Au début, nous pensions à une météo capricieuse, de l'ordre de l'orage violent ; pourtant le tonnerre ne s'est jamais fait entendre. Nous avons guetté le soleil en nous questionnant sur sa disparition, jugeant qu'aucune nuit ne pouvait être éternelle.

Au bout d'un mois, le déni a laissé place à l'incompréhension. L'orage menaçant ne grondait pas. Il n'y avait pas d'orage. Seulement un flash quotidien, réglé comme une horloge qui venait taquiner nos yeux derrière nos paupières closes.

Tous les jours, à midi puis à minuit, le soleil vient nous narguer le temps d'une seconde, puis il disparaît en ne laissant comme souvenir, que la trace de sa présence par son éblouissement.

Le jour ne s'est jamais levé. La nuit a laissé place à la nuit, nuit après nuit. Et nous, simples mortels soumis à la volonté d'une enchanteresse aussi cruelle qu'elle est vils, nous nous sommes habitués à cette obscurité comme si ce quotidien n'était rien d'autre qu'un caprice de la nature elle-même.

Six années se sont écoulées. Six années au lieu de trois. Car si le jour s'est enfui, le temps l'a suivi dans sa course contre la nuit, s'accélérant au rythme de la nature qui s'endort en continu. Tous les grands penseurs du royaume d'Ilios se sont penchés sur le sujet, concluant même une trêve avec ceux du royaume d'Afthonia afin de mettre leurs savoirs en commun — en vain. Quand ils débattaient durant douze longues heures, il s'en était écoulé vingt-quatre et l'éblouissement était présent continuellement pour leur rappeler leur échec. La trêve a cessé. Les combats ont repris. Le jour ne s'est jamais levé.

— Veux-tu une natte ou laisser tes cheveux détachés cette nuit ? me demande doucement Sofia, espérant sans succès que je choisisse l'option la plus sage.

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