7 - Immortel

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Je n'eus pas vraiment le temps de réfléchir à une solution, que ce salopard brisa la vitre avec son outil de massacre. Il était hors de question que je finisse comme ce policier. Avant qu'il ne rentre dans le garage, je fis rapidement le tour afin de trouver quelque chose pouvant m'aider. A ma grande surprise, j'étais tombé sur les clefs de la voiture que je pris immédiatement.

J'entrai dans la voiture et tentai de mettre de contact. A bout de souffle, respirant comme un fou, et paniqué, le tremblement de mes mains fit tomber mes clefs une première fois. Je les ramassais sans attendre et mis le contact.

A peine le moteur fut en route, que l'homme au sourire bloqué se mit devant le capot. Sans réfléchir, une fois de plus. Je retirai le frein une main, appuya sur l'accélérateur au maximum et lâchai l'embrayage. La voiture partie telle une fusée, emmenant le psychopathe avec elle, pour ensuite aller s'écraser contre le mur.

Le choc m'assomma légèrement. N'ayant pas mis de ceinture de sécurité, ma tête avait violemment tapé contre le volant du véhicule. Le coup avait été tellement violent, que j'étais un peu étourdi. Cependant, je sortis rapidement de la voiture en voyant la fumée s'échapper du capot. Ne pouvant pas débrancher la batterie, il y avait de grandes chances que ça explose.

Chaque pas que je faisais raisonnait dans ma tête, ce qui me fit grimacer. La porte de garage de la maison était électrique, aucun moyen de l'ouvrir à la main. Je cherchai le mécanisme permettant de l'ouvrir, mais il n'y avait absolument rien.

C'est à ce moment, que je me suis souvenu, que l'homme avait brisé une vitre pour entrer dans le garage. Je me dirigeai vers celle-ci et commençai à l'enjamber quand je sentis quelque chose m'attraper par l'arrière. Je sentis mon corps repartir en sens inverse, là où je ne voulais pas aller. En quelques secondes seulement, cette force incroyable me ramena à l'intérieur et me plaqua au sol. Le choc de mon dos contre le sol fut douloureux et je grimaçai.

Quand mes yeux trouvèrent mon agresseur fourbe, je fus surpris de voir qui se tenait en face de moi. La surprise était telle, que je me figeai un instant. Je ne comprenais pas, comment c'était possible. Je venais tout juste d'aplatir cet homme, comme une crêpe contre un mur et le voilà debout juste devant moi.

J'hallucinais ou je rêvais, mais ce n'était pas possible autrement. Ce n'était pas possible que cet homme soit encore vivant à la vitesse où il avait percuté le mur. Je n'arrivai pas à réaliser. J'étais tellement perturbé par le fait qu'il se tenait devant moi, que je ne bougeai même pas. Voir son visage au-dessus de moi, le sourire aux lèvres encore et toujours me fit frissonner de peur.

Il m'attrapa une fois de plus par le col de ma chemise et me leva du sol sans aucune difficulté. Mon visage se trouvait une fois de plus à quelques centimètres du sien. Je pouvais voir de près ses immondes dents noircies par le manque d'hygiène, ce qui me donna un petit haut-le-cœur.

Il ne disait rien, il me regardait souriant comme un abruti une fois de plus. J'aurais pu lui envoyer une seconde fois un coup de tête dans le nez, mais je n'étais pas sûr que ça le calmerait. A ma grande surprise et après plusieurs longues secondes d'attentes dans un silence pesant et affolant. Il me rendit le coup de boule que je lui avais mis quelques minutes plus tôt.

L'effet sur moi fut tout autre, alors qu'il me tenait encore fermement. Je sentis une douleur m'envahir au niveau du nez et les larmes monter dans mes yeux. Mes yeux roulèrent et un noir absolu s'installa.

J'avais froid, j'avais mal, je ne me sentais pas bien. J'ouvris les yeux doucement et me redressai. Je mis instinctivement mes mains sur mon nez, qui me lançait horriblement et à en sentir le gonflement, il devait être bien cassé. Je regardai la pièce dans laquelle je me trouvais, et à ma grande surprise, je la connaissais très bien.

Cette pièce était celle où je voyais Joyce dans mes rêves. Le lieu était exactement comme je l'avais vu en dormant. Humide et crade, avec une odeur à soulever les cœurs. Je m'avançai vers la porte, mais celle-ci était verrouillée. Ne pouvant rien faire, je décidai de fouiller les lieux. Peut-être trouverais-je quelque chose me permettant de comprendre ce bordel.

Je m'avançai vers une étagère se trouvant dans un angle de la pièce. L'angle dans lequel je me retrouvai toujours quand je rêvais. Sur l'étagère, se trouvait des couvertures humides et moisies, ainsi que des cagettes remplies de bocaux contenant des rats et des souris baignant dans un liquide permettant la conservation.

N'ayant rien vu d'autre dans la pièce, je décidai de m'installer sur le lit en attendant patiemment que quelqu'un arrive pour m'enfuir. Cependant, en m'asseyant, je sentis quelque chose qui se trouvait sous les draps. Je me relevai immédiatement, poussai les couvertures, pris l'objet dans les mains et m'installai de nouveau sur le lit.

— C'est le journal de Joyce, me disais-je étonné.

J'ouvris le journal sali et abîmé de ma femme. La première page contenait les informations qu'elle n'avait pas eu le droit de me donner avant de partir en tournage. Localisation de la maison, légendes, phénomènes étranges... un tas d'indications sur cette baraque. Effectivement, question phénomènes étranges il y avait matière à raconter.

Je passai à la page suivant. Joyce avait légèrement décrit la maison vue de l'extérieur. Elle décrivait son état et le fait que la maison n'inspirait aucune confiance à elle et son équipe. Equipe, que je n'avais absolument pas vue sur mon chemin, pensai-je subitement. Où étaient-ils passés ?

Je continuai la lecture du journal de ma femme, quand une réponse inattendue se trouvait écrite sur ces pages sans que je ne m'y attende. Plongé dans ma lecture, je lisais à haute voix stupéfait de ce que je découvrais.

— J'avais dit à mes collègues, que nous aurions dû faire demi-tour et ne jamais rentrer dans cette maison. Nous avions à peine fait le couloir de l'entrée que la porte se verrouilla derrière nous en claquant avec force. C'est à cet instant que l'enfer a commencé. Un par un, mes collègues se sont fait tuer par cet homme au sourire affreux. Nous ne sommes que deux à avoir survécu, du moins nous avons été épargnés. Stan n'est pas resté longtemps avec moi, quelques jours après notre enfermement, il a servi de repas du soir. Je l'ai compris car les mots de la vieille femme étaient plus que compréhensifs : " Ton ami est très tendre ma belle ".

J'eus à peine le temps de tourner la tête et l'intégralité de mon estomac se vida. N'ayant pas grand-chose à l'intérieur, ce renvoi me fit extrêmement mal au ventre. Je comprenais mieux pourquoi je n'avais pas trouvé un seul des collègues de ma femme. S'ils avaient tous été mangés, il n'y avait pas de risque à ce qu'on les retrouve un jour, surtout en six mois de temps.

Au moment où je m'apprêtai à changer de page, j'entendis la porte se déverrouiller. Je remis le journal rapidement à sa place et me réinstalla dessus comme si de rien était. La peur m'envahissait de nouveau, j'avais peur. 

***

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CONNEXION ( Terminé )Where stories live. Discover now