Aiquesh

37 - Damien

L'après-midi déclinait lentement sur le territoire des loups-garous, l'air vibrait d'une tension palpable qui semblait s'accrocher aux branches nues des arbres environnants. Azazel et moi marchions sur le sol recouvert de feuilles, scrutant chaque indice susceptible de nous révéler ce qui avait pu se passer ici. 

Ben, l'alpha robuste de la meute des Crocs de Lunes, nous avait rejoint, son expression grave trahissant son inquiétude.

"Depuis que le corps a disparu, des démons rôdent autour de notre territoire. Cela commence sérieusement à m'inquiéter." expliqua-t-il d'une voix basse.

Je hochai la tête, comprenant parfaitement ses craintes.

"Je vous assure que nous allons vous protéger." dis-je, essayant d'infuser autant de conviction que possible dans mes mots.

Mais au fond, l'incertitude me rongeait. Tandis que nous parlions, Azazel s'était penché, examinant attentivement le sol. Il se redressa subitement, un morceau de soufre dans la main.

"Nous avons un gros problème." annonça-t-il, le regard sombre.

Ben et moi nous échangeâmes un regard surpris avant de nous tourner vers lui.

"Que se passe-t-il ? demandai-je, la voix tendue.

— C'est du soufre, mais pas n'importe lequel. C'est très spécifique... C'est celui utilisé par Lucifer lui-même." expliqua Azazel, son ton soudainement grave.

Un frisson me parcourut l'échine. Lucifer sur nos terres ? La nouvelle était aussi choquante qu'inquiétante.

"Lucifer est venu ici pour déterrer le corps de Lilith." conclut Azazel.

Mon esprit se mit à tourner à plein régime, essayant de comprendre les implications.

"Ce que je crains le plus, c'est qu'il veuille la faire revivre. Lilith à ses côtés serait une force avec laquelle il faudrait compter." murmurais-je presque pour moi-même, la gravité de la situation s'imposant à moi avec une clarté terrifiante.

Ben secoua la tête, son regard se durcissant.

"Nous ne pouvons pas laisser cela arriver. dit-il fermement.

— Non, nous ne le pouvons pas." acquiesçai-je.

Je savais ce que j'avais à faire. Sans perdre un instant, je sortis mon téléphone pour appeler Thanatos.

"Thanatos, nous…

— Qu'est-ce que tu veux ? questionna-t-il d'un ton sec.

— Nous avons un problème.

— Tu veux plutôt dire "Tu as un gros problème" ? 

— Je sais que tu ne me portes pas dans ton coeur, mais il ne s'agit pas de moi, maoz de ma compagne. Expliquai-je dune voix posés.

— Je te demande pardon saleté de cafard !" Cria-t-il a l'autre bout du combiné.

J'éloignais le téléphone de mon oreille en espérant que le chef des faucheuses ne me perce pas les tympans. Azazel me jeta un coup d'œil puis compris ce qu'il se passait à un simple regard. Quant à Ben, l'alpha, s'interroge.

"Lucifer a déterré le corps de Lilith, et…

— Quoi ?! Tu en es sûr. S'exclama-t-il.

— Oui et je crains qu'il ne tente de la ramener à la vie. Nous devons agir.

— C'est certain qu'il faut agir. Je suis avec Léonie ou es-tu ? Demanda Thanatos.

— Dans la forteresse des loups. Je voulais examiner les lieux afin de savoir qui aurait pu faire une chose pareil.

— Et Ben a accepter ta venu ?

— Oui, il n'avait pas vraiment le choix. Des démons sont dans le coin.

— Ah ouais... T'es avec qui ?

— Azazel. Il est doué pour trouver des petits indices."

La voix de Thanatos au bout du fil était grave.

"Je comprends. Restez sur vos gardes. Je vais préparer quelque chose de notre côté. Nous ne pouvons pas laisser Lucifer réussir."

Raccrochant, je me tournai vers Azazel et Ben, le poids de notre mission encore plus lourd sur mes épaules.

"Nous devons être prêts à tout. Lucifer ne reculera devant rien."

L'air froid me piquait le visage alors que le soleil commençait à se coucher, lançant des ombres longues et menaçantes à travers la forêt. Dans le crépuscule naissant, je sentais plus que jamais le poids de la responsabilité qui reposait sur mes épaules. Mais aussi lourde que soit cette charge, je savais que je n'étais pas seul. Avec Léonie, Thanatos, et nos alliés, nous étions prêts à affronter Lucifer, quoi qu'il en coûte.

***

Je pousse doucement la porte du Coffe Devil, un bar tapissé de sombres mystères et de secrets, où les créatures surnaturelles de La Rochelle aiment se retrouver. C'est un jeudi après-midi, et l'atmosphère est détendue, presque paresseuse. Mes yeux cherchent rapidement Léonie, et je la trouve, assise à une table avec Théodonice et Béatrix, plongée dans une conversation animée.

Je m'approche discrètement, et un sourire se dessine sur mes lèvres en voyant son dos offert. Doucement, je pose mes mains sur ses épaules, me penchant pour déposer un baiser furtif dans son cou, ce qui la fait sursauter légèrement. Elle se retourne, ses yeux pétillant de surprise et de bonheur alors que je l'embrasse sensuellement sur les lèvres. Théodonice et Béatrix, saisissant le moment, échangent un regard complice avant de se lever pour nous laisser seuls.

Alors que Théodonice ramasse son sac, Léonie lui rappelle avec un clin d’œil.

"N’oublie pas notre soirée filles samedi !" 

Une fois seuls, je m'assois à côté de Léonie, nos mains se trouvant naturellement.

"Je dois te parler de quelque chose d'important. C'est confirmé que c'était Lucifer qui a déterré le corps de Lilith." commence-je, mon ton plus sérieux.

Léonie fronce les sourcils, son visage se teintant d'inquiétude.

"Les démons... Ils vont continuer à me traquer, n'est-ce pas ? Et Lucifer, il rôde en ville comme s'il chassait sa proie."

Je prends sa main dans la mienne, la serrant doucement.

"Écoute-moi, Léonie. Je te promets que Lucifer ne te touchera plus jamais. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour te protéger."

Elle se mord la lèvre, clairement troublée, mais ses yeux me montrent qu'elle croit en mes paroles.

"Je veux être prête à affronter le Darksoul, Damien. Mais je sens que j'ai encore besoin de temps pour maîtriser pleinement mes pouvoirs.

— Et je serai là à chaque étape pour te soutenir, à chaque instant où tu en auras besoin. Nous le ferons ensemble." lui dis-je fermement.

Un sourire timide éclaire son visage alors qu'elle propose.

"Je veux rentrer chez moi, et si on se préparait un bon petit plat, juste nous deux ?"

Sa voix est douce, invitante. Je ris légèrement, amusé par son commentaire suivant sur nos démonstrations publiques d'affection.

"Maintenant, on s'embrasse en public, et tu te moques bien des démons qui pourraient nous voir."

Je hausse les épaules, mon regard se perdant dans le sien.

"Je me moque de ce que les autres peuvent penser. Tant que je suis avec toi, je suis l'homme le plus heureux du monde."

Nous quittons le bar, nos mains entrelacées. De temps à autre, nous échangeons des baisers, ignorants du monde autour de nous, perdus dans notre bulle. Chaque pas nous rapproche de son appartement, chaque moment passé ensemble renforçant le lien qui nous unit, face aux ténèbres qui menacent de nous engloutir. Mais ensemble, je sais que nous sommes invincibles.