07 - Damien

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Je me préparai afin d'aller rejoindre Léonie dans une crêperie au centre ville de La Rochelle, non loin du Vieux Port. J'optai pour un jean noir, un tee-shirt bordeaux et une longue veste noire qui recouvrait mes jambes. Vérifiant que j'avais toutes mes affaires, je me dirigeai d'un pas décidé vers ma porte d'entrée.

« Où comptes-tu aller dans cette tenue ? » Demanda Azazel en entrant dans mon appartement.

Dans un sursaut, je fis tomber mes clés et mon porte feuille que je venais tout juste d'attraper sur le rebord du comptoir de la cuisine.

« J'ai un rendez-vous important.

— Un rendez-vous important ? En te parfument et en t'apprêtant ainsi ? Tu te moques de moi ?

— Bon, lâche moi la grappe Azazel. Je suis déjà en retard.

— Dis-moi juste qui tu vas voir ? Insista-t-il en me bloquant le passage.

— Très bien, t'as gagné ! Je vais manger avec Lilith. Elle voulait faire un point avec moi par rapport aux différents ingrédients des sceaux. T'es satisfait ? » Expliquai-je en lui emboîtant le pas.

Azazel réalisa une révérence en signe de respect. Beaucoup de démons étaient terrifiés par ma personne. Depuis que mon père, le DarkSoul, était retenu prisonnier dans le Voile en compagnie des âmes humaines, ses serviteurs me devaient loyauté et obéissance. J'étais l'héritier du trône infernal. Mais je ne pouvais l'obtenir seul, il fallait que ma compagne soit à mes côtés, qu'elle me soutienne. Ça n'allait pas être une affaire facile étant donné que cette femme était surprotégé par son père, deux séraphins et quelques loups-garous. Pour le moment, il fallait que je gagne sa confiance et j'allais essayer de le faire en discutant avec elle.

Azazel se décala afin que je puisse franchir le seuil de ma porte et atteindre les ascenseurs. Mon appartement se trouvait dans un quartier jeune de La Rochelle qui s'appelait : le quartier des Minimes, ou bien les Minimes pour les connaisseurs. Mon bâtiment appartenait à une résidence privée, dont mes voisins humains ignoraient tout de ma véritable nature. Cependant, j'arrivais à croiser un couple de sorciers des éléments dont leur appartement se situait au deuxième étage. Étant au quatrième, je n'avais pas la foi d'utiliser les escaliers au risque de me retrouver coincé par des loups-garous ou des anges. Si j'en croyais les dires de Lucifer, le plus fidèle serviteur de mon géniteur, il y aurait cinq anges séraphins qui vivraient au dernier étage, le septième. Depuis mon retour sur Terre, il y a un an et demi, je n'en avais encore jamais croisé. Une fois arrivé au rez-de-chaussé, Azazel, en bon serviteur, m'ouvrit la porte. Nous marchions jusqu'à l'arrêt de bus, qui se trouvait en face des bâtiments, puis attendions que ce dernier arrive. Fort heureusement, le trajet passa à une vitesse ahurissante. Dés que le bus s'arrêtait à Dame Blanche, Azazel et moi descendions, puis je me dirigeais vers la rue du lieu de rendez-vous convenu avec Léonie.

« Tu peux me laisser ici Azazel, je vais réussir à trouver Lilith comme un grand garçon.

— Je n'en doute pas Damien, mais je voulais la saluer avant de repartir.

— Je vois. Je peux... le lui... lui dire si tu veux. » Bégayai-je en le poussant légèrement vers le passage piéton.

Azazel revint vers moi d'un pas décidé et m'agrippa le bras me forçant à lui faire face.

« De quoi as-tu peur Damien ? Hein ? Si ce que tu me dis est vrai alors je peux la voir... »

Il réfléchit quelques secondes avant de reprendre.

« ...à moins qu'il ne s'agisse pas de Lilith. J'ai pas raison ?

— J'ai besoin de discuter avec elle. C'est beaucoup trop dur de vivre loin d'elle, j'en fais des cauchemars la nuit depuis son départ.

— Je croyais que c'était terminé.

— Non, j'ai mentit. Je ressens un vide constant dans ma poitrine, dans mon âme. Et tout ça pour quoi ? Pour une putain de prophétie qui dit que je ne peux prendre le trône sans une compagne unie pour l'éternité avec moi. » Annonçai-je les larmes aux bord des yeux.

Mon pouls s'emballa dans ma poitrine et ma respiration s'accéléra. Azazel me prit la main pour tenter de m'apaiser ce qu'il réussit à faire et m'enlaça.

« J'ignorais tout cela Damien. Je ne savais pas que tu ressentais un tel vide en toi. Je ne sais pas ce que c'est de perdre son âme-sœur, vu que j'en ai jamais eu. Pourquoi tu n'en as pas parlé à quelqu'un ? Où à moi ?

— J'avais honte Azazel. T'imagine ce que les démons vont penser de moi. Moi, l'héritier du trône de l'Enfer. Le Prince de l'Enfer n'a pas de compagne mais désir le trône. Ça va en faire rire plus d'un.

— Je me chargerai d'eux. J'ai toujours eu le don de faire souffrir correctement mes victimes. » Répliqua-t-il en souriant de toutes ses dents.

On se mit à rigoler, puis le démon reprit d'un ton plus sérieux.

« Tu crois que tes soucis ont un rapport avec le lien d'Animar ?

— J'en suis sûr ! Et je suis certain que Léonie vit exactement la même chose que moi. Je l'ai lu dans ses yeux quand elle était allongée sur sa table d'autopsie. Assurai-je.

— Pardon ? Tu l'as mise sur une table d'autopsie ? S'étonna Azazel en haussant ses sourcils.

— Oui, enfin bref, c'est pas important. »

Je jetai un coup d'œil à mon téléphone portable et remarquai qu'il indiquait presque midi et demie. Je fis signe à Azazel qu'il fallait que j'y aille. Il secoua sa tête de haut en bas et s'éloigna jusqu'à l'arrêt de bus. Dés que j'atteignais la rue du Port, je sondais les environs afin qu'aucune créatures ailés ne s'y trouvaient.

Parfait, pas un emplumé à l'horizon.

Je m'avançais dans cette allée bondée d'humains et certainement quelques créatures surnaturelles, jusqu'à apercevoir la pancarte de la crêperie. J'entrai et annonçai mon nom de réservation. Une jeune femme, dont ses cheveux bruns retombaient jusqu'en bas de son dos, m'installa à la table que j'avais réservé. À présent j'étais seul face à moi-même. Perdu dans mes pensés, je me remémorais tous les bons moments passés avec Léonie. Même si le plus souvent, je la torturais pour lui soutirer des informations durant la guerre, je lui offrais des moments de douceurs. Cette faucheuse est bien plus puissante qu'elle ne l'imagine. Je savais très bien qui elle était, mais le plus triste dans cette histoire, c'était qu'elle ne connaissait pas toute la vérité. Maintenant, j'étais prêt à la lui la révéler, au risque de trahir les miens. Au risque de perdre la vie.

AiqueshWhere stories live. Discover now