Confidences d'une meilleure amie

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Je suis au milieu d'une forêt obscure. Tous les arbres sont dépourvus de feuilles qui jonchent le sol. J'avance, d'un pas tremblant, à travers ce sombre paysage. Des odeurs de rosée et de brûlé se mêlent dans l'air. Je discerne un petit lac au loin encerclé par les flammes. Je tente de me rapprocher de cette source d'eau et de chaleur. Je sens la douce brise me traverser le corps. Le vent joue avec les flammes et provoque des tumultes à la surface de l'eau. La forêt ténébreuse semble moins sombre tout d'un coup grâce aux rayons du soleil qui font leur apparition. Je sens alors une chaleur près de ma poitrine et perçois un halo de lumière enveloppant mon corps. La lumière en devient presque éblouissante. J'entends soudain un son strident et continu.

Ce rêve, encore et toujours de rêve... Mais il semble sensiblement différent à chaque fois. Comme si des choses s'y ajoutaient, mais pour quelle raison  ? Ce qui est étonnant, c'est que je m'y sens de moins en moins mal à l'aise et j'ai l'impression que la lumière se fait plus intense à chaque fois... Bref, je n'ai pas le temps d'y penser pour l'instant je dois filer au lycée.

Ma journée au lycée fut une véritable épreuve. J'ai tenté d'éviter Oliver toute la journée et j'ai esquivé avec brio les questionnements de mes amis. Je suis terriblement triste et je ne peux en parler à personne. Comment puis-je leur expliquer ma rupture avec Oliver  ? Ils ne comprendront pas... Nous nous aimions, non, nous nous aimons encore d'un amour si fort mais nous préférons nous séparer. Qui peut accepter une telle situation sans explication  ? Certainement pas mes amis, et encore moins Maligo qui traque la moindre info pour publier l'article que tout le monde attend. J'en ai marre. Comme si je n'avais pas assez à penser. Ma rupture avec Oliver, les révélations de Windy... J'essaye de me remonter le moral en me disant que mes deux parents ont fait tant de sacrifices par amour pour moi. Pourtant, je me dis aussi que si je n'avais pas été là, ils vivraient sûrement tous les deux, heureux et amoureux. Et comme ça je suis la gardienne qui mettra fin à la guerre entre les royaumes  ? Je pensais être une gardienne ordinaire suivant la trace de ses aînées, mais apparemment je serai plus que ça. J'ai encore plus de responsabilités que ce que j'imaginais. C'est terrifiant. Je suis tellement perdue dans mes pensées que je n'ai même pas entendu la sonnerie annonçant la fin des cours. Je relève la tête. La salle est vide, ils sont tous rentrés chez eux, je devrai en faire autant. Je décale ma tête pour récupérer mon sac quand je découvre Lana à ma droite plongée dans un livre.

— Tu as fini de ruminer  ? me demande-t-elle amicalement.

— Tu m'attendais  ?

— Tu n'as rien de prévu dans l'immédiat  ?

— Je voulais partir m'endormir en espérant ne plus jamais me réveiller.

Lana ferme son livre d'un coup sec et le range promptement sans le ménager. Je pense que j'y suis allée un peu fort.

— Alors suis-moi, m'ordonne ma meilleure amie.

J'enfile ma veste et jette mon sac sur l'épaule. Je ne sais pas ce que Lana a dans la tête, mais je lui fais confiance. Puis ça sera toujours mieux que de morfondre seule chez moi. Nous traversons l'établissement et montons dans un bus sans un mot. Lana ne prend quasiment jamais le bus, ce sont ses parents qui viennent toujours la récupérer. Où allons-nous  ? Nous quittons la ville pour nous diriger vers une zone industrielle. Que faisons-nous ici  ? Nous ne passons jamais par-là, il n'y a absolument rien à part des bureaux et des entreprises professionnelles. J'observe le paysage défiler sous mes yeux et me tourne vers ma meilleure amie qui reste prisonnière de son livre. Dans un sens, ce n'est pas plus mal car je n'ai pas besoin de lui expliquer mes tracas. Lana me tapote alors l'épaule.

— C'est ici qu'on descend.

Nous déambulons à travers le couloir du bus encore en marche et sortons à l'arrêt indiqué par Lana. Nous marchons silencieusement dans cette immense zone sans vie jusqu'à arriver près d'un chantier. Une grue surplombe les lieux et l'odeur de la terre fraîchement retournée embaume mes narines. Tout est calme, silencieux. Pas d'âme qui vive. Les travailleurs ont déjà regagné leur chaumière.

La gardienne Céleste - Tome 2 : DestinéeDonde viven las historias. Descúbrelo ahora