Chap. 40

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C'est la dernière journée. Demain, Opaline partira, et en y pensant elle a un petit pincement au cœur. Retourner à une vie classique, un quotidien « normal », loin de la débauche permanente et de la tension sexuelle si prenante à chaque seconde. Mais surtout, Swann et elle n'ont jamais abordé le sujet de la suite, du « après » ce séjour. Vont-ils se revoir? Poursuivre leur relation BDSM? Ou était-ce justement un instanté, avec une fin précise et donnée?
Opaline se mentirait à elle même si elle se disait qu'elle ne veut pas me revoir, qu'elle ne veut pas poursuivre. En trois semaines à ne côtoyer que lui (à l'exception de la soirée), elle a appris à l'apprécier pour de vrai. Certes, le sexe est exceptionnel, les orgasmes qu'il lui donne aussi, et elle n'a jamais été aussi épanouie de s avis à ce niveau, mais au delà de ça, ils ont une belle complicité. Ils rient ensemble, peuvent discuter de tout et de rien, ont des caractères compatibles et tranquilles. Alors pourquoi tout ceci ne fonctionnerait pas hors de cette maison, même en se voyant moins?
Au fond, elle sait que l'abandon si soudain d'Adam la marque encore. Elle n'était ni amoureuse, ni particulièrement soumise avec lui, mais elle ne s'attendait pas à ce qu'il se débarrasse d'elle si facilement et sans le moindre remord. Elle pensait quand même avoir une relation de confiance et avec un minimum d'attachement et de respect réciproque meus elle se trompait. Alors pourquoi ne serait-ce pas la même chose avec Swann? Peut-être qu'il n'apprécie pas autant qu'elle leurs rapports, leurs moments passés ensemble, leur complicité... Après tout, il n'essaye jamais de mettre ce sujet sur la table.
Opaline ne veut pas gâcher leur dernière journée de luxure, surtout qu'ils vont voir ce soir la pièce qu'il a mise en scène et qu'une mauvaise ambiance ne serait pas la bienvenue, mais elle ne peut pas s'en empêcher, elle a besoin d'aborder la question.

-On baisera encore... après?

La question est tombée comme un cheveu sur la soupe, sans la moindre préparation. Swann est allongé sur le lit, les yeux clos et la respiration calme, se reposant après l'orgasme matinale qu'elle vient de lui donner avec sa bouche. Il ouvre les paupières et tourne son visage vers elle pour la dévisager. Elle est tournée vers lui, sa tête sur son bras, l'expression grave. Après un instant de silence il éclate de rire, et Opaline se vexe:

-Pourquoi vous riez?
-Je ne m'attendais vraiment pas à cette question, encore moins formulée comme ça, dit il en se calmant.

Mais il constate qu'elle ne rit pas du tout, alors il sourit et se tourne vers elle:

-Ça dépend. Tu en aurais envie?
-A votre avis si je pose la question...
-Ces trois semaines ne t'ont pas traumatisée?
-Si complètement mais bon je suis en plein syndrome de Stockholm là donc bon, autant continuer non?

Il a un nouveau petit rire puis hoche la tête:

-Tu as sans doute raison, ça serait raisonnable de poursuivre ton éducation, surtout en si bon chemin.

Elle fronce les sourcils et prend un air faussement outré:

-Je suis très bien élevée merci bien, contrairement à d'autre.
-Moi je suis mal élevé?
-Qui a sa queue à l'air en compagnie d'une jeune femme innocente en cet instant?
-...Je plaide coupable.

Ils rigolent ensemble puis s'observent en silence un moment, leurs corps nus et encore moites de plaisir tous proches. Swann caresse du bout des doigts le bras de la jeune femme. Cette dernière finit par briser le silence dans un murmure:

-Je peux vous demander une faveur?
-Je t'écoute.
-Si vous avez envie à un moment ou à un autre de mette fin à cette relation, dites le moi simplement en face. Ne faites pas comme Adam. Ne me trahissez pas comme lui l'a fait. Même si je suis très heureuse de vous avoir rencontré, c'était humiliant et... triste.

Swann la regarde gravement quelques secondes, ses doigts immobilisés, puis il dit d'un ton solennel:

-Je te le promets.

Elle sourit un peu tristement en détournant le regard. Il reprend, d'un ton plus léger:

-Mais ne t'inquiète pas, je n'ai pas l'intention de me lasser de toi. Pas tant que tu auras encore la moindre petite fibre d'énergie pour brater.
-Alors vous ne vous lasserez jamais.

Il hausse les épaules en fermant les yeux et la tirant contre lui pour l'étreindre comme avant de dormir, et dit simplement contre sa peau:

-Ça me va parfaitement.

Coeur de brat Where stories live. Discover now