Chapitre 40

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Ce fut un peu dans les gazs que je tendis la main pour attraper le téléphone d'Adriana. On en était à deux, et il faisait déjà nuit noire dehors. 

- Oulala, c'est Miike ! 

Elle se mit à rire, et moi aussi, pourtant ce que je venais de dire n'était pas si drôle que ça. 

- Alô ? 

Mes rires redoublèrent. Pas les siens. Elle avait l'air concentrée. Qu'est-ce qu'il pouvait bien lui dire ? Bon sang, mais qu'il se taise ! 

- D'accord... Non mais pas de problèmes, j'arrive, merci ... Oui je vois où c'est, j'arrive... Tout seul? 

Elle releva le regard vers moi. Je perdis à mon tour mon sourire. Elle me faisait un peu peur. 

- Oui, merci, je suis là dans cinq minutes. 

Elle raccrocha et se releva maladroitement.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? 

Sans rien dire, je me préparai avec elle. Je ne savais pas où elle allait mais j'allais l'accompagnée, pétée ou pas.

- Mike est complétement mort chez les Kappa Beta je sais plus quoi. Il est avec Travis. 

J'attrapai mon téléphone et mes clefs, et c'est là que je me rendis vraiment compte de mon état. 

[...]

J'avais l'impression d'être une Twingo au milieu de voitures de course. Pourtant j'avais l'impression de marcher vite, mais toute les personnes que nous rencontrions allaient deux fois plus vites que nous.

Je n'avais aucune idée d'où on allait, je la suivais aveuglement. Au bout de peut-être cinq minutes, ou dix, ou plutôt quelques secondes ? Aucune idée. Enfin, nous arrivions à une maison bien habitée. 

Ma main se retrouva dans celle d'Adriana, qui n'était pas dans un meilleur état que moi, et on traversa la foule. Alors que je n'y étais pas préparée je me retrouvai face à Travis. Enfin, un comptoir nous séparait, mais quand même. Je priais pour ne pas avoir l'air trop démontée. Je ne pouvais pas m'empêcher de le détailler. Ce petit con était beau comme pas possible. 

- Alors ? demanda-t-elle d'une voix rauque. 

- Il est dans la première chambre avec un pote, tu peux y aller si tu veux. 

Sa main lâcha la mienne, et je restai stoïque devant le comptoir. Un instant de silence passa, où j'essayai de ne pas bouger dans tous les sens. 

- Tu n'as pas ouvert hier soir. 

Quel audace alors !

- J'avais de la compagnie. 

- A minuit ? 

- De la bonne compagnie si tu vois ce que je veux dire. 

Touché. 

- Ok, je l'ai mérité celle-là. Tu veux un verre ? 

- Non-merci, je suis déjà assez pétée comme ça. 

Il planta ses yeux dans les miens.

- J'avais pas remarqué tes yeux rouges. Tu fumes pendant les cours ? 

- Non, après, c'était exceptionnel. Enfin après, je fais ce que je veux. 

- Pas faux. Vous dormez ici ? 

- Prends pas tes rêves pour des réalités. 

- Ce n'est pas ma copine Tracy. Enfin, elle l'était à un moment mais ça fait un moment qu'elle ne l'est plus. 

- Oh, je vois, tout est un quiproquo et ce soir je dors avec toi chérie. 

- C'est pas ce que je veux dire. J'étais avec cette fille, mais je ne l'étais plus à la soirée, je peux te le jurer, tout le monde te le dira ! 

- Alors pourquoi est-ce qu'elle s'amuserait à venir me dire ça ? 

- Parce-qu'elle est folle ! Elle s'ennuyait, je sais pas ! Tracy, je te jure que je n'étais plus avec elle. 

- Et cet été ? Tu étais avec elle cet été ? 

Aucune réponse. C'est bien ce que je pensais.

- Je vois, dis-je en faisant demi-tour. 

Je déteste l'idée d'être la maitresse, la connasse briseuse de couple. Je déteste. C'est totalement contre mes principes. Je me sens tellement mal. Je n'avais aucune idée, mais pourtant j'ai l'impression d'être en tord. Non seulement il a fait du mal à sa copine, il l'a trompé, mais en plus il a joué avec moi. Ce n'est même pas de la tristesse, mais c'est plutôt de la colère que je ressentais. Je montai les escaliers, furieuse, et trouvai la chambre dans laquelle se trouvait les deux tourtereaux. J'arrivai en plein silence, elle se retourna vers moi alors qu'il avait l'air bien trop dans le mal pour réagir. 

- Tu dors ici ? 

Elle regarda un instant Mike.

- Je pense que oui, dit-elle avant de reporter son attention sur moi. 

Je m'en doutais, même si égoïstement j'aurais préféré qu'elle reparte avec moi. Car il est hors de question de je passe une nuit de plus dans ce genre de soirée. Ma vie était bien plus facile avant que je ne prenne partie à toutes ces sauteries d'étudiants en chaleur. 

- Bonne chance, lui dis-je doucement avec un sourire avant de fermer la porte rapidement, c'est-a-dire assez vite pour qu'elle n'ait pas le temps de me demander ce que j'allais faire.

Elle ne me laisserait pas repartir seule, car elle est comme ça, mais je ne peux pas rester ici non plus. Mon corps est encore beaucoup trop attiré par le siens. Il est hors de question que je laisse ce genre de chose arriver. C'est fini, plutôt courir nue sur tout le campus que de continuer ce petit jeu. Mon regard croisa celui de Travis, il était beaucoup plus loin, de l'autre côté du salon. Je baissai la tête et fonçai vers la porte. 

Je me faufilai jusqu'à la sortie, et fut content d'enfin prendre l'air. Je croisai mes bras, et soupirai en raison du froid que je n'avais pas prévu. Les effets maintenant dissipés, je commençais à être fatiguée. Je rêvais de mon lit. Et de ma couette. J'en frissonnais d'avance. 

Un sifflement me parvint aux oreilles. Comme d'habitude, étant une fille, j'ignore. On ne sait jamais. Un deuxième sifflement fit écho dans l'allée. J'accélérais le pas car même si j'étais sûrement paranoïaque je n'étais pas rassurée. Les allées pas très éclairées du campus ne sont pas vraiment très rassurantes. 

- Hé ! 

J'ignorai de nouveau. J'entendis des pas se rapprocher de moi, et de rires. Des voix de mecs. Je ne pouvais pas m'empêcher de paniquer. 

- Mais où tu vas si vites chérie ? 


Timide .Where stories live. Discover now