Chapitre 41

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J'ai beau y avoir pensé toute ma vie, maintenant que je suis confrontés à des mecs dangereux la nuit, je ne sais pas du quoi faire. Gros blanc dans mon cerveau. Plus rien ne fonctionne, à part mes yeux pour pleurer. 

- Mais pourquoi tu pleures ma jolie ? dit l'un des troic mecs en s'approchant dangereusement. 

C'est comme si une sonnette d'alarme venait d'être tirée, et j'eu un gros mouvement de recul. J'aurais aimée me mettre à courir, mais je savais que ça ne servirait sûrement à rien. Et surtout, je ne savais pas si j'étais capable ne serait-ce que de marcher. Toute personne, surtout fille, s'attend à cette situation, les mamans nous font la morale toute notre vie, les copines nous mettent en garde, les copains aussi, tout ça fait que l'on se croit préparée, avec un plan, un échappatoire universel, un moyen de pression ou de se défendre. J'ai toujours été de celles qui pensaient ne rien craindre, car je pensais avoir un plan pour me sortir de ce genre de situation. Maintenant que j'y suis confrontée, plus rien. Nada. Je ne sais plus bouger, parler, je ne pourrais ni courir, ni me battre, ni crier. La peur me tient par la gorge, et refuse de me lâcher. 

Je sentis une main se poser sur mes fesses. 

- Regardez-moi ça, entendis-je derrière moi. 

J'étais crispée, je tremblais. Ils étaient trois, mais j'avais l'impression qu'ils étaient dix fois plus. Je tremblais de peur face à trois mecs, d'un côté c'était compréhensible vu ma situation, d'un autre j'avais pitié de moi. 

D'un coup, ce fut comme si je me réveillais d'un sommeil profond, j'eu un mouvement de recul  sec, me faisant rentrer dans le mec derrière moi. Je me déplaçai sur le côté, et me retournai pour partir - partir où, je ne sais pas, mais partir - mais l'un d'entre eux  m'attrapa par les cheveux, me faisant tomber au sol et crier de douleur. Ce cri, bien que venant du cœur car mon crane me faisait souffrir, était sans doute mon seul espoir d'être sauvée. 

J'entendis des pas venir vers nous. J'étais sauvée, personne ne pourrait ne pas nous voir, nous étions en plein milieu de la rue. C'était des talons, donc des filles, aucun groupe de filles ne passerait sans rien faire. Des rires, puis des chuchotement, et un silence de mort lorsqu'elles passèrent à côté de nous. 

- T'as intérêt à fermer ta gueule, me chuchota l'un d'eux à l'oreille. 

J'étais sous le choc. Non seulement j'allais me faire violée par trois mecs dans une rue du campus, sans pouvoir bouger, mais en plus des gens avaient osés passer sans réagir. Comment avoir foi en l'humanité ? J'étais dégoutée des gens. Les violeurs sont des personnes sans amés, mais celles qui venaient de passer à côté de moi, sans un bruit, en ignorant la situation, n'étaient pas mieux. 

On m'attrapa le visage, et je me retrouvai littéralement nez à nez avec un garçon, brun, yeux aux apparences bleu mais dans le noir c'était difficile d'être sûre, je scrutai son visage de manière analytique, pour bien me souvenir de chaque trait d'un des mec qui allait me faire du mal, pour qu'ensuite, si j'en ressors vivante, je puisse le décrire, le balancer, le faire enfermer, tuer, n'importe quoi. 

- C'est pas vous les filles qui parlent de solidarité féminine ? dit-il en souriant. 

J'avais envie de lui cracher au visage. 

- Tu es belle, je sens que je vais adorer m'occuper de toi. 

Je réalisai mon envie. Je crachai sur le visage de ce truc malfaisant, agresseur, violeur, dégoutant. J'avais envie de lui vomir dessus, j'étais répugnée par tant de mauvaises intention. Il recula en s'essuyant. Son collègue s'avança, le bras levé, et je fermai les yeux prête à recevoir une bonne droite. C'est à ce moment là que je me rendis compte que je pleurais toujours autant. 

- Dégage de là ! entendis-je crier. 

Je me retournai, pleine d'espoir. Mon cœur devint plus léger lorsque je vis une petite bande de garçons accourir en notre direction. Tout se passa très vite, les trois mecs se retrouvèrent au sol en quelques instants, en train de se faire taper dessus. J'ai toujours été contre la violence, mais je dois bien avouer que les voir se faire tabasser ne me faisais ni chaud ni froid. 

- Tracy ! Tracy, tu vas bien ? Ils t'ont fait quoi ? 

Je reconnu la voix de Travis, et tombai littéralement dans ses bras. Je n'étais pas morte, je n'avais pas été violée, ni vraiment violentée. Mon cœur battait toujours aussi vite, mais j'avais l'impression d'être aussi légère qu'une plume.

- Je vais te ramener chez toi ok ? 

Je ne bougeais pas, je ne disais rien, je l'aurais suivi où il voulait. Je me sentais en sécurité, et ce sentiment était le meilleur de tous. Travis était mon sauveur, et je ne pensais pas pouvoir un jour le remercier assez pour ce qu'il venait de faire. 

J'essayai de me relever, mais ma tête tournait, ou alors mes jambes étaient engourdies, ou les deux je ne sais plus trop. Tout le trajet du retour était dans le flou pour moi, tout ce que je sais c'est que Travis me portait tel un prince charmant ayant sauvé une princesse - alors qu'il n'avait rien d'un prince et moi rien d'une princesse - et qu'il marchait vite, et que je fixais un point inexistant. 

Timide .Where stories live. Discover now