Chapitre 38

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Mon premier reflexe fut d'appeler Adriana. Elle resta sans voix, tout comme moi. Elle était apparemment à la fraternité, prête à sauter sur Travis qui n'était apparemment pas là-bas. Je dû la calmer, et j'entendis Mike lui demander ce qu'il se passait alors qu'elle s'excitait sur son téléphone. J'espérais bien qu'il allait arriver à la calmer, car la dernière chose que je voulais c'était que quiconque fasse une scène à qui que ce soit. 

Travis avait une copine. 

C'était donc simple : tout était fini, et c'était moi la salope briseuse de couple. Je ne pouvais pas y croire. Comment est-ce que je n'ai pu ne pas être au courant sur ce campus remplit de commères ? Comment j'ai pu tomber dans le panneaux ? Mais je n'aurais jamais pu deviner après tout. 

Oh mon dieu, je suis une briseuse de couple involontaire, mais une briseuse de couple quand même. J'ai de la chance que cette fille ne m'ait pas cassé la gueule ou qu'elle ne m'ait pas attendue devant un amphi, car c'est ce que moi j'aurais été capable de faire. Enfin non, je n'aurais pas été capable de le faire, mais je l'aurais souhaitée très fort. Je n'en revenais pas. Mon excitation était retombée tel un soufflé. 

Je pris mes affaires, et me dirigeai vers l'autre bout du campus. Adriana avait une vingtaine de minutes de pause, et j'avais besoin de ce temps pour parler. Il fallait que je parle, c'était comme une nécessité. Je traversai ce maudit campus en un rien de temps, et malgré le fait que sûrement peu de gens étaient au courant, j'avais l'impression d'être jugée de tous les côtés. Je me jugeais moi-même de tous les côtés. D'une part, ça me dégoutais car j'ai toujours été la première à descendre les filles qui batifolaient avec les mecs en couple, mais d'un autre, je ne pouvais que me défendre en disant que je n'en savais rien. 

Mais quel connard celui-là. Aller draguer une fille alors qu'il est en couple. Aller plus loin que draguer même je dirais. C'est tellement dommage d'un côté, pour une fois qu'un mec me plaisait ... Enfin bon, on va dire que c'est lui qui perd quelque chose. 

- C'est un gros connard, me dit Adriana en allumant sa cigarette.

Elle avait arrêtée avant d'arriver à l'université, mais depuis avec les exams et la dose de travail qu'elle a, elle a reprit. Je me demande encore comment elle fait pour sortir tous les week-end. Mais c'est vrai qu'elle bosse tous le temps en semaine ... Elle réussit à allier les bons côtés de la vie sur le campus, avec une scolarité presque irréprochable. Quel modèle alors ! 

- Je suis d'accord avec toi. Et le pire, c'est que j'ai l'impression que c'est moi qui suis en tord, alors que je n'étais pas du tout au courant. 

- Mais loin de là, c'est pas du tout toi qui est en tord chérie. Je te connais, je sais que tu n'oserais jamais faire ça. Le gros connard dans l'histoire, c'est lui, et seulement lui. 

- Je sais, je sais ... 

- Quel con alors ! Et ne pense pas que Mike va s'en sortir come ça, il ne m'en a pas parlé ! Il sait que tu es ma meilleure amie, et que tout finit par se savoir, je vais lui passer un savon ce soir et il à intérêt à me donner tous les détails. 

Je souris doucement. Adriana avait Mike, et la solitude ça commençait à devenir pesant. Après des années à le côtoyer, ce célibat commençait vraiment à piquer. 

[...]

A 23h, quelqu'un frappa à ma porte. 
C'était Travis.
Je n'ai pas ouvert. 

A minuit, quelqu'un frappa de nouveau à ma porte.
C'était encore Travis. 
Il me dit qu'il était désolé, qu'il voyait la lumière, que tout était faux, et entre autre que je n'avais pas toute l'histoire. 
Je n'ai pas ouvert. 

En tant que femme forte, indépendante, et blessée dans sa fierté, je ne pouvais pas ouvrir, ça aurait été contre nombreux de mes principes. 
Mais qu'est-ce que j'en avais envie bon sang ! 

Ouvrir, et juste l'embrasser une dernière fois. Un baiser torride, comme au cinéma, pour bien lui montrer ce qu'il venait de perdre. Et pour profiter de ce que j'aurais pu avoir. Mais je n'aurais pas osé, encore moins après le discours de sa copine sur le pas de ma porte quelques heures plus tôt. Après avoir passé la nuit avec lui. Rien que d'y penser j'ai des frissons, puis du regret. 

Le lendemain matin, je m'étais jurée de relativiser. Tout allait bien se passer, je n'avais pas besoin de Travis, encore moins juste pour un soir. Cette histoire était derrière moi, lui aussi, et tout allait aller pour le mieux. Le seul problème était que j'avais mon fameux cours, et que dans ce fameux cours, Travis était habituellement présent. Je ne pouvais pas encore m'empêcher de me demander si il allait venir, alors que j'étais supposée m'en foutre. 

Mais ça allait bientôt rentrer dans ma tête : Travis = personne à ne plus approcher. 

Timide .Où les histoires vivent. Découvrez maintenant