Chap. 5

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Opaline est réveillée en sursaut par la portière qui claque.
Il lui faut quelques secondes pour comprendre pourquoi elle ne voit rien, et son coeur se remet à battre la chamade.
Adam vient de sortir de la voiture. Il fait le tour et ouvre celle à l'arrière. Il détache la ceinture et la tire par le bras pour la faire assoir puis l'aider à sortir. La jeune femme gémit de plus belle, pour l'interroger, lui faire comprendre qu'elle ne a marre, qu'elle veut qu'il lui retire cette cagoule et lui donne des explications.
Mais il se moque de ses plaintes inarticulées et la pousse pour la faire avancer. Avec ses poignets attachés, son équilibre est plus précaire et elle croit un instant qu'elle va s'effondrer au sol. Finalement elle réussit simplement à marcher, à petits pas car ne pas voir est effrayant et elle ne veut pas rentrer dans quoi que ce soit.
Malgré la cagoule noire elle voit la luminosité à travers les mailles du tissu: il fait jour. Et par la fraîcheur sur ses jambes nues elle comprend que c'est le matin. Ils ont donc roulé plusieurs heures. Mais où donc l'emmène-t-il?
Sont-ils en pleine rue? Des gens la voient ils dans cette tenue improbable? Elle espère que non. Elle ne se remettrait pas d'une telle honte.

Il marchent un moment avant de s'arrêter devant ce qu'Opaline devine être une porte. Ils entrent et quand la porte se referme la luminosité a vraiment diminué, la rendant de nouveau tout à fait aveugle et prisonnière du noir le plus complet.
Elle aimerait tellement qu'il lui parle, qu'il la rassure. C'est bien sa punition, elle en est certaine maintenant, et pour une fois cela ne lui donne plus du tout envie de brater de nouveau. Elle aurait aimé être sage comme une image et ne pas subir tout ceci. Être dans l'inconnu est insupportable, elle a besoin de savoir ce qui se passe où elle va se mettre à hurler ou pleurer.

Mais finalement, ses prières sont vites entendues.
Adam pose sa main sur son épaule pour la faire mettre à genoux sur le sol. Et enfin, il lui retire la cagoule.
Opaline est aveuglée quelques secondes et doit s'habituer à la luminosité. Elle papillonne des paupières, et devine debout devant elle non pas une, mais deux silhouettes humaines.

Elle est agenouillée au milieu d'un salon au style froid, métallique et cuir, du genre qui lui fait immédiatement penser à l'imaginaire du BDSM, et cela ne lui dit rien de bon qui vaille.

Devant elle, elle distingue enfin le visage d'Adam. Mais il n'est pas seul. A ses côtés: un autre homme. Un peu plus âgé peut-être, elle n'en est pas certaine. Ses cheveux blonds sont coiffés vers l'arrière et une petite mèche rebelle glisse sur son front. Ses yeux verts la fixe, tout comme ceux bleus d'Adam.
Trop de questions lui viennent à l'esprit, mais même si elle n'avait pas de bâillon elle est si étonnée et perdue qu'elle n'aurait pas été certaine de réussir à sortir le moindre mot de sa bouche.

C'est finalement Adam qui brise le silence.

-J'espère que le voyage t'a plu, et que tu as pu te reposer. Je te présente S.

Cette fois, c'en est trop.
Opaline avance ses mains attachées vers sa bouche et veut tirer sur le bâillon, tout en posant un pied au sol pour se relever. Mais aussitôt, l'inconnu l'arrête:

-Je te le déconseille Opa.

Il connaît son prénom. Personne ne l'appelle Opa, pour qui se prend-t-il?
Sa voix était calme, presque douce. Cela résonnait plus comme un conseil qu'une menace.
La jeune femme hésite un instant, mais après tout elle se dit que sa meilleure chance de comprendre ce qui se passe est d'aller dans leur sens. Alors elle repose son genoux à terre, et laisse retomber ses bras devant elle.

S lui fait alors un infime signe de tête, tandis que son visage est tout à fait neutre, comme pour lui dire « sage décision ».

Elle le fixe quelques instants puis reporte son attention vers Adam, et le foudroie du regard, exigeant de comprendre.
Alors, le jeune homme lâche enfin:

-A partir d'aujourd'hui tu ne m'appartiens plus. Je t'ai cédée à S.

Coeur de brat Where stories live. Discover now