En secret (Terminée)

34 - Vieux souvenirs.

*** Point de vue de Lila ***

Les verres et boissons déposées sur la table basse, Léna et moi nous installons avec Choï et Amber pour trinquer. Je suis dans une autre dimension, maintenant, j'en suis certaine. Amber aussi se rend compte de l'incongruité de la situation et est mal à l'aise, elle se triture les mains sur ses genoux serrés. Je pense qu'il est temps de discuter et si possible, de cesser les puérilités indignes d'adultes, alors j'engage la conversation.

— Contrairement à ce que tu disais tout à l'heure, je ne te déteste pas. Je ne vais pas te mentir, je ne t'ai jamais trouvé sympathique non plus, je lui confie.

— En même temps, ça peut se comprendre, répond-elle en faisant la moue. Je n'étais pas vraiment la fille la plus gentille du lycée, admet-elle.

— Pourquoi étais-tu si agressive ? je questionne.

— C'est mon procès ? contre-t-elle sur ses gardes.

— Non, c'est juste pour savoir. Pour comprendre, répond Léna.

Amber nous regarde pendant quelques secondes, certainement pour s'assurer que nous n'avons pas l'intention d'en profiter pour lui faire sa fête, et une fois rassurée par notre calme, elle se détend un peu.

— J'étais juste une ado débile, j'imagine, soupire-t-elle. Je ne sais pas, je n'ai pas de réponse valable à vous donner. J'étais comme ça et je n'en suis pas fière aujourd'hui, je vous assure.

— Je te crois, et sur le fait que tu as surement changé, aussi, dis-je.

— Pourtant, tu as presque sauté sur Lila lorsque tu l'as revue, fait remarquer Choï.

— Lila... La fierté de la ville. Le grand amour du gars le plus convoité de la ville, enfin, avant, parce que maintenant, c'est loin d'être le cas, précise-t-elle. Tu es la pire chose que l'on a envie d'avoir sous son nez lorsque l'on se sent aussi mal dans sa peau que moi, quand tu sais que tu as foiré ta vie par stupidité d'adolescente. Alors oui, je le reconnais, j'étais amère de te revoir, toi et ta réussite, toi et ta perfection. En te regardant, c'est toute ma misère que je prends en pleine face, avoue-t-elle.

— Je peux comprendre, je réponds. Mais on pourrait aussi faire la paix et passer à autre chose.

Etonnée, Amber boit une gorgée en réfléchissant avant de me répondre.

— Tu es sincère ? Tu serais prête à me pardonner tout ce que je t'ai fait ? interroge-t-elle, méfiante.

— Amber, faire la guerre, c'est fatigant et en ce qui nous concerne, pas très utile. J'ai mieux à faire que d'entretenir des chamailleries stériles. Tu veux toujours Shaun ?

— Non ! s'exclame-t-elle presque horrifiée. Et je peux t'assurer que cela fait bien longtemps que je suis trop remontée contre lui pour avoir une idée pareille. Il s'est fichu de moi dès le début. Je n'ai pas mis longtemps à m'en rendre compte, il suffisait de voir sa façon de te regarder et surtout, de tout faire pour cacher qu'il ne voyait que toi.

— Pour cela, je suis désolée, sincèrement, dis-je avec sincérité.

— Et moi, autant pour te l'avoir fait payer, déclare-t-elle avec franchise. J'étais juste jalouse, mais tu ne m'as jamais rien fait, c'est indéniable.

— Shaun est la seule chose qui aurait pu être source de conflit entre nous, donc, il n'y en a plus. Et je pense que nous pourrions nous comporter comme des adultes désormais.