Chapitre 2 : Malendra

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Adrien suivit les conseils de l'étrange jeune personne, et se dirigea avant toute chose sur la place principale du village, sur laquelle se trouvait une fontaine, autour de laquelle était gravée une grande rose des vents.

Sachant désormais où se trouvait l'ouest, il s'y dirigea, non sans inquiétudes. Et si cet étrange personne s'était moquée de lui ? Et s'il se retrouvait à errer à la recherche d'une personne qui n'existait pas ? Qu'importe, il devait y aller, c'était cela ou bien rester dans ce village où tous le considéraient comme un moins que rien effrayant, ce que finalement il était.

Ainsi il marcha pendant de longues heures dans la neige, sans jamais fatiguer, comme si une force surnaturelle l'avait doté d'une endurance sans fin. Pendant sa marche, Adrien se questionna sur sa propre nature. Il ne faisait aucun doute qu'il était une sorte de mort-vivant, comme on en parlait dans les légendes anciennes.

Quelques fois, sous l'effet d'un sort quelconque, certains mages parvenaient à faire se lever des corps sans vie, pour les asservir. Pourtant dans ce cas l'être était sans volonté, sans personnalité, sans souvenir, en clair tout ce qu'avait le roi en ce moment-même.

Il ignorait quel pouvoir avait pu le ramener ainsi, mais il espérait en apprendre plus avec cette Malendra. Qui pouvait-elle bien être ? Sans doute une sorte de sorcière, et le chemin qu'il prenait semblait confirmer ses dires.

Il entra bientôt dans un marécage, curieux mélange de boue, de neige et de glace. Il évita tout soigneusement les passages dangereux, quitte à perdre de longues minutes, il ne voulait pas se faire mal inutilement.

Ce ne fut qu'au bout de plusieurs heures que, le terrain commença à changer, formant de larges mares gelées entourées de terre sèche. Et finalement, il trouva un chemin entouré de bâtons plantés dans le sol, autour desquels s'enroulaient des squelettes de serpents. Ce devait être là.

Au bout de ce chemin, il se trouvait une grande cabane montée sur pilotis au milieu d'un grand plan d'eau, gelé comme tous les autres.

A droite de la seule porte de la cabane se trouvait une lanterne suspendue à un crochet, mais il n'y prêta vraiment attention que quand elle s'alluma toute seule alors qu'il s'avançait lentement en direction de la porte. Peu rassurant.

Il entra non sans peur dans le logis, et constata la présence d'une vieille table sur laquelle reposait de multiples instruments dont il ignorait l'utilité. Il supposa qu'il s'agissait d'objets magiques, puisque l'endroit semblait être l'habitation d'une sorcière.

Et pour confirmer ses pensées, un petit récipient semblable à un chaudron de métal, aux pieds déformés, dans lequel tournoyait une étrange brume noirâtre, trônait au centre de la pièce.

— Bienvenu, prince Adrien de Fried. Je t'attendais depuis longtemps, depuis la fin de ta vie en réalité.

C'était une voix de vieille, et c'est en tentant de savoir d'où elle venait qu'Adrien pu voir celle qui vivait en ce lieu. Perchée sur un trépied assez haut, une vieille femme vêtue d'une élégante robe noire attendait au fond de la pièce, dans l'obscurité la plus totale.

Si ce n'était ses mains tachetées de noir, elle était plutôt belle, quand bien même elle était âgée. Son visage, creusé par les rides, demeurait assez beau, et son sourire, auquel il ne manquait aucune dent, avait quelque chose de très chaleureux.

Cependant, Adrien se méfia. Elle connaissait son nom et son titre, ce qui n'était pas rien.

— Comment connaissez-vous mon nom ?

— Saches que je connais beaucoup de chose, aussi bien le passé que le présent et l'avenir. Un être à la peau grise comme la cendre t'a conduit jusqu'à moi, n'est-ce pas ?

Le sang sombre : AdrienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant