Chapitre 7

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Mirabilis


— Ne t'ai-je pas déjà dit d'éteindre ces fichues bougies quand tu es à l'intérieur ?

Freud lève les yeux au ciel, fatigué de mes mises en garde qu'il n'écoutera de toute façon pas.

— Je savais que tu viendrais.

— Comment pouvais-tu le savoir ?

— N'y avait-il pas un bal ce soir ?

Je soupire à la fois soulagée et coupable de m'être enfuie de la sorte de cette supercherie organisée par père. Sa bête de foire n'étant plus présente, je me demande à quoi peut bien ressembler ce soi-disant bal à l'heure actuelle.

— Il y en a un, en effet.

— Je savais que tu n'y resterais pas bien longtemps. Les mondanités ne sont pas ton genre.

— En tant que princesse d'Ilios, il faudra bien que je finisse par me conformer aux mondanités.

— Dis à ton père que tu t'y conformeras quand il fera jour.

Je souris, pourtant bien consciente que jamais je ne manquerai de respect à père de la sorte. Non pas que l'envie me manque, mais lesdites mondanités me concernant ont justement pour but de ramener le soleil – m'échapper est un manque de respect criant, en plus d'être un comportement purement enfantin.

Freud semble s'amuser de sa blague tout en fouillant dans la poche de son manteau avant d'en sortir deux carottes que Knight regarde avec intérêt. Les yeux ne suffisant pas à assouvir l'appétit du goulu, Knight s'approche et gobe les carottes sans cérémonie, allant jusqu'à fouiller les poches de Freud à la recherche de leurs petites ou grandes sœurs.

— En parlant de jour, où en es-tu dans tes recherches ? je demande, sachant pertinemment que j'obtiendrai une réponse qui m'occupera jusqu'à l'éveil du royaume.

Les yeux de Freud s'illuminent comme le soleil le ferait s'il existait encore.

— Entre ! Il y a du nouveau !

J'ôte la selle de Knight et le fait entrer dans le petit enclos où le cheval de Freud l'attend les oreilles dressées. Puis je suis mon ami qui s'engouffre déjà dans la grotte en secouant ses cheveux pleins de poussières et de cendres.

— Tes recherches ont avancé ?

Je zigzague en évitant de trébucher sur tous les objets qui se trouvent en travers de ma route. La plupart sont des métaux que je serai bien incapable d'identifier, entremêlés à des fils de fer, de pêche et bien d'autres. Plus loin, une porte en bois s'ouvre sur l'antre originale d'un homme qui l'est tout autant. Le bois brut se mêle à merveille avec la pierre et je reste persuadée qu'avec un peu de goût et de temps, Freud aurait pu faire de cet endroit une maison tout à fait correcte. Au vu du bazar omniprésent, il m'est aujourd'hui impossible de qualifier cet endroit de maison, ni même de quoi que ce soit d'autre.

— Du thé ?

— Volontiers.

L'endroit est immense et, bien qu'habituée à y venir, je suis toujours surprise par la diversité qui s'y trouve. Entre la cuisine et le salon, un établi de la taille de trois bœufs trône, abritant des tasses et des assiettes vides au milieu de clous, de bougies et d'autres babioles dont seul Freud connaît leur utilité. Sur les murs en pierre brute, des schémas sont accrochés et reproduisent le soleil. Sur chacun d'entre eux une hypothèse différente y est écrite, de la boule de feu à celle de gaz – et si aucune des deux ne me semble plausible, Freud est convaincu qu'il n'est pas si loin de la vérité depuis qu'il a découvert la réaction du gaz putride qui remonte des marais.

MIRABILISTempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang