Faire le ménage

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Mon corps ne répond plus, mes jambes semblent complètement enracinées au sol. Je parviens seulement à tourner la tête dans tous les sens tel un suricate.

— Oliver, as-tu vu Lana  ?

— Non, je ne l'ai pas aperçu, me répond t-il en scrutant les environs, tu lui as envoyé un message  ?

Un message, bonne idée. Je dégaine mon portable et pianote sur les touches comme si ma vie en dépendait. Sa réponse est quasi instantanée, à croire qu'elle avait déjà son téléphone entre les mains (ce qui est fortement le cas d'ailleurs).

— Elle vient de me répondre, elle arrive dans moins de cinq minutes...

Cinq minutes, c'est long, beaucoup trop long... Je n'arrive plus à bouger, plus à réfléchir, j'ai envie de pleurer, de rentrer chez moi et de m'enfouir sous la couette jusqu'au lendemain matin. Pourquoi le destin a décidé de me mettre dans le même bus qu'Oliver ce soir  ?

— Viens avec moi Céleste, on va l'attendre devant le terrain de foot.

Oliver me prend la main avec précaution en appuyant son geste d'un sourire doux. Je lui souris à mon tour et referme ma main sur la sienne. Mes pieds acceptent enfin de bouger et de suivre la cadence de mon ami. Je me retrouve plantée face au terrain de foot, ma main serrant toujours celle d'Oliver comme pour retrouver une certaine contenance.

— Je ne vois pas Antho et l'équipe aux alentours, ils doivent être en train de se changer aux vestiaires.

J'entends ses paroles, mais je n'y réponds pas. Je sens qu'il y a du monde autour de nous, d'autres lycéens qui assistent à l'entraînement, mais je me sens incapable de les regarder. Peu importe qui se trouve autour de moi, Lana n'y est pas, c'est tout ce qui m'importe.

— Auster  ! T'es dans la lune ou bien  ? Réveille-toi un peu  !

L'appel de son nom me procure une décharge électrique dans tout le corps. C'est vrai qu'il est là, sur ce terrain, devant moi. Son regard croise le mien. Je pense l'espace d'un instant à retrouver une certaine contenance en me raccrochant à ses yeux, mais ce que j'y perçois, me déstabilise plus qu'autre chose. Son regard est fermé, sévère. J'ai l'impression de recevoir toute sa colère de plein fouet. Mais pourquoi  ? Que s'est-il passé pendant ce laps de temps où nous n'étions pas ensemble  ?

— Céleste, tu veux que je reste avec toi le temps que Lana arrive  ?

Oliver  ! Lui, moi, à côté l'un de l'autre. Sa main dans la mienne. Lucas serait-il jaloux de nous voir ensemble  ? Je me dépêche de retirer ma main comme si elle était en train de me carboniser les phalanges.

— Je peux l'attendre toute seule, me hâté-je de répondre. Tu peux aller te changer.

Je me sens honteuse et coupable, mais pourtant, je ne devrais pas. Je suis en train de me faire encore plus de nœuds au cerveau.

— Auster  !!! Cesse de rêvasser et concentre toi, nom d'un chien  ! Continue comme ça et tu finis l'entraînement sur le banc de touche  !

Je n'ai pas le temps d'observer ce qu'il se passe sur le terrain, que je l'entends m'appeler.

— Sissi  !

Je me retourne et lui saute dans les bras. J'ai presque envie de pleurer en la voyant. Toutes mes questions s'évanouissent au moment-même où je sens son parfum de rose et de mandarine.

— Sissi... s'inquiète-t-elle en me serrant plus fort entre ses bras, tout va bien  ?

— Oui, acquiescé-je en me retirant de son étreinte, tout va bien maintenant que tu es là.

La gardienne Céleste - Tome 2 : DestinéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant