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Rosália

Rapidement mes pas me ramènent à la salle principale, encore interloquée de ce que je viens de voir je décide de prendre une minute pour souffler. Les grandes portes battantes de l'entrée s'ouvrent laissant l'air frais de la nuit recouvrir mon corps bouillonnant. Naturellement, c'est la cigarette coincée entre mon index et mon majeur qui me permet de m'évader.

–Bordel de merde... J'expire, parlant à moi-même.

Qu'est-ce que cette ville m'a apporté ? La réponse est rien. Depuis ma venue ici je ne fais que sombrer un peu plus dans l'auto-destruction. Incapable de tenir ma promesse je finis par me perdre dans mon propre jeu, alors que c'était moi le maître. J'avais tout préparé pendant ces huit dernières années, mais voilà que je faute à cause de ses beaux yeux d'un marron intense. Se perdre dans les yeux d'un autre, s'est lui donné l'opportunité d'y voir votre âme. Aussi brisée soit-elle, aucune barrière ne protège votre cœur ni les démons intérieurs que vous combattez depuis tant d'années.

Il m'a laissé voir son âme.

Je n'ai pas su y prendre soin. Complètement désarmée face à son amour grandissant, il m'était impossible pour moi de le comprendre. J'ai vu sa souffrance, ou plutôt celle qu'il voulait que je vois. Comme enfoui dans un coin de son être, il me manque une partie de son histoire. Il me manque huit ans de sa vie.

Un raclement de gorge me réveille instantanément. Des pas se rapprochent et au son de ces derniers je devine facilement que c'est un homme. Nos épaules se frôle lorsque je relève la tête pour finalement regarder l'inconnu qui n'est autre que mon patron.

–Les étoiles ne brillent pas beaucoup ce soir. Il rétorque d'un ton détaché.

–Si t'es venu me parler des étoiles, je ne me suis pas reconvertie dans l'astronomie stellaire. Je me tourne pour lui faire face. Cependant tu peux dire à ta coéquipière que notre marché est rompu.

Délicatement, il libère mon cou en positionnant mes cheveux derrière mon épaule tout en l'épiant attentivement. Un léger rictus aux lèvres, je le regarde sortir une fine chaîne en or de sa poche de costard. La respiration haletante et les larmes aux yeux, je le laisse se rapprocher de moi. Mais avant qu'il ne soit trop tard, je recule d'un pas, le faisant s'arrêter net.

–Je t'ai demandé de faire passer un message, je l'ordonne froidement. Pas de me remettre ta chaîne autour du cou comme une chienne en cavale.

Il penche sa tête sur le côté comme ci il tentait de comprendre ma soudaine hostilité. Jamais il ne quitte ce rictus arrogant parfaitement tracé. Je croise mes bras contre ma poitrine, le menton relevé en attendant un aveu de pied ferme.

–Tu penses donc que je te considère comme une chienne en cavale ?

–Je pense surtout que tu me mens.

Il sourit de plus belle.

–Je ne ferais jamais quelque chose si ce n'était pas nécessaire.

Ses réponses sont vaseuses mais avec une profondeur inquiétante. Comme un message caché dans chacun de ses gestes ou dire, je tente de le décrypter dans son entièreté. Et pour la première fois, Zacharia est impassible. Son arrogance ne se démonte pas, et comme un personnage qu'il joue à la perfection, rien ne le fera revenir sur ses retranchements. Assurément, je me rapproche de lui attrapant la fermeture de sa veste en tirant dans ma direction.

–Écoutez moi bien bastardos, aucun et je dis bien aucun de vous ne sera la raison de ma perte. Dis à ton équipe de bouffons que c'est moi qui retrouvera cette clé usb avant même que vous n'ayez le temps de me la remettre à l'envers. J'en ai plus rien à foutre si vous me pensez coupable de ce meurtre, à partir de maintenant que le meilleur gagne.

REVENGE MEWhere stories live. Discover now