11 - Une vie pour une vie.

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Elle avait énormément de mal à répondre à ma question. L'idée de se souvenir avait l'air de la détruire particulièrement. J'essayais au fond de moi de la comprendre, mais ce n'était pas facile. Il était difficile d'y croire, dans le sens où j'apprenais tout d'un coup du jour au lendemain, et qui plus est, trente ans après. Elle reprit la parole doucement, afin de m'expliquer.


— En grandissant Martha devenait de plus en plus forte. Elle arrivait à prendre le contrôle des gens ayant l'esprit le plus ouvert. Elle pouvait les pousser au suicide, ou tuer en les gérant. Elle a commencé par ton frère, pour s'entraîner... Mais quand elle a réussi à prendre le contrôle du corps de votre père, je vous ai mis dehors, en vous criant de partir pour vous sauver la vie...


Elle continuait son discours et je buvais ses paroles, comme hypnotisé. Elle m'expliqua que depuis le temps où elle nous avait permis de m'enfuir mon frère et moi, elle subissait les foudres de Martha. La maison était tombée en ruine petit à petit, ainsi que la vie de famille qu'elle avait tant voulue. Robert était constamment sous l'emprise de sa fille et quand il ne l'était pas, son esprit haineux de base, le faisait rester mauvais.

Joyce m'expliqua ensuite, qu'elle avait vu la femme agir plusieurs fois, et qu'une âme qui se faisait contrôler facilement pouvait muter. D'après elle, la mutation faisait une emprise constante de Martha sur la personne, sans même qu'elle ne prenne possession de son corps. Ce qui était plus ou moins le cas avec Robert.


— Comment Martha a-t-elle fait pour me retrouver ? Demandais-je curieux.

— C'est de ma faute Nate... J'ai toujours une photo de toi quand je pars pour un reportage, et elle t'a reconnu. C'est un peu grâce à ça que je suis encore en vie, elle a dû se servir de moi pour que tu viennes jusqu'ici, annonça-t-elle.

— Je sais qu'elle t'en veut énormément Nate, m'annonça ma génitrice et à la vue de l'expression de mon visage, elle poursuivit. Elle n'arrive pas à te contrôler. Ton âme est trop forte malgré tes faiblesses et tes erreurs, ce qui fait qu'elle ne peut pas te pousser au suicide. Dieu sait qu'elle a essayé...


Après plus de trente ans sans savoir qui était ma mère, elle avait le don de me rassurer, il faut l'avouer. Mine de rien, cette information était capitale à mes yeux. Elle passerait toujours par Joyce pour essayer de m'atteindre, car elle ne pouvait pas me contrôler. Cela voulait donc dire, que je pouvais l'affronter en face, elle ne pourrait rien contre moi.


— Et pourquoi nous avoir emmenés ici ? Questionna Joyce. Je ne connais pas cet endroit.

—Elle redoute plus que tout cet endroit. Elle y a été enfermée pendant bien trop de temps, mais...


Elle n'eut le temps de finir sa phrase, que la porte à l'autre bout du tunnel de pierre s'ouvrit dans un brouhaha infernal. Le son du moteur de la tronçonneuse raisonnait dans le tunnel et le bruit s'approchait à toute vitesse vers nous. Tous les regards présents dans la salle se dirigeaient vers le tunnel, la peur me gagnait, comment sortir d'ici ?

Soudain, Jeanne me demanda de l'aider à déplacer l'armoire en bois devant l'entrée de la pièce. Cela ne nous protégerait pas longtemps, mais elle retarderait quelque peu l'entrée de Robert. Ça ne pouvait être que lui sous le contrôle de Martha, vu qu'elle redoutait cette pièce plus que tout.

En me retournant, je découvris ma génitrice une barre de fer à la main, suivie de l'arme que j'avais en rentrant. Elle s'avança vers moi et me tendit l'arme sans dire le moindre mot, mais où avait-elle trouvé ces objets ? Je n'avais rien vu en entrant dans la pièce. Elle se dirigea vers le mur où se trouvait l'armoire avant que nous la déplacions et frappa de toutes ses forces.

Un trou se forma petit à petit, comme si un passage avait été rebouché. L'espace n'avait pas l'air bien large, il ne fallait pas être bien gros pour entrer la dedans.


— Passez par ici, vous allez atterrir dans les égouts. Ne vous arrêtez surtout pas et essayez de vous en sortir, dit-elle.

— Tu ne viens pas avec nous ? demanda-Joyce.

— Si il y a bien une chose que je ferais de bien dans ma vie, c'est mourir pour laisser une dernière chance à mon fils. Je ne t'ai pas offert la vie que j'aurais voulue, mais lui faire face te laissera du temps pour être suffisamment loin...


Une vague d'émotion intense envahit mon corps. Je ne tenais pas à cette personne, car au fond je ne la connaissais pas. Cependant, je savais qu'elle m'aimait comme une mère aime son enfant, elle était prête à tout pour que je vive, et cela me touchait au plus haut point. Afin de lui exprimer un petit geste de tendresse, le seul et l'unique qu'elle pourrait connaitre, je la pris dans mes bras. Le geste était un peu forcé, mais sincère. Je ne restai pas bien longtemps contre elle, elle émanait une odeur pestilentielle.


— Partez maintenant, dit-elle.


On lisait une grande émotion sur son visage, un pincement au cœur me perturba, je ne m'y attendais pas. Joyce qui était déjà dans le tunnel m'attrapa le bras, afin que je m'y enfonce avec elle. J'eus tout juste le temps d'y pénétrer, que la tronçonneuse s'abattit sur l'armoire en bois.

S'ensuivit un cri de douleur, qui s'estompa au fur et à mesure. Je n'avais pas besoin de voir, pour savoir que l'engin venait de déchiqueter ma génitrice. J'avalai difficilement ma salive, secouai la tête pour me ressaisir, je n'avais pas le droit d'abandonner, ni de flancher, pas maintenant.

***

Que pensez vous de ce chapitre ? On en sait beaucoup plus sur le passé de Nate maintenant =).

Un petit vote fait toujours plaisir. *.*

CONNEXION ( Terminé )Where stories live. Discover now