Aiquesh

01 - Léonie

Une journée comme celle-là, plus jamais. Je n'avais pas arrêté de courir partout. Entre maquiller les défunts, remplir les formulaires des familles, planifier les enterrements et gérer les appels téléphoniques, je ne savais plus où donner de la tête. Malheureusement, Olivia, une jeune sorcière des éléments âgée de vingt-deux ans, s'était fracturé le tibia lors d'un entraînement plutôt féroce. Les sorcières avaient le don de se fourrer dans de sacrés pétrins quand il s'agissait d'uriliser leur magie. Heureusement que Tessa était venue manger avec moi pendant ma pause déjeuner, afin de me détendre un peu avant la reprise. En général, c'était mon père qui me rejoignait, mais aujourd'hui, il avait pas mal de travail à la morgue de l'hôpital Rosemary.

Après avoir vérifié que tout le matériel médical était rangé à sa place et que les dossiers de mes patients étaient bien dans le placard, fermé à clé ; j'attrapai mon sac-à-main et enfilai ma veste avant de franchir le seuil de la porte. Je jetai un rapide coup d'œil à ma montre et remarquai qu'elle indiquait vingt heures.

Merde ! Il faut que je me grouille à rentrer chez moi pour me préparer à ma petite soirée au Spoony.

Le Spoony était un bar strictement réservé aux créatures surnaturelles. Hector, notre vigile vampire de cinq cents ans, surveillait scrupuleusement chaque entrée afin de ne pas avoir un humain. Les seuls qui pouvaient y pénétrer était le garde-manger pour nos amis les suceurs de sang.

Lorsque j'atteignis le hall de mon immeuble, je passai mon badge devant l'interphone, me dirigeai vers les ascenseurs en remarquant un merveilleux mot collé sur les portes.

« Ascenseurs en panne depuis midi. Le technicien viendra demain dès 09 h pour régler le problème. Merci de votre compréhension. Mme. DILLER (concierge) »

« Non, mais je rêve ! Je suis crevée moi ! Mes putains de jambes n'ont plus la force de monter encore trois étages... à pied ! » Raillai-je en attrapant mon sac d'une main ferme.

J'ouvris la porte des escaliers, la faisant claquer contre le mur et me cramponnai à la rampe comme si j'allais tomber de plusieurs marches.

Après un nombre incalculable de pauses et de nombreux essoufflements, j'arrivais enfin dans mon appartement. Une fois la porte refermée, je retirai mes bottines à talons en les jetant sur le mur qui se trouvait à côté de la porte. Mes jambes me faisaient terriblement mal et mes talons aussi.

Saloperie de bottines !

Je me dirigeai dans le salon, tout en retirant mon bracelet qui habillait mon poignet droit et le déposai dans le terrarium devant mon canapé. En l'espace de quelques secondes, le bijou se métamorphosa en un serpent couleur rouge rubis. Je souris en observant mon reptile se dandiner au sol et s'enrouler à la seule branche qui traversait le bocal. J'ouvris la porte du frigo, sortis un rat et lui offrit son repas. Mon serpent se jeta dessus comme s'il ne s'était pas nourri depuis des jours.

En me dirigeant dans ma salle d'eau, je recevais un message. Il s'agissait de Théodonice qui m'indiquait qu'elle aurait du retard.

Tant mieux parce que j'étais loin d'être prête.

Mon lisseur en main, je prenais garde à ne pas me brûler mes racines. Malgré la chaleur qui émanait de l'appareil, je réussis tant bien que mal à lisser ma frange. Mon reflet dans le miroir me fit sursauter lorsque j'observai deux grosses poches de cernes qui entouraient mes yeux vert émeraude. Avec la magie du fond de teint et le fard à paupière, je parvins à harmoniser le tout.

Je me demandais bien comment Théodonice arrivait à être aussi jolie en quelques minutes. Dans un soupir de fatigue, je m'assis sur mon canapé et allumai la télévision pour continuer la quatrième saison de ma série préférée : Supernatural. Ça commençait à être chaud ! Sam Winchester, le frère cadet, se faisait rouler dans la farine par la salle petite garce de Ruby, un succube qui était autrefois une sorcière. Non mais sérieusement ! Ça se voyait comme le nez au milieu de la figure qu'elle le menait en bateau pour briser les sceaux afin de libérer Lucifer. C'était d'un pathétique. Que vouliez-vous, quand on voyait les deux beaux gosses qui incarnaient les rôles de Sam et Dean, il était difficile de s'en passer. Je devais l'avouer, mais quand je regardais la série, j'en profitais pour me rincer l'œil.