Le Cycle Élémentaire

Chapitre 13

Le groupe d'adolescentes se dirigea donc vers ce qui semblait être le bâtiment principal, Abby en tête. Elles devaient traverser une grande cour herbeuse, pour y accéder.

Les jeunes filles étaient à peu près à mi-chemin lorsque Willa vit une silhouette s'avancer au milieu du gazon. Il n'y avait que quelques adolescents debouts à cette heure-ci et ils étaient tous regroupés. Or, l'inconnu était seul. Il avançait apparemment vers les jeunes adolescentes.

Aucune des autres filles ne semblaient avoir fait attention à cette personne inconnue. Mais il y avait quelque chose, dans sa posture, dans son pas décontracté... Quelque chose qui lui rappelait quelqu'un... Beaucoup d'incertitudes pour une seule personne !

Mais il était totalement impossible pour Willa de distinguer plus nettement la silhouette avec le soleil levant luisant juste d'avant elle !

Mètre après mètre, la personne s'approchait. Et petit à petit, Willa se rendait compte que cette silhouette était un garçon. L'inconnu se trouvait maintenant à environ vingt mètres des adolescentes.

Willa s'était raidit dès qu'elle avait vu la silhouette et elle observa peu à peu la même réaction chez ses camarades.

Ce qu'elle avait prit tout à l'heure pour des pas décontracté apparaissaient maintenant comme une démarche courbée. Le garçon - car au fur et à mesure qu'il s'approchait, il ne semblait plus être plus âgé que les filles - semblait se tenir la gorge fermement.

Et c'est là, quant il fut à dix mètres d'elles et que sa tête cachait enfin le soleil et qu'il se retrouvait dans son ombre que Willa le reconnu.

Veste en cuir noir qui ne le quittait jamais. Cheveux méticuleusement décoiffés à bonnes doses de gel. Carrure musclée sans pour autant être trop baraquée. Et surtout... Surtout, une ébauche très évasive du sourire espiègle qu'il affichait même dans les situations les plus graves - y comprit quant il avait annoncé à Willa et Alison que sa petite souris albinos, Fearless, était morte.

Jean.

Mais que faisait-il là ?

Willa hésita. Et si elle se trompait et que ce n'était pas lui ? Elle n'avait pas spécialement envie d'être ridiculisée dans son nouveau lycée, et ce, avant même le début des cours ! Il n'avait absolument aucune raison d'être ici !

Mais les mètres les séparant diminuaient doucement, sous les efforts du garçon, les filles s'étant arrêtées, effaçaient graduellement le doute.

- iiiii... aaaa

Sa voix qui avait déjà muée depuis longtemps était grave et hypnotisante. Même si ici, elle était surtout cassée et incompréhensible. Mais cela n'empêcha pas Willa de ne plus avoir de doute.

Elle parcouru les quelques mètres restant pour rejoindre son meilleur ami.

- Jean !

Elle allait le prendre dans ses bras quant elle s'aperçut que la main sur sa gorge, qu'elle avait aperçut quelques instants plus tôt, était rouge.

"Tiens, il a fait de la peinture."

Mais Jean ne bougeait plus, pétrifié comme l'était désormais Willa. Elle n'osait pas s'approcher, sa logique contredisant fermement son esprit.

"Ce n'est pas de la peinture... C'est du sang ! Oh non ! Du sang !"

Willa franchit enfin le dernier mètre juste à temps pour amortir plus ou moins la chute de son ami. À bout de force, il avait lâché son cou.

Du sang gicla sur le haut de Willa désormais par terre à genoux, maintenant tant bien que mal la tête de Jean.

Elle retint un haut le coeur en observant la gorge du blessé. Elle essayait de voir la gravité et la profondeur de la blessure mais impossible, trop de sang sortait de la jugulaire de la victime.