Le sang sombre : Adrien

Chapitre 12 : Le livre bleu, chapitre IV

Nous avons parlé plus tôt de Tracas, l'une des Ames sombres, être craint des hommes. Pourtant, il n'était pas le plus fort de tous, loin s'en faut. Et en effet, un être surpassait les Ames sombres, du moins dans le monde des hommes.

Il s'agissait de la première forme de vie qui naquit dans le monde de lumière, celui-là même qui était apparu en même temps que celui fait de feu et de glace. Il s'y trouvait comme dans le monde des hommes une part de l'océan primordial, origine des mondes et d'Astrich la première, et l'être qui apparut dans la lumière but l'intégralité de cette eau divine.

Se gorgeant de son pouvoir, il devint un véritable dieu, une créature si puissante qu'elle pouvait déclencher autant de miracles et de catastrophes qu'elle le voulait dans le monde des hommes, si bien que ces derniers ne tardèrent pas à le vénérer comme la seule véritable figure divine.

Ainsi, de grands bâtiments furent construits, ceux-là que l'on appelle églises, et tout une structure humaine fut mise en place pour vénérer Dieu, le seul et l'unique, et ses fidèles, aussi nombreux qu'on peut l'imaginer, priaient pour lui sans cesse. De ces prières naquit une force immense, ce celui à qui elles étaient destinée s'en emparait, et ce qui devait naturellement arriver arriva.

En effet, les hommes ne tardèrent pas à vouloir s'émanciper de Dieu, persuadés que ce dernier n'avait d'existence que dans leur esprit, et qu'en conséquence il n'y avait aucun intérêt à perdre son temps à le vénérer. Si tout cela se trouvait dans la vérité, alors certes on y aurait trouvé quelque chose que l'on pourrait appeler logique.

Mais quelle grave erreur ! Pour les punir de cette infidélité, cet être envoya la maladie décimer les populations, et condamna les récoltes à ne plus rien donner. Rapidement, tous les peuples humains, conscients de leur terrible erreur, prière à nouveau Dieu. Tous, sauf un.

Il existait en effet quelque part sur le continent de Lana un petit pays réputé pour ses magnifiques bâtiments, un pays d'une grande richesse et d'une grande fierté, et ce peuple refusa de se soumettre à un si cruel bourreau.

Alors, il pactisa avec les Ames sombres afin d'échapper à la malédiction, en échange de quoi ils devaient sacrifier les leurs. Chaque année, de nombreuses personnes étaient choisies pour mourir pour le bien du peuple, et rapidement, les bâtiments, la terre et même le ciel au-dessus du royaume se teinta du rouge que vomissaient les plaies béantes des sacrifiés.

Mais pouvait-on leur en vouloir d'accomplir ces sacrifices ? Les femmes portaient à nouveau la vie en elles, le blé nourrissait comme auparavant la population, et les plus fidèles au culte devinrent rapidement les plus puissants. Ce peuple ne connaissait plus la défaite, et bientôt, nul ne pouvait plus le vaincre.

Hélas, une toute autre malédiction les prenait à la gorge, car à chaque nouvelle génération, ces hommes se transformaient un peu plus en un genre de créature terrifiante, conséquence de leurs actes, de leur cruauté, et ils portaient sur eux leur vice. Cela déplût à Dieu, bien naturellement. Il exécrait ce qu'il considérait comme une erreur ignoble, et le peuple des sombres – car tel était son nom- ne tardait pas à subir sa redoutable colère.

En une seule nuit, le sol s'ouvrit en deux, le ciel cracha des éclairs si nombreux que tout semblait briller sans jamais s'arrêter, et la terre elle-même engloutit le royaume, emportant avec presque tous ses habitants. Certains survécurent comme l'on peut s'en douter, et ils s'exilèrent loin de ce lieu de malheur, perpétrant cette nouvelle sorte d'hommes.

Aujourd'hui, il existe un village bâtit sur les ruines de ce royaume, et nous irons en ce lieu lorsque j'aurai avec moi le relevé que j'attends tant. Ici, nous trouverons sans l'ombre d'un doute le moyen d'accomplir le destin de ce pauvre homme sans trop de difficultés, et tout ira alors pour le mieux pour notre avenir, du moins le sien. Cela doit être ainsi, et j'ai foi en ce que j'écris en cette heure.