Chapitre 14 : Le combat dans la cathédrale

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Le soir arriva bien plus vite qu'escompté, et Adrien et Loïc, qui avaient passé une excellente journée, durent se résoudre à venir devant la cathédrale, ils n'avaient guère d'autres choix que celui-ci.

Malendra et Sylvia les y attendaient patiemment, et quand la vieille les vit arriver, un sourire de satisfaction s'étira doucement sur ses lèvres, lui faisant un visage rassurant, comme il l'était si souvent.

— Vous voilà ! C'est une bonne chose, car voyage arrive à son terme, et je sais que vous en serez tous deux satisfaits. Voici comment nous allons devoir procéder : il faudra d'abord que notre mortecape entre la première dans ce lieu, car il ne fait aucun doute que notre proie nous y attend férocement. Aussi, elle pourra déployer tout son talent à l'épée pour occuper ce danger.

« Par la suite, Adrien et moi avanceront, protégés par la barrière de Loïc. Sylvia, je vous demande d'attaquer sans relâche le prêtre, sans pour autant le mettre à mort, car le coup final se doit d'être porté par Adrien, car qui veut devenir Roi doit tuer lui-même un autre Roi.

Adrien comprit alors la raison de ce long voyage, pourquoi il leur fallait tout ce beau monde : les Rois, ces guerriers d'exception ramenés dans leur monde par Tracas, il devait en devenir un ! Il était mort avant d'avoir pu hériter de ce titre, alors que c'était là sa destinée ! Voilà pourquoi il fallait un bouclier parfait, une épée que l'on ne pouvait briser ! Voilà également pourquoi Malendra avait préféré taire tout cela ! Car dans le cas contraire, il ne l'aurait jamais voulu, et ç'aurait été une pure catastrophe.

Mais il n'avait plus le choix à présent, car s'il tuait cet homme, alors tout ce qu'il avait de caché en lui, surtout concernant Loïc, il pourrait enfin le révéler. Il se refusait de mourir avant, et en cela, il remercia la vieille, puisqu'elle lui permettait de vivre un avenir radieux.

Alors le groupe entra dans le bâtiment comme l'avait demandé Malendra. Quelle beauté que ces bancs parfaitement alignés sur les côtés, quelle élégance que ce noble tapis d'un rouge écarlate qui menait joyeusement à l'autel au fond de la pièce !

Et derrière cet autel, une statue se dressait fièrement, celle d'un guerrier appuyé sur une épée, mais quelle statue ! Elle devait bien faire trois fois la taille d'Adrien, qui pourtant était déjà considérable, et le niveau de détails de cette œuvre indiquait de très nombreuses heures sacrifiées à sa réalisation. Jamais on n'avait vu pareil travail jusqu'alors, c'était une merveille pour les yeux, même dans cet instant crucial.

Soudainement, la porte à double battant qui se trouvait à sa gauche s'ouvrit dans un grincement sourd, pendant que celle qu'Adrien et ses camarades avaient emprunté pour entrer se fermait dans le même temps. Les deux résonnèrent bruyamment : l'une à cause des battants qui frappèrent les murs, et l'autre parce qu'un cliquetis semblable à celui d'une clef que l'on tourne en émergeait, sans pour autant qu'il y ait là de clef sous les yeux des spectateurs.

Une personne apparut alors dans le chemin désormais ouvert. C'était là un très vieil homme qui ne devait plus en avoir pour très longtemps, vêtu d'une grande bure noire. Il semblait sage et ô combien calme, et il l'était sans aucun doute, pendant qu'il s'exprimait sans une once d'émotion.

— Je vous souhaite à tous le bonsoir, y a-t-il quelque chose que je puisse faire pour vous en cette heure tardive ?

Malendra leva la main en guise de réponse, et de cette main jaillit une lumière blafarde qui illumina toute la cathédrale de l'intérieur. Lorsqu'elle disparut, l'homme se tenait le visage entre les mains, et des lambeaux de peau partaient de chaque parcelle visible de son corps, dans une épouvantable horreur.

Le sang sombre : AdrienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant