Lumière sur les salles sombres

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Je porte à ma bouche une fourchette de concombre, emportée par le premier temps de la valse.  Les yeux fermés, je me surprend à danser aux bras d'une petite brune au milieu de la foule. Journal dévore un radis. Comme un écureuil, il en fait des épluchures. Mon téléphone vibre.

"Salut FeuFo. Je vois que tu t'ennuies ce soir. Tu pourrais en profiter pour faire ce que je t'ai demandé y'a déjà pas mal de temps. Bisous ! Saah. Saahthegrey "

- Merde, je l'avais oublié celui-là ! je grommelle.

Ma brune disparaît dans la brume. Journal arrête de réduire son radis en purée et me fixe de ses yeux ronds. J'attrape un morceau de carotte et le lui jette au visage. Il sursaute et avale de travers. Il se met à tousser au point de s'en arracher les poumons. 

- Dis-moi Journal, voudrais-tu faire un p'tit jeu avec moi ? Je m'ennuie. Et le grignotage est mauvais pour la santé.

- Je pourrais mourir, t'en aurais rien à faire !

Je hausse les épaules. Il reprend du radis et fais la grimace :

- Ça pique !

- Sans rire ! 

Je lui jette encore une carotte. Il l'attrape au vol et commence à la découper de ses dents de papier.

- Il a un goût bizarre, ce radis orange.

 Je plisse les yeux.

- Ce n'est pas un radis, ça ! C'est une carotte !

Il se recule, penche la tête sur le côté :

- A quoi veux-tu jouer ?

-  Quel est le film qui t'as le plus tordu de rire ?

Il hausse les sourcils, le coude sur la table et la main levée. Il grignote sa carotte et me dit la bouche pleine :

- Il est pas drôle ton jeu ...

Je fronce les sourcils et il répond dans un petit cri :

- Les Tuches !

J'acquiesce, les lèvres plissées. Loin d'être lourd dingue, les clichés sur les habitants du nord ont eu raison de moi ... et de mes larmes !

Les Tuches 1 et 2

- Et toi ?

- Adopte un veuf ...

- Touchant, drôle, simple. La vie quoi.

J'attrape un radis. Journal prend un oignon dans la panière de légume (je me demande d'ailleurs ce qu'il peut bien faire là dedans) et il l'épluche, appliqué. Tout à coup, il se met à pleurer. Je rigole :

- Eh oui, ça pique aussi les oignons mais ils sont vicieux ceux-là, y a pas besoin de les manger pour pleurer comme une madeleine !

Il ne rit pas à ma taquinerie. Son regard se fait sérieux tout à coup :

Cher journal, la vie et des questions.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant