Chapitre 9

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Mirabilis

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Mirabilis


A mon retour au château des Dekara, la sentence est tombée. J'ai su à la présence de père dans le petit salon que je n'avais mot à dire. Il s'est levé à mon arrivée, a laissé sa tasse de thé fumante et s'est planté devant le guéridon où la cire servant au sceau était encore chaude.

— J'ai eu honte, m'a-t-il simplement dit.

Coupable comme une enfant insolente revenant d'une bêtise impardonnable, je n'ai pas osé répliquer – je n'en avais pas le droit. J'ai tout simplement hoché la tête et offert une timide révérence à père en attendant de connaître la sanction qui finirait irrémédiablement par tomber.

— Ton absence n'est pas passée inaperçue, le peuple parle et les voix s'élèvent parmi les fidèles à la couronne.

Je me suis gardée de dire que les plus grandes commères de ce royaume se trouvent être les mères des chevaliers que j'ai repoussés tant de fois. Déçues de n'être affiliées d'une quelconque façon à la famille royale, celles-ci ne trouvent rien de mieux à faire que de cracher leur venin sur les chemins qui mènent à Morasia. Pourrais-je leur en vouloir ? Je leur donne toutes les raisons de le faire depuis six longues années.

— Les bruits courent de plus en plus vite sur les murs de ce château... mais ils ne courent pas assez vite pour que mes oreilles les ignorent. Les entends-tu ?

J'ai hoché la tête. Sofia me relate sans cesse ce qui se dit, de la rumeur la plus farfelue à certaines vérités que je refuse d'entendre et d'accepter. Et je sais pertinemment que si père est un roi chéri par ses sujets, je ne suis rien d'autre qu'une princesse non désirée par sa mère et son peuple.

— Ils disent que tu te moques de ton royaume et que tu as fuis le bal pour ne pas donner sa chance au soleil, a finalement avoué père, le regard sévère. Ils disent que tu suis les pas de ta mère et que tu dédies ta vie à la mort de ces royaumes.

— Père...

— Je ne peux leur donner tort.

J'ai avalé ma salive et j'ai attendu. Les secondes m'ont parut des heures.

— Une missive est partie en même temps que toi, en direction du royaume d'Afthonia. La rencontre aura lieu cette deuxième douzaine et tu t'en montreras digne.

J'ai acquiescé et père a quitté la pièce à la hâte, les mouvements de sa cape éteignant la bougie survivante qui chauffait encore la cire du sceau.

Assise dans la calèche affrétée par le roi, je ressasse sa déception et ne peux m'empêcher de me reprocher mon égoïsme. Il est le seul à avoir toujours cru en moi en dépit des avertissements de ses sujets. Il a pendu plus d'un homme et tranché assez de gorges pour que j'en ai perdu le compte, en mon nom. Je me suis rebellée contre cette barbarie, mais père refusait que quiconque salisse ma réputation ou puisse mettre en doute mon amour pour Ilios. Aujourd'hui, père est en passe de douter de moi pour la toute première fois. Son baiser qu'il a posé sur mon front avant le départ n'avait d'amour que les souvenirs gardés de mon enfance.

MIRABILISWhere stories live. Discover now