Chapitre 13

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Partie II - La Consécration

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Le réveil me tire sauvagement d'un doux rêve, qui fut bien trop court à mon goût.

Heureusement, son immonde sonnerie brise-tympans ne devrait pas être représentative de la belle journée qui nous attend.

J'appuie maladroitement sur le bouton d'arrêt en grommelant et enfouis ma tête sous l'oreiller. Cinq minutes plus tard, l'objet diabolique reprend son hurlement de plus belle. Ok, ok. Tu as gagné.

J'allume la lumière, et passe le cran sur la position "Off". Voilà. Ta gueule. La supériorité de l'homme sur la machine, messieurs-dames.

En bas, les bruits commencent à fuser. Des voix éraillées par la saoulerie de la veille se font entendre, les chaises de la cuisine crissent sur le parquet. Petit-déj Time.

Pas le temps de prendre une douche. Je me fourre la tête sous l'eau glaciale du robinet, passe un coup de brosse là où c'est nécessaire, enfile une robe de chambre et descends les escaliers pour rejoindre les autres.

- Bonjour petite marmotte !, lance Cunégonde en apercevant ma bouille déconfite par l'entrebaîllure de la porte.

- Mmmrh. Salut mes cocottes. J'ai bobo au crâne.

- Un cappuccino préparé avec amour spécialement pour toi, un bon gros croissant, et ça ira mieux, ricane-t-elle.

- Mouif. Merchi, réponds-je la bouche pleine, après m'être littéralement jetée sur ladite viennoiserie.

En effet, la réaction est quasi immédiate. Une bouffée de contentement envahit mon corps maladif.

Tout en grignotant frénétiquement, je contemple la scène. Notre cuisine est vraiment trop stylée. Le papier peint blanc cassé, ceint d'une frise aux motifs d'instruments de musique, s'accorde divinement avec l'architecture désuète de notre appartement et ses glorieuses poutres apparentes. Bien qu'elle n'ait aucune utilité concrète, j'adore tout spécialement la cheminée, au dessus de laquelle est suspendue une guitare électrique au look vintage - cadeau d'un admirateur. De l'encens brûle dans un coin, à côté d'une statuette de Ganesh, amenant une touche légèrement hippie à l'ensemble. Une atmosphère à la fois old school, baba et rock n' roll. La Classe à l'état pur.

Mes amis sont assis autour de la vénérable table en bois, chacun à sa place habituelle.

Fidèle à sa réputation, Julianne s'enfile son quatrième pain au chocolat en lâchant des cris de goret.

Cunégonde, bonne poire qui s'est levée à l'aube pour aller chercher de quoi se sustenter à la boulangerie, débat avec Gontran de la monoculture de l'huile de palme, tout en dégustant une savoureuse tartine de Nutella.

Gérald, lui, semble perdu dans ses pensées. L'appréhension le tiraille. A moins que ce soit la gueule de bois.

Manque à l'appel une seule personne. A la bourre, comme toujours.

- Coucou les amis ! Comment que ça va bien ?

En parlant du loup.

Je l'examine des pieds à la tête. C'est étonnant comme en un rien de temps, certains sont capables de changer du tout au tout. Bon, ce ne sont que des apparences, un déguisement rendu nécessaire par un nouveau rôle social bien particulier. Mais, quand même. Il y a quelques mois, je n'aurais osé l'imaginer porter une tenue correcte.

[Roman] Comment monter sa propre secte dans son jardin ?Where stories live. Discover now