Coeur de brat

Chap. 10

-Tu veux un verre d'eau? Tu n'as pas du boire depuis un moment...
-Ça dépend. Vous comptez mettre de la drogue dedans?
-Suspens...

Opaline a un petit sourire en dressant un sourcil faussement blasé, et accepte le verre d'eau qu'il va lui chercher. Elle boit d'une traite et réalise alors qu'en effet elle était déshydratée.

-Tu aimerais visiter la maison?

Elle pose le verre sur la table basse et hoche la tête.
La maison est assez grande, avec un étage et un sous-sol, dans un style très différent d'une pièce à l'autre. La cuisine, les deux toilettes et deux salles de bains sont ultra moderne, tandis que le salon et l'une des chambres sont dans un style clairement Bdsm, mais sans pour autant être glauque ou porno. Les deux autres chambres et le bureau sont au contraire dans un style bien plus classique, voir vieillot.

-Et au sous-sol, qui y a t'il?
-Ça, tu auras peut-être l'occasion de le découvrir un jour. Mais pas aujourd'hui.

Elle croise les bras et lève les yeux au ciel:

-Une croix de Saint-André* et un cheval d'arçon* s'y cachent c'est ça?

Swann rit, mais n'ajoute rien, frustrant Opaline au plus au point, dont la curiosité a toujours été vivace.

Ils retournent au salon et Swann se tourne vers elle, d'un air plus sérieux qu'à l'instant.

-Ta réponse Opa.
-...Pardon?
-Trois semaines, ici, avec moi. La proposition est simple, et il n'y a pas de mauvaise réponse, mais tu dois te décider.

Opaline est face à un dilemme sérieux.
Elle a trois semaines complètement libres devant elle, elle a envie de sexe, elle a envie de Bdsm, le lieu est agréable, et l'homme qui lui fait face lui plaît, en particulier sa voix, ou peut être sa façon de parler, elle ne parvient pas tout à fait à mètre le doigt dessus mais oui, tout cela lui plaît. Mais...

-Mais nous nous connaissons à peine...
-Je sais. D'où la difficulté de faire un choix, mais discuter à une terrasse ne m'intéresse pas. Il y a des manières bien plus intéressantes d'apprendre à connaître quelqu'un d'après moi. Évidemment, cela est un risque à prendre et je n'ai aucun soucis à comprendre que ça ne puisse pas convenir à tout le monde, il n'y aucun mal à ça. Je te le répète, il n'y a pas de mauvaise réponse, tu peux me dire non sans le moindre soucis, je n'essayerai ni de te retenir ni de te convaincre davantage.

Elle l'observe, de mordille l'intérieur de la joue en réfléchissant.

-Si je dis oui, que se passera-t-il immédiatement?
-Si tu dis oui, tu le sauras. Si tu dis non, tu pourras fantasmer sur ce que je n'ai pas dit.

Sa façon de rester vague et provocateur l'intrigue encore plus, mais évidemment cela l'agace d'être si curieuse et de tomber tête la première dans ce qu'il attend.
Mais après tout tant pis. La vie vaut d'être vécue.

-D'accord.
-Continue...
-J'accepte. Trois semaines.
-Trois semaines, répète t'il en hochant doucement la tête.

Un ange passe, alors qu'il la regarde dans les yeux, et elle a beau vouloir soutenir son regard, elle ne peut s'empêcher de finir par le détourner, intimidée.

-Opa.

Elle relève ses pupilles vers lui, légèrement stressée par le ton ferme qu'il vient d'employer.

-Oui?...
-Mets-toi nue.

Opaline a un hoquet de surprise et son visage se décompose.
Bien-sûr, elle se doutait que son corps ne lui resterait pas longtemps étranger, mais elle ne s'attendait certainement pas à ce qu'il lui demande de se déshabiller comme ça, maintenant, sans le moindre contexte.
Il veut la tester, c'est évident.

Elle ne bouge pas, ses mains accrochées à son manteau.
Elle s'attend à ce qu'il insiste, ou dise quelque chose au moins, mais rien, il se contente de la regarder, et finalement, il va même s'assoir tranquillement dans un fauteuil.

La jeune femme est perdue et stressée. Alors finalement, avec toute la fierté et la provocation dont elle est capable, elle dit la tête haute:

-Je ne vais pas me déshabiller comme ça hein, vous pouvez attendre encore longtemps.

Tout à fait détaché, il répond alors simplement, sciant les jambes d'Opaline:

-Tu peux partir dans ce cas.