Chapitre 1 : L'éveil

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Quelque chose se trouvait au-dessus de lui, mais il ne savait pas quoi. Il tenta un instant de bouger, mais n'y parvint pas. Cela faisait déjà quelques secondes qu'il s'était brusquement réveillé, et il se trouvait incapable de bouger, ni même d'ouvrir les yeux. Curieuse chose que cela.

Il tenta alors de lever le bras droit, et au bout de quelques instants, il réussit. Une victoire en soi, quoiqu'elle fût tout à fait ordinaire dans son cas. Il était manifestement enfoui sous une masse quelconque, comme de la neige, mais ça ne pouvait pas en être, parce que dans le cas contraire, il aurait ressenti la morsure du froid, une morsure qu'il ne connaissait que trop bien.

Il s'appuya donc au sol, et fit sortir son deuxième bras, prenant appui sur ce même sol meuble, étrange, qui s'écrase si facilement sous son poids, avant enfin de se lever. La texture de cette matière lui faisait de plus en plus penser à de la neige, mais bien sûr cela n'en était pas.

Lorsque son visage émergea, il ouvrit les yeux, et les referma aussitôt, car frappé par un éclat rouge vif. Il les rouvrit plus lentement en se couvrant le haut du front de son bras droit, et put apercevoir ce qui l'avait aveuglé. Il s'agissait d'une lune d'un rouge sang éclatant, dont les rayons faisaient briller toute la neige autour de lui. Finalement c'en était ! Mais alors pourquoi ne ressentait-il pas le froid ? Curieux mystère que celui-là.

C'est alors qu'il regarda sa main droite, au moins aussi blanche que la noble neige sous laquelle il était enfoui plus tôt. Il la contempla, incrédule, ne sachant quoi en penser. Et en effet, quelles conclusions pouvait-il en tirer ? Aucune pour l'heure.

Il tenta alors de se mettre debout, mais échoua, quelque chose d'autre bloquait ses jambes. En conséquence, il déblaya la couche blanche au-dessus de ses membres, et aperçu les restes d'un squelette humain, maigre, couvert de guenilles déchiquetées.

La peur le posséda d'un seul coup, aussi il recula, mais se cogna violement contre d'autres ossements. Se levant subitement, il embrassa le lieu de ses yeux plus clairs que le ciel le plus dégagé, et ne put qu'apercevoir une longue étendue blanche. Partout des morts, du blanc, l'absence totale de vie. L'horreur terrifiante de la solitude mortuaire.

Il comprit qu'il était dans une sorte de grande fissure dans le sol, et, déblayant le fruit du ciel, il trouva encore d'autres squelettes, caché sous les premiers. Frappé de paralysie, il poussa un cri de terreur, avant de porter la main à son cœur. Battait-il encore ?

Il fut soulagé de constater que ce fut le cas, ce qui néanmoins n'expliquait pas la blancheur surnaturelle de sa peau, ni son incapacité à ressentir le froid, chose d'autant plus inexplicable qu'il était vêtu de haillons, sans doute d'anciens beaux vêtements, rongés par le temps.

Le temps ? Depuis combien de temps était-il là ?

Il l'ignorait, et tenta pour l'heure d'avancer tout droit, sans jamais s'arrêter, il finirait bien par tomber sur quelqu'un, qui peut-être pourrait lui en dire davantage sur sa situation.

Il marchait infatigablement, comme s'il avait toute la vigueur du monde, traversant l'étendue de blanc pendant des heures et des heures. Le soleil, qui avait eu le temps de se lever, commençait déjà à se coucher à nouveau. Et pourtant, il ne ressentait pas lui-même le besoin de dormir.

Puis, il trouva enfin un village, dont la fumée émanant des nombreuses cheminées avait la vertu de le soulager un peu. Il espérait que les habitants allaient le reconnaître, ils pourraient l'héberger, peut-être même l'aider plus que cela.

Mmais tous préféraient l'éviter. Il tenta même de rentrer dans ce qui semblait être une auberge, mais on lui refusa l'accès.

« On ne veut pas de mendiants ici ! Déguerpis en vitesse ! »

Le sang sombre : AdrienWhere stories live. Discover now