06 - Léonie

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Quand le réveil sonna, je n'avais qu'une seule envie : le fracasser contre le mur. Seule une personne insensée programmait un réveil à six heure du matin, où les soignants. D'ordinaire, j'embauchais à neuf heure, ce qui signifiait que je me réveillais à huit heure. Seulement, mon père allait venir récupérer le Dossier de Jessica HOLICE pour neuf heure tapante. Ce qui me laissait environ trois heures pour embaumer et terminer de remplir ce foutu formulaire.

Théodonice venait me récupérer pour neuf heure et demi afin que l'on puisse faire un peu de shopping. À mon grand désespoir, ce n'était pas pour nous, mais pour Béatrix. C'était l'une des secrétaires du cinquième étages de l'hôpital Rosemary. Ce soir, avec la compagnie de tout le personnel médicale de ce service assez particulier, elle fêtait son trois centième anniversaire. Pour les vampires il s'agissait d'un grand évènement, car cela représentait leur majorité. Contrairement aux humains et aux autres créatures surnaturelles, les vampires étaient majeurs à l'âge de trois cent ans. L'invitation nous indiquait 19 heures et ni Théodonice, ni moi-même avions trouvé un cadeau digne d'une vampire. Je ne pouvais pas l'accompagner l'après-midi car à 13h j'avais rendez-vous avec le Diable.

Enfin le Diable. Pas tout à fait, mais ça se rapprochait.

Il s'agissait de Damien, un incube très puissant et à qui rien ni personne ne lui faisait peur. Mise à part mon père, la Grande Faucheuse. Trois ans auparavant, j'avais vécu un effroyable évènement au court de ma vie. Le DarkSoul était en pleine guerre contre les faucheuses, les anges, les loup-garous et sorcières. Ces derniers cherchaient un moyen de l'empêcher d'anéantir l'humanité. De son côté, le DarkSoul et ses alliés recherchaient une pierre précieuse, dont j'avais oublié le nom, afin de pouvoir lancer un sortilège sur le Voile. Son but étant de libérer les âmes prisonnières à l'intérieur pour qu'elles puissent posséder et tourmenter les esprits des humains. Le maître des démons était persuadé que mon père connaissait la localisation de cette pierre magique, mais voyant que Thanatos ne se montrait pas, le DarkSoul avait donné l'ordre aux démons de me kidnapper afin de forcer mon géniteur à sortir de sa cachette.

Les rues étaient désertes. L'odeur nauséabonde des déchets, qui jonchaient le sol, s'engouffrait dans mes narines. Même si j'avais mes écouteurs sans fils avec de la musique, je gardais mes sens en éveil. Mes pieds s'enfoncèrent dans des tas de feuille mortes mouillées au sol. Sur la route pour aller au cabinet des Pompes Funèbres, je croisais quelques voitures dont certaines se stationnaient sur le parking privé du Groupe Hospitalier de La Rochelle. À l'approche de mon lieu de travail, je commençais à fouiller dans mon sac pour y attraper les clés, qui se trouvait au fond de ce dernier. Avant de l'enfoncer dans la serrure, je sondai rapidement les lieux pour être sûr qu'aucune créature surnaturelles ne s'y trouvait. Je ne tenais pas à avoir un deuxième face-à-face avec un autre démon. Dés mon arrivée, j'empruntai les escaliers afin de me rendre à ma salle de soins. Un magnifique porte-manteau en bois de chêne se tenait sur la gauche de l'entrée du sous-sol. J'accrochai mon manteau et mon écharpe sur ce dernier, puis enfilai ma longue blouse blanche. Tout en attachant mes longs cheveux châtain en une queue de cheval, je me dirigeai vers le tiroir ou reposait Jessica HOLICE. Avant de commencer, je jetai un dernier coup d'œil à l'horloge et esquissai un sourire en voyant qu'elle indiquait sept heures.

Parfait ! J'étais dans les temps.

Je ramenai le chariot afin d'y installer Jessica dessus pour que je puisse commencer mon examen. Après quinze bonne minutes à transférer son corps d'une table à une autre, je finis enfin par préparer mes instruments de tortures. Heureusement que je m'étais avancée la veille sinon je n'aurai jamais pu rejoindre ma meilleure amie au centre ville pour neuf heures trente. Il ne me restait plus qu'à analyser le fond de sa gorge. Lorsque je m'installai au-dessus de son visage, je lui ouvris la bouche d'un geste fluide et doux. Jessica avait toujours eu une belle dentition. Elle était assez pointilleuse lorsqu'il s'agissait des rendez-vous médicaux obligatoires, comme une visite chez le dentiste chaque année.

« Je suis désolée Jessica. J'espérais ne jamais réaliser un tel examen sur toi. » M'excusai-je en déglutissant bruyamment.

Je commençai par y enfoncer un doigt, puis deux. En tatonant le fond, je tombai sur quelques chose de rugueux et dur. Mes doigts sortirent spontanément et j'attrapai ma grosse lampe avec la loupe. En effet, quand la lumière se propagea dans la gorge, un reflet brillant s'en échappa. Je m'emparai d'une pince sur mon chariot et allai chercher ce mystérieux objet. Une fois sortit, je l'observai sous toutes ces faces. Il s'agissait d'une pierre précieuse, pas plus gros que le pouce, de couleur lilas avec quelques reflets bleus lorsque je la positionnais à la lumière. Elle était magnifique. Je n'en avais jamais vu de cette couleur-ci. Je posai ma trouvaille dans une petite pochette plastique et collai quelques informations dessus. En regardant l'heure sur mon téléphone, je m'empressai de ranger le Dossier dans sa pochette avec la pierre précieuse à l'intérieur. Je récupérai mon manteau et mon sac-à-main, puis remontai à la vitesse de la lumière mes escaliers. Mon corps cogna contre un torse que je connaissais bien.

« Léonie, tout va bien ? Demanda Thanatos.

— Oui papa, ne t'inquiète pas. J'ai rendez-vous avec Théodonice à la Grosse Horloge dans... »

Je consultai mon téléphone et m'aperçois qu'il était déjà neuf heure trente.

« ...maintenant ! Euh... tiens j'ai terminer de m'occuper de Jessica. Tout est noté dedans. » Informai-je en lui tendant le Dossier n°66.

— Merci Léo. Tu as fait vite, c'est impressionnant.

— Ah, j'oubliais. »

Je lui reprenais le Dossier des mains et sortis la pochette avec la pierre à l'intérieur.

« J'ai trouvé ça au fond de sa gorge. C'est super beau, mais je ne comprends pas pourquoi ses assassins auraient voulu la tuer avec cette pierre au fond de la gorge. Il y avait d'autres moyens plus efficace, tu ne crois pas ? »

Mon père ne répondit rien et se contenta de palper la pierre entre ses doigts. Il l'observait, la positionnait au soleil, la... sentait ? C'était étrange. On aurai dit qu'il était sous hypnose.

« C'est bien elle. Elle est à nouveau entre nos mains. Cette fois-ci aucun démon ne reverra cette pierre précieuse. Plus jamais ! Marmonna-t-il dans sa barbe.

— D'accord, P'pa. Est-ce que je peux savoir ce que c'est ? »

Thanatos rangea la merveille dans sa pochette de travail, ainsi que le Dossier. Il m'accompagna jusqu'à l'entrée de l'hôpital Rosemary et m'embrassa sur le front.

« Je t'en parlerai quand le moment sera venue ma puce. Amuse-toi bien à ton shopping. Passe le bonjour à Théodonice. Et le plus important, fait attention.

— Rah... Je sais papa. Est-ce qu'un jour tu cesseras de me traiter comme une petite fille de huit ans ?

— Non, je ne crois pas. Tu es mon seul enfant et je tiens énormément à toi. Tu ne sais pas à quel point tu es spéciale. »

Je lui rendis un sourire avant de continuer ma route en direction du centre ville. En attendant à un feu rouge pour les piétons, je me retournai et lui criai :

« Je le sais très bien que je suis spéciale ! Allez, travail bien Papounet d'amour que j'aime ! »

Je l'entendis rigoler avant qu'il ne disparaisse dans l'enceinte de l'hôpital. Lorsque j'avais terminer de traverser, je me mis à courir jusqu'à la Grosse Horloge.

« Tu sais que tu ferai un très mauvais démon ? Annonça Théodonice en me voyant.

— Pourquoi ? Je n'ai que deux petites minutes de retard. »

Elle tapotait sa montre de chez Pierre Lanier et me répondit d'une voix chantante.

« Plutôt quinze minutes ma chère.

— Je donnais des informations importantes à mon père par rapport à un Dossier qu'il m'avait demandé de traiter avant aujourd'hui. C'est une très bonne excuse.

— Mmmmh... Laisse-moi réfléchir quelques secondes... Excuse accepté ! »

Nous rigolâmes en cœur avant de nous engouffrer dans la rue du Temple, notre rue shopping préférée. Plus que deux heures avant de rejoindre Damien dans un petit restaurant, qui faisait les meilleures crêpes de La Rochelle. Pour l'heure, je profitais pleinement de cette belle séance achats avec ma petite banshee.

AiqueshWhere stories live. Discover now