Chapitre 10 : La mortecape

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L'étrange jeune femme s'avança lentement vers le groupe, l'épée à la main, une expression neutre figée sur son visage. Adrien avança à son tour, tout particulièrement méfiant face à cette adversaire, car elle avait tué ceux présents dans cette salle. Et certains portaient des armures.

Ils s'arrêtèrent lorsqu'ils furent à trois pas l'un de l'autre, avant de se juger mutuellement. Ils restèrent immobiles longtemps, attendant que leur adversaire bouge en premier, et si Adrien était plus tendu qu'il ne l'avait jamais été de toute sa vie, la jeune femme elle paraissait calme, parfaitement maîtresse d'elle-même.

Soudain, les deux se jetèrent l'un sur l'autre, faisant s'entrechoquer leur lame dans un crissement sourd. Alors, des étincelles jaillirent de l'épée embrassée, illuminant la pièce d'une lueur rougeâtre, inquiétante, redoutable. Cet échange ne dura qu'un instant, mais le temps lui-même semblait s'être arrêté.

On pouvait presque voir le mouvement lent et paresseux des braises qui remuaient lentement sur cette épée de feu, semblable à celle qu'Adrien avait utilisé lorsque Loïc avait usé de ses pouvoirs sur lui.

Mais elle en revanche, semblait parfaitement maîtresse d'elle-même, tout comme le roi maudit. En ce sens, il était sûr de perdre le combat, mais il ferait honneur à sa propre personne, c'était la moindre des choses après tout.

Un second échange eut lieu, et Adrien recula sous la force de son adversaire, qui s'avéra bien plus grande qu'escomptée. D'un coup, la jeune femme fit un bond en avant, frappant de haut en bas, forçant Adrien à se ruer sur le côté, car s'il avait tenté de bloquer cette attaque avec son arme, cette dernière se serait brisée sur le coup.

Elle frappa une nouvelle fois, et poursuivit ses assauts avec une vivacité étonnante. Elle devait se battre depuis très longtemps pour pouvoir bouger aussi facilement, pour pousser son adversaire dans ses derniers retranchements. On comprenait comment elle avait fait pour anéantir ceux qui gisaient ici et là, immobiles, sages, silencieux pour toujours.

Elle avait de la force, de la vigueur, et pour la première fois depuis déjà quelques temps, Adrien se mit à craindre pour sa vie, chose paradoxale, puisque c'était précisément cela qui lui faisait défaut.

Et elle, la femme à la pâleur morbide, elle avait l'air mourante, mais c'était bien une vivacité surnaturelle qui l'animait. Quelle formidable alliée elle devait faire pour ceux qu'elle soutenait... Dommage que ce ne fut pas e cas d'Adrien...

La lame avait entaillé son armure à plusieurs endroits à force de les frapper. Encore quelques coups bien placés, et elle tomberait très certainement. Et à l'instant où son propriétaire s'en rendit compte, ce fut au tour de sa joue droite d'être ouverte par la lame ennemie, quoique pas assez profondément pour provoquer une blessure sérieuse.

Aussitôt, son sang noir se mit à couler, s'écrasant au sol. La jeune femme le vit bien, et cette vision semblait la marquer durablement. Alors, celle à l'épée embrassée s'arrêta immédiatement dans son geste, et il s'en fallut de peu qu'elle ne lui perce la gorge.

La surprise qu'il avait involontairement provoquée l'avait sauvé un temps, mais pour combien de temps encore, là était la question, car les braises continuaient de parcourir la lame de la jeune femme. D'ailleurs, l'une d'entre elle s'écrasa mollement non loin de sa blessure, lui faisant une petite tache noire.

— Qu'est-ce que cela ? D'où vous vient ce sang aussi noir que la nuit ?

Le roi maudit, étonné de cette question, ne put s'empêcher de lui en poser une à son tour.

Le sang sombre : AdrienWhere stories live. Discover now