1 - Insomnie.

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Trois heures du matin et je ne dormais toujours pas. Les cauchemars ou plutôt cette connexion était de plus en plus effrayante. Je n'avais plus aucune envie de fermer l'œil, du moins psychologiquement je ne voulais pas.

D'horribles cernes foncées s'étaient installées sur mon visage, on aurait pu croire que j'étais malade, mais non. Mon corps réclamait simplement de longues heures de sommeil, que je ne pouvais, du moins ne voulais pas lui offrir. Cela faisait plusieurs jours que je cherchais à comprendre mes cauchemars.


Depuis quatre mois, il était peut-être temps que je m'y intéresse. Au départ, j'en avais parlé à mon médecin traitant. Au final, celui-ci m'a pris pour un fou, il avait préparé plusieurs ordonnances, afin que je passe un entretien psychologique. Par chance, le rapport du psychologue disait clairement que je n'étais pas fou. Pour lui, la cause venait du choc émotionnel suite à la disparition de ma femme. Une chose qui parait totalement logique, quand les nouvelles s'absentent du jour au lendemain.

Depuis ce jour-là, je cherche à comprendre par moi-même ou du moins, j'essaye d'analyser mes rêves. Plusieurs livres m'avaient occupé ces dernières semaines, la signification du rêve, le rêve dans la philosophie. Des livres sur les cauchemars, sur la possession, sur la connexion des âmes. Une montagne de livres qui ne m'aurait jamais intéressé en temps normal.

Une multitude de questions se bousculaient dans ma tête. J'aurais voulu avoir quelqu'un à qui me confier, quelqu'un à qui parler, mais je n'avais absolument personne. J'étais détesté de tous, j'ai eu très peu de compassion suite à la disparition de ma femme. Les gens s'en moquaient, pour eux je payais le mal que j'avais fait tout au long de ma vie. Seul mon frère était plus ou moins présent et encore.

Vous devez vous dire, mais qu'est-ce que cet homme a fait pour être autant détesté ? A l'époque, je vous aurais répondu, que la curiosité est un très vilain défaut, mais aujourd'hui ma vision est tout autre. Quand on se sent au-dessus de tout, on ne pense pas à l'impact de nos décisions ou même de nos simples paroles.

Il y a cinq ans, j'étais responsable des interventions délicates dans la police de New Orleans. Un fou furieux était entré dans un lycée armé d'un semi-automatique et d'un M16. J'ai donné l'ordre à mes hommes d'entrer à l'intérieur du bâtiment, sans prendre en compte les menaces, de l'homme qui avait pris en otages les trois quarts du lycée dans la salle de restauration. Ce jour-là, mon manque de professionnalisme coûta la vie de soixante-dix gamins âgés de quinze à dix-sept ans. Depuis ce jour, j'ai perdu mes fonctions, la ville entière me montre du doigt, et je déprime en attendant ma femme.

Cela faisait plus d'une semaine que je recherchais la maison que je voyais la nuit. En vrai, je ne savais pas grand-chose sur celle-ci. Dans mes visions nocturnes, l'état de la maison faisait savoir qu'elle n'était plus habitée. Elle était dans un renfoncement qui avait l'air masqué par des arbres. Après quelques recherches sur internet, j'ai découvert qu'une maison abandonné se trouvait dans un petit bois, non loin de Leesville en Louisiane.

Je me levais de la chaise sur laquelle j'étais installé depuis plusieurs heures. Une fois debout, je dus me tenir à mon bureau. Prit d'un vertige, j'avais légèrement perdu l'équilibre. J'attendis que ma vision redevienne claire et partis en direction de la cuisine. J'ouvris le frigo et pris un morceau de pizza qui restait de la veille.

En réalité, je me nourrissais plus par besoin physique, que par envie, l'appétit n'était pas vraiment présent. Le micro-onde dans lequel j'avais mis à chauffer la pizza, sonna. Je l'ouvris et pris mon repas, qui laissait s'évaporer une fine fumée par sa chaleur.

Je me dirigeai vers le tiroir où se tenait les couverts, quand je fus pris d'un nouveau vertige. Le manque de nourriture et de sommeil commençait à avoir de grosses conséquences. Le vertige passa rapidement.

Dès que je me sentis mieux, je ne pris finalement pas les couverts. Pas besoin d'avoir de bonnes manières quand on mange seul et rapidement. Je partis m'installer sur une chaise de la cuisine et pris la part de pizza entre mes mains. A peine j'eus fini la première bouchée, que la faim envahit mon corps. Si mon estomac avait pu me remercier de vive voix de le nourrir, il le ferait.Je pris le temps de regarder à nouveau ma montre, elle affichait trois heures quarante-deux. 

J'avais prévu de partir en direction de Leesville pour sept heures du matin. Je pris alors la décision de fermer l'œil quelques heures. N'ayant pas la force de rejoindre mon lit qui se trouvait à l'étage, je m'allongeais sur le canapé.

J'observais le plafond avec appréhension. J'essayais de garder mes yeux ouverts au maximum, j'avais peur de les fermer. Comme à chaque fois que je me couche, une vague d'angoisse prit tout mon corps en otage. Ma respiration devint soudainement difficile, je paniquais, mais je ne pouvais rien faire. Le sommeil étant trop important, mon corps céda. Mes yeux se fermèrent automatiquement en l'espace de quelques secondes. J'oubliais mon angoisse pour en découvrir une autre.

Mes yeux s'ouvrirent et une fois de plus, encore cette pièce sombre humide et puante. Comme toujours, je n'étais pas maître de mon corps, comme si seule mon âme voyageait en ce lieu. Joyce était assise sur ce qui lui servait de lit. Recroquevillée sur elle-même, tremblante, son regard avait l'air terrifié. Son visage était incroyablement sale, couvert de crasse et de terre. A force de voir cette pièce tous les soirs depuis plusieurs mois. De sentir cette odeur nauséabonde, d'entendre l'écho des gouttes d'eau s'écrasant dans une flaque. J'ai compris que l'endroit était un sous-sol, une cave ou bien un égout. Tout était très sombre, des rats grouillaient absolument partout. Les murs étaient humides, certains avaient même des tâches rouges vifs séchés.

Un lieu où personne ne mettrait les pieds volontairement, à moins d'être complètement taré. Soudainement, une femme hurlant comme une folle arriva dans la pièce, elle avait l'air furieuse. Son visage exprimait la haine, un regard noir et mauvais, comme si le diable était en elle. Chaque mot qu'elle prononçait était suivi d'un grognement étouffé, exprimant sa colère. Je la vis attraper Joyce par les cheveux et la traîner au sol. Ma femme se débattait, elle hurlait ce qui amusait celle qui l'attaquait. Elle passa devant moi sans que je puisse bouger, je voulu crier, mais aucun mot ne sorti de ma bouche. Je sentis l'énervement monter en moi, la rage était telle, que je voulais tout détruire, mais je ne pouvais rien faire.

***

J'espère que ce chapitre vous a plu.

Qu'avez vous pensez du chapitre ? 

Que pensez vous du personnage de Nate pour le départ ? 

Que pensez vous de son cauchemar ?

Un petit vote sa fait toujours plaisir :) 

CONNEXION ( Terminé )Where stories live. Discover now