Coeur de brat

Chap. 4

La cagoule rend sa respiration humide et l'empêche de prendre autant d'oxygène qu'elle ne souhaiterait pour calmer l'angoisse qui monte en elle.
Elle sait que c'est Adam bien-sûr, mais elle ne sait pas ce qu'il compte faire.
Après l'avoir ainsi bâillonnée et aveuglée, il a attaché ses poignets avec des liens tirant sa chair. Elle aurait aimé lui poser des questions, se rassurer, mais impossible de sortir le moindre mot.
Toujours en simple t-shirt trop long, elle a senti un poids venir sur ses épaules et a deviné qu'il s'agissait de son manteau. Puis une main a saisie l'une de ses chevilles et elle a poussé un gémissement de peur mais finalement ce n'était que pour guider son pied dans une chaussure, puis son second.
Opaline s'est laissé faire, intriguée et apeurée.
Entre ça et son entrée silencieuse de tout à l'heure, il veut lui faire peur cette nuit, c'est évident. Est-ce sa manière de la punir finalement? En lui retirant tous ses repères et n'accédant à aucune de ses interrogations en ne disant même pas un mot. Il n'a même pas la pitié de lui confirmer que c'est bien lui qui est en train de la kidnapper et pas un tueur en série trafiquant d'organes...

La jeune femme essaye de rester calme et maîtresse d'elle-même.
Après tout, elle a toujours pu lui faire confiance, il n'a jamais fait quoi que ce soit de vraiment dangereux ou qui dépassait les limites* qu'elle avait fixé.

Il la pousse gentiment pour la faire avancer et même sans voir, Opaline comprend qu'ils quittent l'appartement. Elle entend les clefs refermer à double tour derrière eux, puis ils prennent l'ascenseur.
Et s'ils croisaient un de ses voisins?! Vu l'heure il y a peu de chance, mais elle ne peut pas s'empêcher d'être nerveuse. Elle n'aime pas ce qui est en train de se passer, il aurait au moins pu la prévenir... Heureusement, il n'y a pas de caméras de surveillance dans son immeuble.

Ils sortent et Opaline sent le vent frais de la nuit mordre ses jambes. Ils marchent à peine quelques mètres et une portière de voiture s'ouvre. Adam la guide à l'arrière et fait attention à ce qu'elle ne se cogne pas la tête. Il l'allonge sur la banquette arrière et attache la ceinture de sécurité au niveau de sa taille. Il referme la portière et pendant quelques secondes, seul le silence de sa propre respiration et de son propre cœur qui bat parvient aux oreilles de la soumise.
Mais la portière côté conducteur s'ouvre et Adam s'installe au volant. Il pose à côté de lui un sac qu'il a préparé avec quelques affaires d'Opaline. Il s'apprête à démarrer mais est stoppé par un gémissement mécontent et plaintif à l'arrière. Opaline veut des réponses, c'est évident. Elle est en train de perdre tous ses moyens, et en la regardant dans le rétroviseur il se dit que cela ne lui fait pas de mal, que ça calmera un peu ses ardeurs.

Alors, sans un mot, il démarre.
Le temps passe, et contre toute attente, Opaline s'endort, bercée par les ronrons du moteur et emmitouflée en boule dans son manteau.