Chap. 1

5.5K 228 12
                                    


Le soleil se couche à l'horizon, et la lumière orangée et chaude des dernières minutes de jour caresse la peau d'Opaline à travers la baie vitrée. A genoux dans son studio, nue, cuisses écartées, les mains derrière la tête, elle attend patiemment que le soleil disparaisse enfin complètement.
Posé sur le sol, debout devant elle, son portable qui la filme en direct. Le timer indique que le FaceTime dure maintenant depuis une heure et dix-huit minutes. Elle n'en peut plus. Son corps est à la fois anesthésié et douloureux. En particulier ses jambes complètement endolories et lourdes. Elle craint déjà la douleur lorsqu'elle va les déplier et que le sang va de nouveau circuler librement.
Elle se voit dans le petit rectangle en bas à gauche, mais tout le reste de l'écran est noir. Il a éteint sa caméra, et son micro. Il ne dit pas un mot, et en fait, peut-être ne la regarde-t-il même pas. Mais bien-sûr, Opaline ne peut pas en être certaine, et elle ne peut donc pas prendre le risque de mettre un terme à sa punition avant que cela lui soit permis.
Elle doit rester ainsi qu'à ce que le soleil soit couché. Plus que quelques petites minutes, elle sait qu'elle en est capable, elle a connu pire. C'est une punition d'endurance, elle sait mieux gérer ça que la douleur vive des coups. Et puis, elle l'a mérite évidemment, comme d'habitude.
En fait, Opaline s'attendait à bien pire punition que ça au vue de ce qu'elle a fait. Lorsqu'il lui a dit de se mettre dans cette position et tenir jusqu'à la nuit, elle a eu du mal à cacher son étonnement. Elle est allée un peu trop loin cette fois, elle s'en est atrocement voulu et était prête à subir toutes les punitions qu'il aurait jugé bon. Pourtant, juste ça. Juste cette position en se filmant. L'a-t-elle déçu au point qu'il en a assez de trouver des punitions cinglantes?

Finalement, le soleil disparaît totalement et la nuit plonge la pièce dans l'obscurité.
Opaline laisse lourdement ses bras retomber et déplie lentement ses jambes, les dents serrées de douleur. Elle respire profondément quelques instants puis vient récupérer son téléphone.

-Maître?

Aucune réponse. Elle attend encore un peu. Mais soudain, la conversation est coupée. Il lui a raccroché au nez.
Opaline est déçue, et même assez triste.
Elle va dans leur conversation avec « Adam » et envoie:

J'espère que vous ne m'en voulez pas trop, et que ma punition vous aura satisfait. Je vous demande encore pardon Maître, je sais que j'ai dépassé les limites. Je veux vraiment être sage, pour vous. Je promets de ne pas recommencer une telle chose. Ne m'ignorez pas s'il vous plaît...

Elle se lève et jette son téléphone sur son lit avant de renfiler son t-shirt de nuit et sa culotte en coton noir.
Elle est contrariée. Au fond, l'ignorer est la pire punition qu'il peut lui faire subir. Elle préfère largement les châtiments physiques.
Mais elle sait également qu'elle n'est pas en droit de se plaindre ou de réclamer quoi que ce soit.
Leur conversation par messages a dérapé. En face à face, elle est toujours beaucoup plus sage que derrière son téléphone. Mais protégée derrière son écran elle ne peut pas s'empêcher de devenir insolente et provocatrice, comme si les conséquences ne pouvaient pas l'atteindre. Alors une fois de plus elle a voulu le taquiner, mais quand il lui a dit d'arrêter avant d'aller trop loin, elle n'a pas su se taire et a osé en toutes lettres le tutoyer et qui plus est avec insolence.
Elle relie le message.

Oh ça va, détends-toi, c'était une blague. Tu n'as donc définitivement aucun humour?

Elle a envie de se gifler. Mais pourquoi bordel avait-elle écrit une telle chose? À quel moment à t'elle pensé que ça pouvait être une bonne idée d'une manière ou d'une autre?
Le tutoiement est l'une des choses les plus irrespectueuses qu'elle pouvait faire. Dans une remarque en plus sarcastique, elle a touché le fond. Il n'aurait plus manqué qu'elle le traite de petite salope et elle pouvait directement sauter d'une falaise pour espérer racheter ses fautes.
Même lorsqu'ils n'étaient pas encore en relation Ds* elle le vouvoyait déjà. Ils n'ont jamais communiqué autrement qu'elle par le vouvoiement et lui le tutoiement.
Elle a toujours été brat*, c'est même son identité même de soumise, ça fait partie d'elle. Mais la frontière est mince entre taquinerie et manque de respect.

Va-t-il mettre un terme à leur relation? La punir en ne lui parlant plus pendant des jours? Des semaines?

Opaline ne peut pas s'empêcher de se monter la tête. Elle ne veut pas tout gâcher. Cette relation est importante pour elle, et l'est de plus en plus chaque jour. Elle s'est attachée malgré elle à cet homme qui ne devait être à la base qu'un Dom comme un autre. Leur relation dure depuis quatre mois maintenant et s'est en fait sa plus grosse relation Ds avec qui que ce soit. Elle y est épanouie et s'y sent en confiance et sécurité, et si elle gâchait tout à cause de son caractère si rebelle, elle ne se le pardonnerait pas.

Comme elle ne sait pas quoi faire d'autre, elle décide de se mettre simplement au lit et espère que son cerveau arrête de cheminer et qu'elle puisse trouver le sommeil.
Elle retire sa culotte - il lui interdit de dormir avec à l'exception de quand elle a ses règles- et se blottit dans sa couette.

Bien-sûr, elle met des heures à s'endormir, et tourne encore et encore dans son lit. Mais vers deux heures du matin elle sombre dans le sommeil.
Et une heure plus tard, dans la nuit noire, sans qu'Opaline ne l'entende, sa porte s'ouvre...

Coeur de brat Where stories live. Discover now