9 - Cuisine.

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Une fois de plus, je me réveillai ligoté à une chaise. Cela devenait épuisant de perdre connaissance, c'était déjà la troisième fois depuis que j'étais ici. Je passais plus de temps à être dans les vapes qu'autre chose. J'avais du mal à ouvrir les yeux, la douleur qui envahissait ma tête était tellement insupportable, que j'aurais voulu me rendormir.

Mes yeux s'ouvrirent faiblement et je découvris une cuisine. La pièce était totalement ravagée, elle puait le sang pas frais, j'avais la nausée et la vue des lieux n'arrangeait rien. Devant moi se tenait l'homme au sourire constant, je ne supportais plus de le voir. Premièrement car il était lui aussi sensé être mort écrasé par une voiture et ensuite parce que son sourire devenait insupportable.

Si j'avais pu me lever de cette chaise et lui envoyer mon poing au visage à plusieurs reprises pour ne plus voir son sourire je l'aurais fait. Mais, en vue de la hachette qu'il tenait dans sa main droite, valait mieux rester assis.

Quelques minutes plus tard, alors que ce plouc n'arrêtait pas de me secouer dans tous les sens, sans que je ne sache pourquoi, je vis Joyce arriver. Elle marchait comme un zombie et je remarquai rapidement que ce n'était pas ma femme, mais que c'était " Elle ".

Ne voulant pas attirer son attention, je préférai l'ignorer. Elle m'avait déjà coupé une main que j'avais réussi à récupérer, je n'avais pas envie de perdre la deuxième. Ce qui ressemblait à ma femme et l'homme rigolaient en face de moi, sans que je ne sache pourquoi. Cependant, je n'étais pas sûr de vraiment vouloir le savoir, je n'avais pas envie de leur servir de repas, comme le collègue de Joyce.

Joyce passa derrière moi, je ne pouvais plus voir ce qu'elle faisait et ce n'était pas très rassurant. Quand elle était comme ça, je me doutais qu'elle était capable du pire. Soudain, je sentis une pression sur mes épaules, puis en tournant légèrement le visage, je vis une lame. Elle tenait dans ses mains un couteau de boucher avec une lame approchant les trente centimètres. Le couteau était rouillé ou peut-être recouvert de sang séché, je ne savais pas trop.

Sans que je m'y attende, elle plaça soudainement son visage à seulement quelques centimètres du mien. Son sourire diabolique me fit froid dans le dos. Je paniquai de la savoir un couteau à la main, mais j'essayai de ne pas le faire ressentir.

Elle respirait vulgairement, comme si elle venait de courir pendant des heures. Une odeur abominable émanait en provenance de sa bouche. C'était horrible, elle donnait l'impression d'être pourrie de l'intérieur.

Un petit haut-le-cœur, un second, puis un troisième qui fut le bon. Je ne pus retenir le liquide de mon estomac, qui s'écrasa sur le sol juste devant les pieds du plouc. Je relevai la tête difficilement, ne me sentant pas réellement bien après coup. Je posai le regard sur l'homme se tenant devant moi et celui-ci ne semblait pas très content.

Il souriait toujours, mais son regard était noir, plus noir que celui de Joyce. Des veines noires venaient d'apparaître au niveau de son cou et ses dents n'avaient pas réellement changé, elles étaient déjà pourries de base. Sans plus attendre, je dirigeai mon regard vers ma femme, elle était en train de revenir à elle. Elle pourrait enfin m'aider à me sortir de cette merde.

Un cri venant de l'homme se fit entendre, il était en colère. Quand je vis la hachette tenue fermement de ses deux mains, en l'air, à deux doigts de s'écraser sur le sommet de mon crâne. Une montée d'adrénaline envahit mon corps dans son entièreté, je ne voulais pas mourir, pas maintenant !

Je me relevai sans perdre de temps, le corps toujours accroché à la chaise et me fit pivoter. La hachette s'enfonça dans le dossier de la chaise tout en frôlant mon dos. Les yeux grossis, la bouche en rond témoignaient de ma surprise, mais aussi de l'instant de peur. Il ne fallait pas que je tombe sur le dos, sinon s'en était fini pour moi.

Je sentis l'homme attraper de nouveau la hachette pour la faire ressortir. Afin de lui compliquer la tâche, je me dandinai de gauche à droite. Une scène qui aurait pu être drôle dans un film mais sans que je ne sois dedans.

Quand j'eus compris qu'il avait réussi à extirper la hache du dossier de chaise, mon courage partit en courant. Je n'avais qu'une envie, partir moi aussi, même avec la chaise peu importe. Je ne voulais plus être ici !

— Ne touche pas à mon fils petite peste, surgit une voix furieuse en provenance du couloir.

Sans que je n'aie vu quoi que ce soit, j'avais bien trop peur de me retourner. J'entendis le bruit d'un coup, suivi d'une masse imposante s'écrouler. Quand je découvris la hachette glisser au sol, je compris immédiatement que l'homme venait d'être frappé.

Joyce s'avança jusqu'à moi et retira les cordes, qui me tenaient lié à la chaise. Une fois que je fus libre, elle me prit dans ses bras, me serrant fort, comme rarement elle l'avait fait. Le contact de son corps contre le mien, me fit tellement de bien, je l'aimais tellement. Même si je ne comprenais toujours pas, comment elle faisait pour être encore en vie.

— Merci Agathe, tu viens de nous sauver la vie, dit Joyce à la femme qui se tenait derrière nous.

— Je ne pouvais pas laisser mon fils mourir Joyce, tu le sais bien...

Mon fils ? Est-ce que j'avais bien compris ce que cette femme, cette folle à mes yeux, venait de dire. Je me retournai lentement, afin de lui faire face. Un regard interrogateur, mais à la fois paniqué se posa sur cette femme, que j'aurais voulu tuer il n'y a pas si longtemps.

— Nate, c'est ce dont je voulais te parler, tu n'es pas ici par hasard. Mais ne t'en prend pas à cette femme, elle est autant victime que moi, expliqua-t-elle.

J'avais l'impression de vivre un cauchemar, j'avais envie qu'on me réveille. Qu'on me dise que j'avais eu un accident de voiture et que je sortais d'un coma. J'aurais préféré cette situation à celle que je vis aujourd'hui. Trop de choses dans ma tête, trop de questions, trop de révélations en cours. Au final c'était impossible que je survive, un choc émotionnel me tuerait à ce stade.

— Fuyons tous d'ici dans ce cas et mettons-nous à l'abri, annonçai-je sur un coup de tête.

— Ça ne sert à rien, elle nous retrouvera à chaque fois et sa colère sera décuplée, annonça désespérément Joyce en vue de son expression.

— Il y aurait un endroit où nous pourrions nous cacher pendant un certain temps, juste le temps qu'il est assommé, ça nous laissera le temps de réfléchir.

Sous cette annonce de la vieille femme, je regardai Joyce. Elle semblait me supplier du regard, elle voulait que j'accepte. Je ne réfléchissais pas bien longtemps, ce moment de tranquillité me permettrait certainement d'en savoir plus, mais également de récupérer des forces.


***

Voici le chapitre neuf de connexion =).

Que pensez vous de cette révélation surprenante d'Agathe et de son geste ? 

Croyez vous en ça ? Ou pour vous est-ce une mise en scène ? 

Qu'imaginez vous pour la suite ? 

Un petit vote fait toujours plaisir *.*

CONNEXION ( Terminé )Where stories live. Discover now