Chapitre 18 : L'affrontement final

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La réaction d'Adrien aux propos de Tracas n'eut qu'une seule conséquence : augmenter encore l'amusement de ce dernier, qui trouvait tout cela d'un ridicule absolu, et il ne se priva pas pour railler celui qui voulait l'occire.

— Ainsi donc vous avez la prétention de m'affronter ? Fort bien ! En ce cas, je vais vous donner un avantage, car en beau cadavre que vous êtes, vous ne pouvez naturellement rien contre moi, cela est une chose certaine ! Je ne me battrai pas personnellement, cela serait bien trop aisé, il faut en convenir. Aussi, je vous enverrai un guerrier au lieu de cela. Si vous triomphez de lui, alors je m'ôterais moi-même la vie, et vous deviendrez ce que vous désirez tant être. Cela vous convient-il ? Bien entendu, si vous échouez, alors vous mourrez, et chacun de vos camarades périra avec vous, je m'en assurerais ! »

Loïc voulu prévenir Adrien que tout cela n'était qu'une ruse immonde pour mieux le détruire, mais il ne le put, car quelque chose entravait ses mots, et il ne pouvait s'agir que de l'œuvre de son géniteur. Le relevé, lui, n'hésita que quelques secondes, avant de donner sa réponse.

— J'accepte, mais à la condition que vous teniez votre promesse !

Encore une fois, l'attitude du roi maudit amusa beaucoup l'Ame sombre, qui ne put s'empêcher de prendre des risques, car en effet, son interminable vie s'en trouvait fade d'être trop longue. Un tel risque valait donc la peine d'être pris, après tout, il lui fallait bien s'amuser de temps à autres.

— Qu'à cela ne tienne, je vous donne ma parole d'éternel ! Cela vous convient-il ô noble seigneur ?

Adrien acquiesça, car il était de notoriété publique qu'une promesse sur l'éternité engageait le contractant sur toute l'étendue du temps, et ce, même bien après la mort des deux personnes liées par cette promesse. Même les Ames sombres ne pouvaient échapper à ce genre de choses, et si le roi maudit triomphait, Tracas était assurément perdu.

Alors, ce dernier se retourna dans un mouvement d'une rare élagance, et la porte à double battant s'ouvrit sur le champ, tandis qu'il entrait pieds nus dans ce lieu désormais si singulier, si nouveau.

Le groupe tout entier l'y suivit, et avança jusqu'à la grand-salle, là où autrefois le souverain adressait des audiences. Pendant la marche, Tracas répondit bien volontiers aux questions qu'on lui posait, comme si cela était tout à fait naturel, et qu'il était ami depuis longtemps avec les intéressés.

Oui, il détestait les humains, et non, il ne se sentait pas inférieur à eux contrairement à ce que pensait Malendra. Non, cette dernière n'avait jamais été à sa solde, et oui, c'était de son plein gré qu'elle avait demandé à avoir ses yeux. Il précisa même être à l'origine à l'origine du sang sombre d'Adrien, ayant guidé le bras de sa mère pour que la goutte noire touche le cadavre du roi maudit.

Pourquoi donc ? Parce qu'il voulait mener à bien à une expérience, comme il l'avait fait avec son propre enfant. Joueur, il s'amusait comme il le pouvait, c'était son privilège d'éternel.

Il se permit même d'annoncer sans état d'âme qu'il était celui qui avait poussé Loki, frère du relevé, à tuer son jumeau. Il était également celui qui avait monté le peuple contre son nouveau roi, et qui était à la source de la chute de la monarchie.

Quand on lui demanda pourquoi, il répondit tout simplement qu'il s'ennuyait, et que voir les humains s'entretuer était un spectacle qui ne le lassait jamais, et qu'il ne regrettait en cela pas du tout sa vie sans fin. Adrien se retint de lui passer son épée en travers du corps sur le champ en entendant tout cela, car il avait bien compris qu'il ne pourrait jamais tuer cet être, quand bien même ce dernier se trouvait affaibli dans ce monde.

Le sang sombre : AdrienWhere stories live. Discover now