Chap. 22

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-Tu as des frères et soeurs?

Opaline cesse de mélanger la pâte et lève les yeux vers Swann, un sourcil froncé.

-Haha quoi? C'est une simple question, ne me regarde pas comme si j'avais noyé des chatons.

La jeune femme ne pensait pas être aussi lisible et retourne l'air de rien au mélange de la pâte pour la quiche en répondant machinalement:

-J'ai deux frères. Et vous?
-Tu dois être surprotégée... Une chance pour les voir débarquer ici et m'assassiner pour avoir osé fouetter leur chère sœur?

Opaline éclate d'un petit rire teinté d'ironie:

-Non, ça ne risque pas. On n'est pas très proches. Et vous alors? Vous n'avez pas répondu.
-Je suis enfant unique.
-La chance.
-On envie toujours ce qu'on n'a pas. Moi j'aurais adoré avec un frère ou une sœur.
-Oui c'est vrai... Par exemple moi je suis très envieuse de toutes les femmes sur terre qui sont en train de se faire baiser par un dieu au lieu de faire une quiche...

Aussitôt, une claque magistrate vient atterrir sur sa fesse gauche, tout près de la ficelle de son string bleu.
Elle sursaute en poussant un petit cri et lâche le saladier sur le plan de travail pour faire volte-face, mais Swann est déjà retourné aux poireaux qu'il découpe.

-Comme si tu n'y attendais pas...
-Pas aussi fort non! Ça fait mal.

Elle se tortille pour regarder sa fesse déjà rouge avec la trace de la main.

-Je sais. Fais attention au saladier, tu aurais pu le casser.
-Vous n'aviez qu'à pas me frapper.
-Tu n'avais qu'à pas dire de bêtises.

Opaline hausse les épaules et se remet à mélanger, puis elle verse la préparation dans un moule qu'elle met au four.

-Il me faut mon téléphone.
-On peut savoir pourquoi?
-Pour mettre un chrono.

Alors, l'homme sort de sa poche arrière de pantalon son propre portable et met un minuteur.

-Voilà.

Opaline se mord l'intérieur de la bouche. Et après un instant:

-J'aimerais quand même bien le récupérer.
-Quoi donc?
-Vous savez très bien de quoi je parle.
-Tu n'as pas besoin de ton téléphone.
-Qu'est ce que vous en savez?

Et sur ces mots, elle quitte la cuisine pour aller dans le salon près de l'entrée là où elle avait atterri la première fois et où elle avait laissé son sac. Mais elle ne le retrouve pas. Elle retourne à la cuisine où Swann est maintenant en train de faire revenir les poireaux à feu doux.

-Où il est?
-Ça ne te regarde pas. Tu es accro à ton portable c'est évident.
-Je veux l'avoir. Je dois prévenir certaines personnes de où je suis.
-Tu y auras le droit seulement si j'estime que tu es assez sage pour le récupérer quelques instants. En attendant, je peux te donner du papier, des enveloppes et des timbres.
-C'est une blague?
-Absolument pas. En deux ou trois jours tous les proches que tu souhaites auront reçu tes lettres. Pas le temps de s'inquiéter. Et je sais par Adam que tu n'es pas si proche de ta famille, ce que tu viens de me confirmer.
-J'ai des amis!
-Qui devront attendre patiemment que mademoiselle se décide à être sage.

Opaline enfonce les ongles dans sa main pour ne pas dire une bêtise qu'elle regretterait. Il a toujours un coup d'avance sur elle ce qu'elle trouve inacceptable. Mais visiblement, sa seule solution est d'aller dans son sens.
Sans un mot de plus elle ouvre un placard et met la table en ravalant sa colère.

-Un verre de vin?
-...Je veux bien oui.
-« S'il vous plaît ».
-...S'il vous plaît...
-Bien.

Il sort une bouteille de blanc et serre deux verres. Elle s'apprête à déposé le ses lèvres mais il voit qu'il s'approche d'elle pour trinquer. Elle fait sonner son verre contre le siens et Swann dit avec un sourire:

-À la marque de ma main sur ta fesse.

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