4 - Sombre Demeure.

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Je n'arrivais pas à décrocher mon regard de ce petit mot à mon intention. Je cherchais, encore et encore, qui pouvait-être à l'origine de ce mot. Joyce ? Impossible, si j'en croyais mes rêves, elle était comme prisonnière de cet endroit. Elle n'avait donc pas la possibilité d'écrire le mot et de le mettre sur cette porte.

Il y avait donc quelqu'un qui vivait ou qui était également présent dans cet endroit, qui me connaissait. Mais qui ? Quelqu'un qui me déteste ? Il y avait bien trop de gens me détestaient, que chercher serait une perte de temps. Le découvrir ? L'idée d'y penser me donnait mal au ventre, mais cela était en réalité la seule solution que j'avais.

Plus je restais devant cette porte et plus je commençais à psychoter. Tous les scénarios possibles et à la fois inimaginables passaient dans ma tête. C'est incroyable à quel point la peur peut prendre possession de nos pensées et de notre imagination. En même temps, qu'est-ce qu'un pauvre angoissé dépressif vient faire dans un lieu aussi glauque que celui-ci ? A croire qu'on pourrait ajouter " Suicidaire " à la liste de mes problèmes psychologiques.

J'essayais de me détendre, mais il fallait que je me rende à l'évidence. Je passais plus de temps à essayer de me calmer, qu'à avancer. A ce stade, il m'aurait fallu un mois entier pour entrer et faire le tour de la maison, tout en essayant de m'en sortir et de retrouver ma femme. Il fallait donc que je passe au-dessus de tout ça, que je fonce tête baissée, que j'affronte mes peurs sans faire machine arrière.

Je pris d'une main tremblante la clenche de la porte en bois. Je m'apprêtais à ouvrir celle-ci quand rapidement, je l'avais relâchée.

— Facilité de parole, dureté de l'acte, disais-je à haute voix.

J'avais parfois du mal à croire que j'avais servi la police de mon pays. Courageux n'était pas le meilleur mot pour me décrire. Se moquer et rabaisser les gens, pour ça j'étais doué, mais quand il s'agissait de porter mes couilles, on distinguait vraiment une belle et lamentable difficulté.

— Pense à Joyce, me disais-je ensuite.

Joyce... Comment pouvais-je prendre autant de temps pour essayer de la retrouver. Comment étais-je capable de faire le trouillard, alors que ma femme croupissait quelque part dans cette baraque depuis des mois ? Je n'avais pas d'excuse, je devais foncer.

Ni une, ni deux, je pris la poignée de porte et l'ouvris sans réfléchir. Deux secondes de courage intense et la vision du lieu m'avait refroidit immédiatement. Face à moi, un long couloir, délabré, sombre et puant. J'entrais à l'intérieur doucement, je ne voulais pas faire de bruit et je n'avais pas hâte d'y mettre un pied.

J'essayais de garder une respiration régulière, car l'angoisse étant présente, elle pouvait s'emballer en un rien de temps. Il fallait que je garde le contrôle sur moi-même, afin de pouvoir continuer. Ma main droite était posée sur la crosse de l'arme récupérée peu de temps avant. Je restai attentif au moindre bruit qui se faisait autour de moi, il fallait que je sois sûr si jamais je tirais. Je ne pouvais pas user mes munitions à tout va pour un rat ou une autre connerie du genre.

J'avançai en ce lieu sombre et glacial. Le plancher craquait sous chacun de mes pas, ce qui me donnait des sueurs froides. J'avais peur de me faire remarquer et de me faire moi aussi séquestré. Cela me ferait échouer une fois de plus, je n'avais pas le droit d'échouer encore une fois.

CONNEXION ( Terminé )Where stories live. Discover now