En secret (Terminée)

20 - Le retour.

*** Point de vue de Lila ***

Nous venons de sortir de Burlington, à fond de train toutes sirènes hurlantes, s'il vous plait, et pour le moment, personne n'a décroché un mot. Mais à voir le nuage de vapeur qui se forme au-dessus de la tête de l'agent Dunnam qui est devant moi, je pense que le calme ne va pas durer.

- Mais qu'est-ce qu'il t'a pris, Lila ?! s'écrit-il d'un coup.

C'est parti.

- Je ne sais pas. Je voulais le voir, je réponds avec lassitude en regardant les lumières défiler par la fenêtre.

- Il te restait trois mois ! C'est n'importe quoi !

- J'étais trop près, il fallait que j'y aille, j'explique.

- Proche ou pas, tu n'avais pas le droit !

- Arrêtez de crier, étant à cinquante centimètres derrière vous, je vous entends très bien. Trop bien même, dis-je avec sarcasmes.

- Ne fais pas ta maligne, tu n'es pas en position pour cela, me reprend-il.

- Mais enfin, je suis allée dans ma ville, chez moi. Et puis quoi ? Je n'ai rien fait de mal.

- Tu as désobéi, et ça, bien sûr que si, c'est mal, répond-il sèchement.

- J'ai toujours été sage, ce n'est pas pour une petite...

- Il suffit d'une fois pour devenir un criminel, une seule fois ! s'énerve-t-il en me coupant la parole.

- Chef..., tente de tempérer l'agent à côté de moi.

- QUOI ! hurle-t-il.

- On le savait que Lila allait le faire et on l'a récupérée à temps, alors ça va, rien de grave, déclare l'agent pour me défendre.

- J'aurais voulu qu'elle me fasse mentir, bougonne-t-il un peu calmé.

- Et je vous aurais déçu, vous aimez trop tout savoir à l'avance et avoir raison, je glousse.

- Ce n'est pas drôle ! me reprend-il. Tu vas être punie, tu t'en doutes au moins ?

- Sérieux ? Comme si j'avais encore seize ans ? je réponds. Vous allez me priver de sortie pendant combien de temps ?

- Tu n'as jamais eu le droit de sortir, me fait remarquer l'agent à côté de moi.

- C'est un fait. Et ce que tu as fait aujourd'hui nous prouve que c'était une bonne chose, ajoute l'agent Dunnam.

- Je m'en fiche, je l'ai vu, je bougonne.

- Et ? Ce que tu as vu t'a plu ? Si nous ne voulions pas que tu gardes le contact avec lui, nous avions nos raisons. Ce type n'est pas bon pour toi, Lila, me sermonne-t-il.

- Mon oncle l'aime bien, je déclare.

- Il n'a pas la science infuse, il peut se tromper, m'explique-t-il. J'ai vu qu'il allait mieux au fait, me dit-il en se calmant.

Mon attachement à Shaun leur a toujours posé un problème, le seul me concernant d'ailleurs. Pour eux, agents fédéraux, un gars comme Shaun est une menace et n'est pas fréquentable, alors ils n'acceptent pas que je tienne autant à lui.

Je ne leur en veux pas de vouloir me détacher de lui, ils ont passé cinq années à tenter d'y arriver, mais ont échoué, et ça les agace profondément. Leur crainte est que Shaun me tire vers le bas en ayant une mauvaise influence sur moi. Mais moi, je sais que c'est tout l'inverse, s'il est si mal, c'est parce qu'il ne m'a pas pour le tirer vers le haut justement. Ils me trouvent prétentieuse et pensent que je surestime mes capacités en m'imaginant être assez forte pour lui. Je m'en fiche, mon oncle l'aime bien et je sais que ce n'est pas un hasard, il sait comme moi ce qu'il se cache sous la carapace de colère qu'a enfilé Shaun.