CHAPITRE I.

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— Thaïs faut te lever mon cœur.

Je grogne en murmurant un mot incompréhensible tout en m'étirant.

— Allez, s'il te plaît debout.
— Laisse-moi un peu de temps...
— Tu n'as pas le temps, hurle-t-elle, tu te lèves et c'est tout. N'essaie pas de gagner du temps.

J'abandonne. De toute façon, je n'ai pas le choix. C'est un jour important pour moi puisqu'il s'agit de mon grand départ chez mon père. C'est un choix que j'ai décidé de prendre il y a peu de temps mais j'avais besoin de changer d'air et de rester un peu plus avec lui même si cela veut dire que je dois abandonner ma mère durant un temps indéfini.

Mes parents se sont séparés il y a quatorze années lorsque j'étais seulement âgée de trois ans. Ma mère a donc eu ma garde dès le début de cette séparation, j'allais donc chez mon père durant les vacances. Seulement j'ai arrêté d'y aller à dix ans. Je ne supportais plus les vacances chez lui : il paraissait toujours triste, ne parlait jamais et pour couronner le tout je ne m'étais jamais trouvée de personnes avec qui parler. Pour résumer la chose, c'étaient les vacances les plus ennuyeuses que j'ai pu avoir.

Mais cette fois, j'ai envie d'aller vivre chez lui. Ça fait des années que je ne l'ai pas vu et j'ai envie de rattraper tout ce temps. Bien évidemment pendant ce temps nous avons gardé contact et je ne débarque pas chez lui du jour au lendemain comme une vulgaire inconnue. En réalité j'ai besoin d'un amour paternel, bien que James, le nouveau mari de ma mère, m'en donne tout un tas et je le remercierai jamais assez, mais j'ai besoin de mon père. De plus, lui aussi s'est remarié avec une femme prénommée Alice et j'ai l'impression qu'elle l'a changé. Il a l'air heureux à nouveau. J'ai donc envie de connaître la cause de son bonheur.

Après avoir ouverts les yeux sous les cris de ma mère, je décide de descendre prendre le petit-déjeuner avec ma famille. C'est le dernier, il faut donc en profiter. Ma petite sœur m'accueille en criant, comme d'ordinaire, mais cette fois, elle me saute dans les bras. C'est ma petite fierté, c'est certainement celle que j'aurais le plus de mal à abandonner.

— Toi, partir ?

Elle est adorable avec son français encore approximatif et son petit air.

— Et oui mon coeur, je vais habiter chez mon papa, dans sa maison à lui.

Une larme coule sur sa joue et je me déteste de la quitter comme ça.

— Mais papa il est ici, dit-elle en pointant James du doigt.
— Junie, James c'est ton papa, pas le mien. Tu sais, James c'est pas mon papa. Moi mon papa il n'habite plus ici parce que ma maman et lui ne s'aimait plus alors ma maman a rencontré ton papa et elle est tombée amoureuse. Et puis alors tu es née. Alors on a la même maman mais pas le même papa.
— D'accord... Alors tu pars vraiment ?

Je hoche la tête incapable de lui répondre par des mots. Elle fond alors en larmes dans mes bras et cela me rend triste. Je ne suis pas vraiment du genre émotive mais ma petite sœur est mon point faible. Après qu'elle ce soit calmée je la repose et pars dire bonjour à ma mère et son mari.

— Alors prête pour le grand départ, me questionne James.

J'hoche négativement la tête. C'est la vérité, je ne me sens pas prête, j'ai peur. Peur de me sentir à l'écart une fois là-bas. Peur de regretter mon choix. Peur d'un tas de choses idiotes.

— Que se passe-t-il ma puce ?
— J'ai peur d'être exclue de leur famille. J'ai peur que la fille d'Alice ait pris ma place et que papa n'ait d'yeux que pour elle. J'ai peur de ne pas m'entendre avec sa nouvelle famille. J'ai peur du lycée aussi, parce que je ne connaîtrai personne et je n'aurais aucuns repères. En fait, j'ai peur d'être seule, partout.

Diamond - Old Magcon (EN RÉÉCRITURE)Where stories live. Discover now